Chapitre 19.

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Il faisait beau et incroyablement bon. Je retirai ma veste en jean pour enfiler ma blouse à regret. J'aurais voulu fuir le travail, rester au soleil à mettre ma vie sur pause.

Je saluai les deux internes que je croisai dans la salle de repas, amusé de leur mine peu rassurée. Brahim ne m'avait pas fait appeler la veille, et je n'avais pu m'empêcher d'y penser. J'étais passé dans sa chambre, inquiet, peut-être aussi un peu pour savoir pourquoi il restait silencieux. Je l'avais trouvé endormi, sur le côté, le visage calme et ses cheveux courts en couronne autour de lui. Je ne voulais pas reconnaître l'effet que cette vision avait eu sur moi. Je refusais de l'accepter.

Ce matin-là, sa porte était bien ouverte, je pouvais le voir depuis le couloir. Je ne pus m'empêcher de sourire en entrant dans la pièce. La fenêtre supérieure, à laquelle on n'avait pas accès sans monter sur quelque chose, avait été ouverte. Il portait le pantalon de jogging que je lui avais vu la première fois, noir, moins large que les autres. Je ne dis rien, mais il ne manquait pas de suivre mon regard, souriant.

"Je n'ai pas eu de massage hier.

_ Je suis venu.

_ C'est faux ! S'indigna-t-il.

_ Doucement mon beau, range les crocs !"

Il s'était redressé si brusquement que j'eus peur qu'il puisse s'être fait mal.

"Tu dormais, repris-je. Alors je suis parti.

_ Oh. Tu aurais dû me réveiller.

_ Non, le sommeil est important pour toi ; si tu dormais c'est que tu en avais besoin. Et regarde, je suis revenu aujourd'hui."

Je l'aidai à s'asseoir sur le lit sans qu'i ne dise rien, bien droit. Ses mains frottaient ses cuisses, je savais qu'il stressait.

"Je sais, dit-il soudain. Tu m'as prévenu, et j'ai eu le temps de réfléchir.

_ Bien.

_ Je vais prendre sur moi, autant que je le peux.

_Bien.

_ Je peux garder mon caleçon ?"

Je laissai échapper un flacon d'huile qui rebondit sur le bord du lit jusqu'à rouler au sol. Je me penchai pour le ramasser.

"Quel genre de massage tu penses que je fais, Brahim ?! Bien sûr que tu gardes ton caleçon !

_ Il faut bien que j'enlève mon jogging !

_ Il y a une différence entre les deux quand même ; je dois avoir accès à ta peau, rien d'autre !"

Sans un mot de plus, il baissa le vêtement jusqu'à la limite que ses bras pouvaient atteindre, au-dessus de ses genoux.

"Il me faut de l'aide."

Je pliai sa jambe droite, ainsi, il pouvait atteindre sa cheville et retirer le pantalon, je fis de même de l'autre jambe. Il jeta le vêtement sur le fauteuil à côté du lit.

"Trouve des méthodes, et tu pourras le faire. Fais travailler tes jambes, bientôt elles te répondront. La tête avant les jambes.

_ Ah, tiens, une citation à la con, ça faisait longtemps."

Je tentai de détourner mon attention de ses longues jambes nues sur le lit, sa peau de caramel, les poils à peine plus épais que du duvet qui les recouvraient. Je m'interdis de remonter mon regard trop haut, mais je savais bien, quelque part au fond de moi, que je n'y aurais jamais pensé pour d'autres patients.

Il poussa un soupir à fendre l'âme, je me tournai vers son visage crispé.

"Ferme les yeux si tu veux ; je ne vais faire que ce qui est utile de faire pour faire travailler tes jambes, rien de déplacé. Pense à autre chose.

Blouse blanche [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant