Chapitre 30

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Attention à la partie précédente qui vient d'être publiée

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Il marchait de toute évidence de mieux en mieux et de jours en jours. Je parti en week-end le vendredi soir l'esprit plus léger de le savoir sur une bonne voie. Romain avait à son tour constaté ses progrès qu'il avait trouvé encourageants, plus objectif de moins.

J'avais renoncé à lui parler de mes projets, des réponses positives que pourtant j'avais autour de moi. Toutes les personnes que j'avais contacté m'avaient encouragé dans le sens de mes envies, mais elles aussi, n'étaient pas objectives. Néanmoins j'avais envie d'y croire, envie de croire que je ne rêvais pas dans le vide, que je n'étais pas fou. Que je n'étais plus ce gamin fougueux qui s'engageait sur des coups de tête dans des projets rocambolesques. Finalement, c'était peut-être ça. Peut-être ne faisais-je ça que sur un coup de tête, mais alors au moins l'aurais-je fait et je le regretterai plus tard.

Comme tous les soirs, je passais par sa chambre, prenant des risques que j'assumai. Il n'était pas encore dix-huit heures trente mais comme tout vendredi soir, les couloirs étaient plus calmes dans les étages. Les collègues du soir avaient pris place, commençant leur garde dans la salle de repos avant que la nuit ne commence.

Sa porte ouverte, j'entrai après avoir tapé mes deux coups habituels. Mais il ne m'accueillit pas de son habituel sourire qui me réchauffait le cœur sans que je n'essaie plus de lutter contre. Mais son visage restait fermé, ses lèvres pincées, ses bras croisés sur son torse. Un poids tomba dans ma gorge qui se sécha.

"Qu'est-ce qu'il se passe ?"

Il désigna l'habituel plateau repas qui lui avait été déposé. Mais au milieu de son assiette, trônait une tranche de jambon cuit, dans une flaque de sauce brune qui paraissait faire flotter aussi la purée. Je serrai les dents, m'assurant que je voyais bien en m'approchant. Il souffla, de toutes ses forces pour attirer mon attention.

"Avant que tu ne le demandes, grinça-t-il, j'ai demandé à changer d'assiette. Ton collègue m'a dit qu'il avait fini sa journée et que je m'en contenterai.

_ Quel collègue ?

_ Un connard de mes couilles."

J'aurais souris en temps normal, mais je ne parvenais pas à avaler l'information qu'il me donnait du bout des lèvres. Je mordais les miennes. Il était exclu qu'il s'agisse de Medhi, or les hommes en blouse ne courraient pas les rangs. Je posai le plateau sur mon avant-bras sans même desserrer mon poing, posai sur lui le regard que je souhaitais le plus doux possible. Il ne leva pas les yeux vers moi, son visage tendu par une moue de frustration, de colère que je ne pouvais que comprendre. Même si j'avais voulu me pencher, embrasser son front ou encore caresser ses boucles brunes, je savais que ce n'était pas le moment.

Le plateau s'éclata sur la table, envoyant des gouttes de sauce partout à la surface. Toutes les têtes se tournèrent vers moi, intriguées d'être si soudainement interrompues dans leur conversation. Mais au milieu de toutes ces têtes, je n'en cherchais qu'une que je trouvais, assise, l'air tranquille de celui qui se sait coupable mais se pense intouchable.

"Tu te trouves drôle ?

_ Ca va ! Argua-t-il. C'était qu'une blague. Il a pas d'humour ?

_ Une.. Blague ? Et depuis quand tu livres les repas toi ?"

Jérémy me lorgnait de cet air goguenard qui me donnait l'irrépressible envie de frapper son visage de toutes mes forces. Sophie et Medhi me fixaient, je sentais leur regard dardé sur moi, dans l'attente de me voir faire une connerie. D'autres faisaient de même, mais se réjouissaient de me voir enfin franchir la barre du geste de trop dont ils seraient tous les témoins.

Blouse blanche [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant