Chapitre 40

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Je traversai les couloirs la tête haute, l'ombre d'un sourire en souvenir de ma douche du matin, encore flottant sur mes lèvres. J'étais heureux. J'étais fier. Je regardai fixement, toutes les personnes qui me croisaient en longeant les murs. J'aurais voulu qu'elles se tournent vers moi, et qu'elles me voient sourire. Qu'elles voient comme je n'avais rien à foutre de leur jugement sur ma vie, comme je pensais que la leur devait être bien triste pour passer autant de temps à débattre sur l'intimité des autres.

Brahim n'était plus mon patient, il n'était plus un patient du tout, plus personne n'avait rien à dire alors, il était devenu mon intimité que je pouvais protéger.


Comme un lundi matin, je trouvais Sophie en salle du personnel, devant son habituel thé, ses jambes étendues devant elle. Elle me sourit, las, mais s'amusa de mon sourire d'imbécile heureux.

"Ton week-end a été bon ?

_ Parfait."

J'y repensais encore sans vraiment y croire. Je l'avais laissé ce matin avec un pincement au cœur, mais il s'était finalement rendormi sur le canapé après m'avoir assuré qu'il n'était plus fatigué et qu'il allait commencer sa journée.

"Tout s'est bien passé avec lui alors ? Le changement de chambre a eu lieu dans de bonnes conditions ?"

Je pouffai en détournant les yeux, le cœur parti dans une chamade à sa simple évocation.

"Je suis contente pour toi, reprit-elle. Je ne le connais pas, mais, je sais que toi ça te fait du bien. Ça se voit."

Je me contentai de poser ma main sur son épaule, parce que je ne savais pas y faire avec la gentillesse, toujours mal à l'aise quand quelqu'un se montrait encourageant. Je me dirigeai vers le fond de la pièce et les vestiaires quand elle m'interpella. Elle se levait de sa chaise, la remettant en place contre la table, prête à reprendre du service.

"Méfie-toi quand même, Dieg. L'histoire a fait le tour du service et certains se montrent... Eh bien, se montrent déjà, et puis en disent long sur toi.

_ Merci pour l'avertissement, mais qu'ils disent ce qu'ils veulent, je m'en fous. Dans deux semaines, je ne serai plus là, et ils auront trouvé une autre histoire à se mettre sous la dent pour en parler à la machine à café. Si ma vie les passionne tant, qu'ils en parlent."

Ma bonne humeur ne redescendit pas de la journée. Les regards, messes basses, les rires, les gens qui s'écartaient de moi, rien ne put m'atteindre. Je souris à tout le monde, désinvolte, arrogant, petit con heureux que j'étais. Finalement, on me laissa plutôt tranquille, puisqu'on ne vint rien me dire en face.


Je traversais ma journée de travail sur un nuage, finissant plus tôt que d'habitude, travaillant sur la clôture de mes dossiers dans mon bureau. On toqua à la porte et un :

_ Salut Dieg'.

Me fit relever la tête. Je saluai Medhi, l'invitai à entrer dans l'espace réduit où il ne pouvait s'asseoir que sur l'un des coins du bureau.

"Tu as survécu à la journée ? Me demanda-t-il de son habituelle bonhomie.

_ Comme tu le vois !

_ Brahim va bien ?

_ Mieux qu'ici en tous cas. Il est tellement courageux pour tout."

Medhi me lorgna un instant, le regard vague, avant de s'éclaircir la gorge.

"Ecoute, Diego, je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas, mais je m'en voudrais si je ne t'en parlais pas. Et puis je pense à Brahim.

Blouse blanche [BxB]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant