Lettre d'un soldat (défi cours)

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A Verdun
Le 21  novembre 1916

Madame Giselle Cholet
2 Maguelo, Bréhand

  Ma chère sœur, 
J'ai bien reçu ta lettre de la semaine passée. Elle m'a offert un petit moment de bonheur.
Enfin, assez parlé de moi : Comment vas-tu ? Et mes neveux ? J'espère que ton mari va bien lui aussi. Ainsi que nos parents ?
  De mon côté, tout va mal. A l'heure à laquelle je t'écris, il fait nuit, je dois m'éclairer avec une lampe. Mais, elle ne doit pas faire trop de lumière. J'en ai l'interdiction. Sinon, les boches pourraient nous tirer dessus.
 Cette nuit, il fait si froid. Quand on ne fait que sortir, le froid ne fait que nous chatouiller. Mais je t'assure que quand on doit veiller, il fait si froid. Si froid que nous dansons. Nous sautillons d'un pied sur l'autre pour nous réchauffer. C'est notre seul moyen. Nos manteaux sont froids. Si froids ! Et la tranchée si froide. Pour nous réchauffer, on doit bouger. Donc, on danse, comme je le disais avant.

Tout à l'heure, des soldats sont partis en reconnaissance. J'espère qu'ils reviendront. Mais rien n'est moins sûr, ils vont nous attaquer. On a une attaque prévue demain. Donc, j'en suis sûr.
  Dis moi frangine, as-tu peur de mourir ? Parce que moi oui, tous les jours, je me demande si je vais survivre. De quoi je vais mourir ? De froid ? De faim ? Je serai peut-être un des cadavres sans nom de cette guerre. Personne n'en sait rien, et personne n'en parle. Personne ne parle à cette heure-ci. Tout est calme. On entend que le bruit des pieds des autres soldats qui dansent pour se réchauffer. On fait tous ça.

Depuis tout à l'heure, j'entends la respiration de quelques camarades. On croirait entendre des mourants. Mais il fait tellement froid que ça ne m'étonnerait pas que certains soient réellement malades.

J'ai du mal à t'écrire tellement mes doigts sont froids. Eux ne peuvent pas danser, tout ce qui les réchauffe, c'est mon souffle.

Je me demande quel sera le communiqué du journal de demain. Si les gens du village seraient fiers de moi ou des autres.
  D'ailleurs, comment vont-ils eux aussi ? Combien de personnes du villages sont maintenant portées disparues. J'aimerai tellement rentrer... Ne plus avoir à danser pour me réchauffer... Juste avoir à aller près du feu. J'en rêve dès que je dors. Quand je dors, je repense à ma vie, avant cette foutue guerre, je rêve de rentrer. Mais comme je ne rêve pas souvent, j'oublie peu à peu à quoi tu ressembles et à quoi mon chez moi ressemble. Je n'ai pas dormi depuis très tôt ce matin. Et là, je dois veiller. C'est encore plus dur que les champs. Je ne souhaite ça à personne. Mais heureusement, t'écrire me tient éveillé.

Au revoir, ton frère soldat, Rolland.

Depuis quand j'écris des trucs aussi tristes moi ? Nan mais sérieux ? 

Pfiou... Ca m'a fait faire un retour en début de troisième, c'était magique. Bref, une lettre bien triste sur la première guerre mondiale. J'espère que ca vous a plu *tousse* même si c'est super triste quand même ! *tousse*

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