Chapitre 1 : en cellule

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Je me réveille. Je ne sais pas où je suis. Le monde autour de moi est étrange, bizarre, surprenant. Je ne me rappelle plus où je suis ni qui je suis. On a conduit mon corps endormi jusqu'ici, mais quel est cet ici ? Ça, c'est une vraie énigme. Je dois la résoudre. Je ne peux pas faire autrement. Je déteste les mystères irrésolus.

J'ai l'impression d'être en prison. Clairement, mon environnement me rappelle une geôle. Je ne sais pas si j'ai déjà été en détention, mais ma situation présente semble y ressembler. Pour être honnête, ma mémoire me fait défaut sur de nombreux points. Je me pose les questions existentielles, mais d'un point de vue pratique et non philosophique : d'où je viens ? Où vais-je ? Mais la plus grande d'entre toute : qui suis-je ? Je ne me rappelle même pas mon prénom. Comment c'est possible ? Notre prénom est important, il nous définit, il nous caractérise. Comment est-ce possible que je l'oubli ? C'est dramatique !

J'ouvre les yeux. Il faut que je regarde autour de moi pour comprendre. Peut-être qu'en mettant des mots sur les faits, ma mémoire me reviendra. Je n'ai pas d'autre choix, je dois tenter cette chance. Elle en vaut bien une autre.

Je regarde autour de moi. Mon monde immédiat est particulièrement étroit. Il s'agit d'une cellule, une cage de pierre, une geôle autant pour mon corps que pour mon âme. On ne se contente pas de m'enfermer physiquement. J'ai l'impression qu'on m'enferme ici depuis un moment. Quand je touche mon corps, il n'est clairement pas en forme. Est-ce que je manque de nourriture ? Est-ce qu'on limite mon alimentation depuis un moment ? Ça serait cruel mais c'est une probabilité.

Je souris. Je me révolte déjà. Est-ce ainsi qu'on pourrait me qualifier ? Rebelle ? Est-ce la cause de mon enfermement ? Je dois en avoir le cœur net. Je dois chercher des réponses et me sortir de ce trou glauque. Je suis en confinement, en isolement. La solitude me pèse déjà.

Je me lève, à tâtons, car il fait particulièrement sombre dans cette cellule. Je regarde partout. Aucune fenêtre ne fait venir à moi la lumière du jour. Je pourrais tout aussi bien être sous terre, ça serait pareil.

Je pose mes mains sur les murs étroits et resserrés. La pierre est humide, presque ruisselante. Je perçois même de la mousse, du lichen, dans les anfractuosités de la roche. Aucune vibration. Est-ce bon signe ? Je ne sais pas.

Je tends l'oreille, je la pose même contre la pierre. Je ne perçois rien à l'extérieur. Aucun bruit. Aucun son. Pas le moindre écho. Dans ma cellule étroite, il y a une porte massive en bois. Je pose mon oreille contre elle mais je n'entends rien de plus. Les planches sont trop probablement épaisses. Tout est fait pour m'isoler totalement du monde. Je ne sais pas si j'ai déjà connu un confinement de cette puissance, mais en tout cas, ma situation n'est pas bien engagée.

J'inspire profondément, à la fois pour apaiser mon esprit déjà en ébullition, sur le point de se révolter contre cet enfermement injuste à mon goût, mais aussi pour tenter de capter des odeurs, des senteurs, la moindre fumerolle à même d'atteindre mes narines.

En dehors de l'humidité ambiante et particulièrement prononcée, je ne détecte rien. Cette humidité est tellement prenante qu'elle rend l'air lourd et oppressant. J'aurais presque du mal à respirer si je n'étais pas jeune et en bonne santé, malgré la dénutrition dont je souffre.

Que me veut-on ? Je n'ai certainement rien fait pour mériter ça ! Même si je ne me souviens de rien, je pense connaître mon âme, je ne suis pas du genre à commettre des crimes ! Ou en tout cas, pas pour de mauvaises raisons !

J'enrage. Même si mes souvenirs me font défaut, je sais ne pas pouvoir supporter un tel emprisonnement. Je sais faire partie de ces gens faits pour la liberté. Rien ni personne ne m'en fera douter.

Je frappe alors les murs du plat des mains. Mes paumes claquent mais le bruit ne porte pas. C'est inutile, j'use mes forces en vain. Je reviens alors vers la porte et je tambourine de toutes mes forces. Mes poings heurtent le bois et font résonner un écho de l'autre côté. Puis, je cris ma colère.

— Laissez-moi sortir d'ici ! Je n'ai rien fait ! Je ne mérite pas ça ! Rendez-moi ma liberté !

Quelques secondes plus tard, j'entends le son distinct d'une grosse clé insérée et tournée dans la serrure de ma porte de prison. Quelqu'un vient me voir, on me rend visite. Est-ce que je vais passer un sale quart d'heure ?

La porte s'ouvre dans un grincement. Je vais le savoir tout de suite.


A suivre dans le Chapitre 2 : les geôliers

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