Au cours de la nuit suivante, nous n'avons pas beaucoup dormi. Nous réfléchissions plutôt à une solution pour nous évader. Une nouvelle fois, nous voulions quitter une prison. Depuis mon réveil à fond de cale, j'ai l'impression de passer mon temps à chercher un moyen de m'échapper.
Notre timonier – J – a une idée très simple. J sait ce dont nous avons besoin et formule clairement nos objectifs, même si personne n'en doute.
— Il faut nous échapper.
Je rigole en sourdine.
— Oui, on s'en serait douté.
— Mais nous devons trouver une solution pour sortir d'ici.
— J, je suis d'accord avec toi, mais nous devons aussi penser à la suite.
— Chaque chose en son temps.
— Je ne suis pas d'accord, ce coup-ci. Il faut penser à l'endroit où nous fuirons. Sans plan, on va cavaler au hasard. Si on cavale au hasard, où finira par faire des erreurs et on se fera chopper.
— Mais comment aviser quand on ne sait pas ce qui nous attendra ? On ne connait même pas le navire en détails. Nous avons longtemps vécu enfermés. Tu connais mieux le REM, Alex ?
Je grimace.
— Je ne sais pas.
— Tu ne sais pas ?
— Non, j'ai perdu la mémoire et je ne l'ai pas encore retrouvée. Je ne me souviens de rien au-delà de mon réveil en prison, il y a quelques jours de cela. C'est terrible comme sensation.
— Tu es la personne la plus à même de détenir des souvenirs. Il faut que tu te souviennes.
— Impossible. J'ai tout essayé, ça ne donne rien. Rien ne revient. On a peut-être effacé ma mémoire, je ne sais pas.
— Dans ce cas, tu ne sais pas quelle personne tu étais auparavant ?
— Non, en effet. J'étais peut-être une ordure. Je faisais peut-être parti des Armateurs. L'enfant de l'un des dirigeants. Je n'en sais vraiment rien.
J pouffe de rire.
— Si tu étais un enfant des Armateurs, Edouard et Emmanuel auraient procédé à ton identification. Tu ne serais plus parmi nous. Tu serais parmi eux, dans leur environnement privilégié.
Depuis le début, je ne me suis pas posé beaucoup de question à mon sujet, mais c'est vrai, mon identité est une question importante. Elle m'aiderait à me définir. Je suis alors mélancolique.
— Quelque part, ça me gêne de ne pas savoir qui je suis vraiment.
Camille s'approche et me sert dans ses bras.
— J'aime la personne que tu es. Il n'est peut-être pas très utile que tu redeviennes la personne que tu étais auparavant ?
Je souris tristement.
— Tout ça, ça fait beaucoup de peut-être... Dans l'immédiat, il faut sortir d'ici. Rien de bon ne résultera de cet enfermement dans cette cuve.
J ricane.
— Ils pourraient la remplir d'eau pour voir notre capacité à nager sur la longueur !
Je grimace.
— Personnellement, ça ne m'arrange pas. Je n'ai malheureusement pas les mêmes adaptations que vous.
Nous voyons F nous rejoindre. Son visage trahit une bonne nouvelle. Sur notre chalutier, F s'occupait de la surveillance en poupe. Ici, dès le départ, F a commencé à fouiller les limites de notre nouvelle prison.
— Je détiens une information pertinente. Il y a une grille d'évacuation dans un coin de la cuve, au fond, non loin d'un amoncellement de vase. Si nous pouvions arracher cette grille, elle nous permettrait de nous échapper.
Sans faire de bruit afinde ne pas attirer l'attention de nos surveillants, nous rejoignons le sitementionné. Là, effectivement, une grille bloque un chemin assez large pourlaisser passer un individu. Il suffirait d'arracher cette grille et nouspourrions nous faufiler. C'est sûr, ça va nous faire bizarre, un confinement dans ce conduit. Mais,comment procéder ?
A suivre dans le chapitre 38 : le réservoir.
VOUS LISEZ
Les Confinés
Teen FictionEn cette période de confinement, n'oublions pas que la situation pourrait être pire. Cette histoire visera à nous le rappeler sur le ton de l'humour et de la légèreté, à travers un récit haut en couleurs destiné en premier lieu à un public adolescen...