Les Confinés

Chapitre 46 : la légende

Certains d'entre nous restent dans cette résidence présidentielle pendant que le reste du groupe se dirige vers le laboratoire à quelques étages sous le Solarium. Notre prisonnier a été très coopératif. Il nous a indiqué le chemin à suivre avec précision.

Je mène le groupe. J'ai l'impression d'avoir une mémoire efficace car j'ai mémorisé directement et intégralement ses indications. Un comble pour une personne amnésique !

Nous finissons par atteindre la laboratoire secret du docteur Do Nal Treum. Le bonhomme vit une autre forme de confinement, enfermé dans son sanctuaire sans pouvoir en sortir. Il n'y a aucun garde mais sa porte ne s'ouvre que de l'extérieur. L'un de nous reste donc de garde à l'entrée.

Puis nous fouillons les lieux. Ils ne sont guère étendus et ne ressemblent pas au laboratoire des horreurs du docteur Raoul. Nous réveillons brutalement Do Nal Treum, le ligotons puis l'interrogeons. Il est effrayé et se laisse faire.

— Que voulez-vous ?

Je lui répète notre demande. Je le vois alors s'effondrer et livrer le contenu de son cœur. Apparemment, il est épuisé et finit par céder. Cet homme est brisé.

— En effet, nous avons provoqué la mutation. Nous avons mis des animaux en contact avec des humains et mélangé tout ça. La nature a donc été forcée. Ça partait pourtant d'un bon sentiment !

Camille n'en croit pas ses oreilles.

— Un bon sentiment ? Nous avons tellement souffert par la suite !

Camille le gifle puis je pose une main apaisante sur son bras pour pouvoir écouter la suite. Do Nal Treum poursuit son exposé.

— Le monde a changé. Il n'y a plus de terres émergées. Quand les navires ont été construits après la mondialisation et le réchauffement climatique, nos ancêtres voulaient un lieu de vie au sec pour les générations suivantes. Depuis, les derniers lopins de terre ont disparu sous les eaux. Alors, nous avons pensé à adapter les humains. C'était une intention noble.

— Alors, pourquoi tout à si mal fini ?

— L'ampleur de la mutation n'a pas pu être contrôlée. Nous ne pouvions même pas muter tout le monde avec 100% de chance de réussite. La moitié des cobayes mourraient. C'était l'hécatombe ! Le projet a été abandonné, car inenvisageable sur le long terme. Nous ne pouvions pas décimer la moitié des habitants du monde. Ensuite, pour éviter que l'épidémie de mutation ne se répande, les Armateurs sont tombés d'accord sur un confinement généralisé et perpétuel. Nous devions préserver l'humanité !

— Alors, ce n'est que ça ? Une mutation incontrôlable qui tue une bonne partie des infectés ?

— Non. Il y a autre chose, qui ne plaisait pas aux Armateurs. Les mutants développaient un don : la capacité à détecter la proximité de la terre, même à peine immergée. Il leur suffisait de se concentrer et d'écouter leur instinct. Les Armateurs ont alors décidé de mettre à profit ce pouvoir pour localiser l'île promise.

Je fronce les sourcils.

— L'île promise ? Qu'est-ce que c'est que ça ?

— La légende de la dernière île sur Terre. Un lieu paradisiaque où seuls les élus pourraient se rendre. Ce mythe a été établi par un mutant capturé qui en serait revenu. On l'a appelé Alpha. Malheureusement, il est mort sans nous dire où trouver cet endroit. Quant aux mutants, eux qui peuvent nous mener en écoutant leur instinct, tous refusent catégoriquement de nous guider. Nous sommes dans une impasse.

— Cette légende existe vraiment ?

— Oui. Vous pouvez vérifier dans ma bibliothèque. Toutes les données sont enregistrées, tous nos travaux, toutes nos recherches. Il n'y a pas longtemps, nous avons mis la main sur un groupe d'humains non mutés. Ils constitués l'équipage du navire d'Alpha. Une collaboration surprenante entre les deux races, un peu comme votre groupe, d'ailleurs.

— Où sont ces membres d'équipage non mutés ?

— Nous les avons capturés il y a quelques mois. Nous les avons interrogés, mais sans résultat. L'Organisation des Armateurs Unis a alors décidé de les répartir sur chaque île flottante pour les cuisiner. Vous êtes Alex, n'est-ce pas ?

Je sursaute. Cet homme semble me connaître.

— Oui, en effet,pourquoi ? Vous avez entendu parler de mes exploits sur le REM ?

Le vieil homme sourit.

— Non. J'ai reconnu votre visage. Je me disais bien que vous me rappeliez quelqu'un. Vous faisiez partie de l'équipage humain d'Alpha et l'OAU a confié votre personne aux Armateurs du REM. Vous ne vous souvenez de rien ?

— Non. Je suis amnésique.

— Alors, dans la violence de l'interrogatoire visant à vous forcer à parler, ils ont détruit vos souvenirs. Dommage. Vous ne retrouverez jamais cette île promise.

Il se trompe. Si les mutants peuvent écouter leurs sens pour s'y rendre, ils nous restent une chance.

Des membres de notre groupe reviennent justement de la bibliothèque de Do nal Treum et confirment ses dires. La légende existe bien. Nous décidons alors de localiser cette île et de nous y rendre. Cependant, un évènement dramatique survient et met en péril nos beaux projets. Nous entendons distinctement un coup de canon et le AIR-PET-CET s'agite de tremblements terribles...

A suivre dans le chapitre 47 : une nouvelle menace.