Chapitre 22 : un peu d'audace

9 0 0
                                    

Je me penche vers le hublot et constate une sorte de loquet. On peut l'ouvrir. Je vais pouvoir m'échapper par ici.

— Cher patrouilleur, je vais devoir te laisser.

J'ouvre le hublot assez large pour laisser passer une personne même de corpulence importante. Pour moi, ça suffira amplement.

— Que vas-tu faire Alex ?

— Je vais sortir par là et escalader la coque. Je mettrais ma main à couper qu'il n'y a aucune caméra sur la coque, à cette hauteur.

Il hausse les épaules.

— Le plus dur ne sera pas de ne pas se faire remarquer, mais plutôt de survivre. As-tu des compétentes en escalade ?

Je n'en sais rien et je m'en fiche. Je veux tenter le coup. Au pire, je rebrousserai chemin.

— On verra bien.

— Dans le fond, la chute sera comme une délivrance. A cette altitude, heurter l'eau revient à frapper du béton. Tu ne sentiras rien et on pourra rentrer chez nous, l'esprit léger.

Le choc de la phrase me frappe de plein fouet.

— Ma mort allégera vos esprits ?

— On va surtout pouvoir reprendre notre routine bien confortable. Les Armateurs veilleront à ce qu'on t'oublie. Tu ne seras même pas une mention dans les enseignements du livre de bord.

Soudain, on frappe à la porte.

— Il y a quelqu'un ? Sortez ! On a besoin de tout le monde pour la traque !

Mon otage se met à hurler.

— Alex est ici ! Aidez-moi !

Je recule mon pied pour bloquer la porte et ferme le loquet. Puis, je frappe mon prisonnier à la tempe, avec la matraque électrique. Je voulais le faire taire. Mon action a pour effet de l'assommer, agité de spasmes frénétiques.

Je considère l'arme du patrouilleur. Cette matraque est particulièrement efficace. Je ne dois pas l'abandonner.

Derrière la porte, je perçois des jurons. Puis, on tente d'enfoncer le battant. Il ne tiendra pas longtemps, déjà le verrou quitte légèrement son logement, les accroches tordues. Je dois sortir de là.

Je grimpe sur la cuvette sans faire attention à mon otage assommé. Je ne m'occupe pas de lui. Il restera enfermé ici jusqu'à sa libération par ses collègues, en confinement dans sa tête. Le trait d'humour me fait sourire. Il faut bien voir le bon côté des choses.

Puis, je m'engouffre par l'ouverture et m'arcboute pour sortir. Le vent du large me caresse le visage et j'apprécie. La nuit va tomber, je le vois sur l'horizon, et je compte bien en profiter. Je serai moins facile à remarquer si je me déplace dans la pénombre, d'autant plus que le Soleil se couche de l'autre côté du navire.

Je finis par me retrouver totalement à l'extérieur, debout en équilibre sur une margelle de fer, comme s'il s'agissait d'un balcon. Je regarde autour de moi. Si je fais attention, je peux me déplacer comme ça, par petits pas latéraux, jusqu'à d'autres hublots que je pourrais escalader pour changer de pont ou briser pour rentrer dans le navire.

Mon regard se porte ensuite en contrebas. Le vide est incroyable, mais comme je l'avais déjà constaté, je ne souffre pas de vertige. L'eau se situe à plusieurs dizaines de mètres plus bas. Effectivement, une chute de cette hauteur n'a rien à voir avec le haut plongeoir d'une piscine. Elle briserait tous mes os et me tuerait sur le coup.

Je regard de chaque côté, au loin. Le navire est tellement immense que j'ai du mal à l'appréhender dans toute son envergure. En plus, il n'est pas bâti sur la longueur, mais semble plutôt circulaire. La ligne d'horizon verticale arrive vite depuis ma position mais les vagues dans l'eau laissent un soupçon quant à son ampleur. Le REM est un mastodonte des mers, une île se mouvant sur les eaux.

Je dresse ensuite la tête vers le ciel. Je veux voir de mes yeux les hauteurs du REM. La réalité dépasse mon imagination débordante. Il y a encore de nombreux ponts au-dessus de moi, des dizaines probablement. Le flanc du REM dessine comme un immeuble incroyable, une succession de tours élevées en plein milieu de l'océan. Si seulement je pouvais mettre la main sur un plan ou une maquette du navire, je pourrais comprendre sa structure et chercher ma destination. Je compte bien rejoindre les Armateurs et m'expliquer avec eux. Je dois trouver leur Solarium.

Soudain, on me tire dema rêverie. Des balles crépitent non loin de moi, je les entends siffler à mesoreilles. Par le hublot dont je me suis extrais du navire, des visages depatrouilleurs me fixent avec rage et tendent leurs revolvers dans ma direction.Il n'est plus question de me capturer. Ils veulent seulement m'abattre et medonner à manger aux poissons.


A suivre dans le chapitre : l'escalade de tous les dangers.

Les ConfinésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant