Le temps m'est compté avant que le surveillant me saisisse par le col. Je ne veux pas retourner en prison, ni mourir dans l'Aquarium. Mon instinct de survie me motive plus que jamais.
Trois choix s'offrent à moi, mais tous n'ont pas le même résultat de réussite. Choix numéro un : la porte principale avec la herse. Zéro pour cent de chance de la franchir. Je barre cette hypothèse de mes opportunités. Choix numéro deux : rebrousser chemin pour trouver une autre sortie. Des gardes venus des prisons sont sur mes traces. Cinquante pour cent de chance de faire une mauvaise rencontre. Chance très faible de dénicher une sortie. Je raye aussi cette possibilité.
Il ne m'en reste qu'une. Je regarde autour de moi et je remarque une porte de maintenance où est affichée une restriction d'accès. Le passage est autorisé uniquement pour le personnel habilité à la maintenance. J'évalue cette opportunité : cinquante pour cent de chance de finir dans un cul-de-sac, mais je ne risque pas d'y croiser qui que ce soit. Cette porte constitue donc la meilleure solution. Je n'ai pas le choix. Soit je passe par là, soit je me fais prendre. Je tente ma chance.
Pendant que le surveillant contourne le comptoir, je franchis cet accès. Rouillé, le battant grince sur ses gonds avant de se claquer derrière moi. De l'autre côté, je presse un interrupteur. La lumière envahit un petit local technique dont la seule issue consiste en une trappe. Je force son ouverture et contemple un conduit étroit mais praticable. Il s'agit d'une gaine de maintenance.
Vais-je pouvoir me faufiler par là et survivre mentalement à ce confinement d'un genre nouveau ? Je ne sais pas si je suis claustrophobe mais j'ai un peu peur de le découvrir sur le tas. Si je souffre de cette psychose, je n'aurais aucun moyen de m'en sortir. Je paniquerai dans mon trou, dans ce tunnel étroit, sans possibilité de salut.
Pourtant, le surveillant ne va pas tarder à me rejoindre. Il me semble ne pas avoir le choix. Je dois faire preuve de courage et croiser les doigts dans l'espoir de réussir haut la main.
J'entre alors dans le conduit et referme derrière moi. L'espace est réduit mais je ne suis pas très large et je parviens aisément à me faufiler. Je ne souffre pas de claustrophobie. Je rampe avec méthode, centimètre après centimètre. Je tire avec mes coudes, je pousse avec mes genoux. La conduite est plutôt lisse. Des câbles sont suspendus au plafond et pendent le long des cloisons, mais je ne les touche pas. Je ne vois aucune étincelle menaçante. Apparemment, ces câbles sont recouverts d'une couche d'isolation. Je ne risque pas de griller dans ce trou à rats.
Je poursuis mon chemin. Les sons de la prison sont étouffés avec la distance et la promiscuité. Derrière moi, j'entends le surveillant se questionner. Il ne comprend pas où j'ai pu disparaître. Je sais que d'autres gardes vont arriver et fouiller plus attentivement. L'un d'eux finira par découvrir la planque. Je fais bien de m'éloigner le plus possible.
La gaine de maintenance réalise un coude sur la droite. Je le suis. Plus loin, j'atteins un croisement. Toutes les directions semblent se valoir. Rien ne les différencie les unes des autres. Je dois choisir un sens à suivre. La droite me ramènerait trop près des geôles à mon goût. Devant offre l'avantage de ne pas avoir à me contorsionner pour poursuivre. En parallèle, la gauche attira mon attention avec des bruits de machineries. C'est suffisamment surprenant pour être intéressant. En tout cas, ça ne ressemble pas à une prison. Je vais tenter ma chance dans cette direction.
Je me faufile dans le nouveau conduit et poursuis mon rampement. Je sens que je vais atteindre la sortie. Cette gaine ne peut pas s'éterniser sur des kilomètres. Finalement, j'obtiens ma récompense. Je finis par atteindre l'extrémité. Les bruits de machines se font plus forts. J'ai approché de leur position.
Un cache bloque ma progression, mais cette fois encore, je le pousse et le retire de son logement. Je m'extirpe de la gaine et pose les pieds dans un autre local technique. Dans mon dos, je repositionne la trappe. Inutile de laisser des traces de mon passage. Comme ça, on ne connaîtra pas mon itinéraire de fuite.
Je soupire de soulagement. J'ai l'impression de bénéficier d'un répit bienvenu. Dans l'immédiat, on ne me pourchasse pas, mais je dois continuer.
Je franchis la porte et quitte le local. Ici, je ne suis plus dans la prison. Un bruit important m'assaillit aussitôt. J'ai l'impression d'être dans le mécanisme d'un véhicule, d'une dimension hors norme. Des pistons gigantesques activent des turbines surdimensionnées. Des conduits énormes conduisent des fluides à travers cette grande salle haute sous plafond. Je remarque des appareils évaporateurs, des chaudières massives et divers autres dispositifs auxiliaires comme des groupes électrogènes. Le tout produit de l'énergie.
Ai-je suivi une formation de mécanique ? J'ai l'air de m'y connaître un peu, suffisamment en tout cas pour identifier quelques machines. Je vois même des consoles de contrôle aux touches nombreuses, mais elles ne m'évoquent rien. Mon expertise dans le domaine semble s'arrêter là.
Quelque chose attire mon attention. Je vois une minuscule fenêtre dans une cloison proche, sur le mur d'acier délimitant l'extrémité de cette immense salle des machines. Je m'approche. Je regarde au-dehors.
Je ne comprends pas ce que je vois !
A suivre dans le chapitre 8 : l'ouvrier zélé.

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Les Confinés
Novela JuvenilEn cette période de confinement, n'oublions pas que la situation pourrait être pire. Cette histoire visera à nous le rappeler sur le ton de l'humour et de la légèreté, à travers un récit haut en couleurs destiné en premier lieu à un public adolescen...