Le docteur Raoul pousse un interrupteur et la lumière inonde l'escalier. Il descend les escaliers avec prudence et je l'imite. Nous atteignons rapidement le sous-sol.
Ici, l'humidité de l'eau proche suinte sur les murs mal isolés. L'endroit aurait besoin de travaux de maintenance. Nous devons nous trouver sous le niveau de la marina car des gouttes tombent du plafond avant de couler dans des rigoles pour finir évacuer par des grilles. Je ne connais pas l'utilité première de ce lieu, mais je vais rapidement découvrir sa fonction actuelle.
En tout cas, cette humidité omniprésente doit bien satisfaire les prisonniers aux branchies.
Le docteur m'entraîne par un couloir. Nous atteignons immédiatement une grande allée centrale, longeant deux rangées de cages. Elles sont toutes remplies d'individus enfermés pour leurs différences.
Les conditions de détention sont atroces. Les cages devaient servir originellement à des animaux comme des singes ou des chèvres, car elles ne sont pas suffisamment hautes pour accueillir un humain debout. Ils sont obligés de rester accroupis. Je les vois.
Certains sont agenouillés, les bras autour des genoux, la tête entre les coudes, et ils se lamentent. D'autres sont allongés sur le ventre, la tête dans les mains et pleurnichent. La promiscuité est terrible. Quand les cages minuscules ne le sont pas trop pour enfermer un prisonnier seul, ils se retrouvent à plusieurs. Ils se blottissent les uns contre les autres. Ils n'ont pas de toilettes à disposition et doivent se débrouiller tous seuls.
— Alors, docteur Raoul, vous êtes fier de votre petit musée des horreurs ? Vous êtes ignoble. Vous êtes un monstre.
— Non ! C'est eux les monstres ! Ils n'ont que ce qu'ils méritent !
— Ils n'ont rien fait pour mériter ça ! Ils sont victimes de leurs mutations !
— On est toujours coupable de ce qui nous arrive.
J'exorbite les yeux. Je ne pense pas avoir déjà entendu une idiotie aussi énorme.
— Pour une histoire de saltimbanque, de ouistiti et d'axolotl ? Ça n'a aucun sens !
— Tout fait toujours sens en sciences.
Je remarque un bureau au fond de la pièce avec un tableau contre le mur. Il présente des dizaines de clés, clairement celles des cellules. Je punis alors le docteur.
— Dans ce cas, vous comprendrez être coupable de ce qui va vous arriver.
Je lève mon arme dans sa direction. Il prend peur. Impuissant, il lève les mains pour protéger son visage. Ainsi, il ne voit pas venir mon attaque. Je retourne l'arme et le frappe à la tempe. Il s'effondre, inanimé.
Les prisonniers ont entendu notre remue-ménage. Ils ont arrêté de pleuré et se massent près des portes de leurs cages. Ils m'observent en silence. Quand le docteur Raoul reste assommé par terre, ils tendent les mains et implorent mon aide.
— Aidez-nous !
— Sauvez-nous !
— Libérez-nous !
— Nous sommes innocents !
— Nous n'avons rien fait de mal pour finir ici !
— On sert de spécimens dans des expériences répugnantes !
— On n'est coupables de rien !
Je range mon arme et lève les mains vers eux afin de les apaiser.
— S'il vous plait, un peu de calme. Je sais tout ça. Je sors moi-même de prison. Je ne sais pas pourquoi j'y étais. J'ai subi quelque chose qui m'a fait perdre la mémoire. Je vous comprends donc très bien. Les injustices doivent cesser.
Ils se calment tous. Je me dirige vers le pupitre et je contemple les clés. Elles sont nombreuses, tout comme les cellules, et je ne connais pas la façon dont elles sont rangées. Je vais devoir toutes les essayer. Ça va prendre un peu de temps, mais le temps ne presse pas trop.
Je dois briser leur confinement. Je récupère une sorte de trousseau et y passent les clés. Puis, j'entreprends de libérer les prisonniers. Une demi-heure est nécessaire pour ouvrir toutes les cellules. Une fois cette mission accompli, je me tourne vers les détenus et regarde ce groupe hétéroclite. Ils sont de tous les âges, d'enfants à vieillards, mais aussi de toutes les couleurs de peau. Au moins, il n'y a pas eu de discrimination dans leur enfermement.
— Bon, que pouvez-vous me dire sur cet endroit ? Quelque chose pourrait nous servir dans notre fuite ?
On désigne un tiroir du bureau.
— Le docteur faisait des enregistrements de ses tests. Ils sont dans le tiroir. Il se servait du projecteur au coin pour les consulter.
Je me retourne et ouvrele tiroir. Il y a effectivement un support d'enregistrement disponible. Ilfonctionne avec le dispositif installé à un mètre de là. Je dois regarder lesrapports.
A suivre dans le chapitre 30 : les tests.
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Les Confinés
Teen FictionEn cette période de confinement, n'oublions pas que la situation pourrait être pire. Cette histoire visera à nous le rappeler sur le ton de l'humour et de la légèreté, à travers un récit haut en couleurs destiné en premier lieu à un public adolescen...