Je n'en crois pas mes yeux. J'ai devant moi le corps sans vie de Marine, la cheffe de la résistance. Il y a deux secondes, elle discutait avec moi. Une seconde plus tôt, nous subissions une attaque violente. Au présent, sa tête éclate dans une gerbe de sang et disparaît.
Un instant, je contemple le spectacle. Son cou ressemble à une fleur : éclose, colorée, offerte. Néanmoins le drame de la situation me ramène à la réalité et à son urgence vitale.
Un pointeur laser danse sur ma poitrine et monte vers ma tête. Quand je ne le verrai plus, je serai dans de beaux draps. Il me faut agir avant de finir comme Marine.
Déjà, les propriétaires des armes apparaissent. Un instant, je pense humoristiquement à des hommes en pyjamas, mais je me ravise très vite. Ils portent des combinaisons de plongée, comme celles que j'imagine vêtir les commandos. Clairement, ils ont été envoyés par les autorités : les Armateurs. Voilà une horreur de plus à mettre à leur actif.
Mon regard passe à nouveau sur Marine. Pauvre vieille femme. Elle a clairement agacé les personnes à ne pas irriter, mais de là à finir comme ça, la tête explosée dans une planque obscure par des commandos, sans procès, sans jugement, sans incarcération, sans même la chance d'explorer l'Aquarium, je trouve ça un peu extrême. A croire qu'elle était franchement encombrante au point d'expédier son cas.
Ça conforte alors mon évaluation de la LUPOR. Le mouvement de Marine doit être important et embêter si on l'assaille de cette façon.
Cependant, je dois m'enfuir à nouveau. Rester ici ne fera que provoquer ma chute. Je plonge à terre, sous la table, derrière ma chaise, mais cet obstacle n'en constituera pas un longtemps. Il ne peut que constituer une étape.
Je regarde autour de moi. Les autres rebelles ont dû entendre les tirs ou les pas précipités des tueurs car ils rappliquent et crient. Les commandos déjà dans la pièce se retourne et canarde le couloir emprunté pour entrer. Je viens également de cette direction, mais j'ai noté une autre porte de sortie : celle utilisée par le rebelle avec sa carafe d'eau. J'en ai apprécié le liquide coulant dans mon gosier. J'apprécierai encore plus cette échappatoire.
Je me précipite alors, me redressant pour courir. Des tirs crépitent immédiatement autour de moi, des faisceaux laser dansent sur les murs. Quand les balles sont lancées, elles frappent les murs d'acier dans un claquement caractéristique. Des étincelles volent, des éclats rebondissent, c'est une véritable zone de guerre !
Je plonge à nouveau au sol, les mains sur ma tête. Je dois me protéger mais aussi m'enfuir de ce champ de bataille, pourtant la mort rôde partout. J'ai l'impression d'être en plein piège, comme un rat. Où est la sortie ? A portée de mains. Où se trouve mon salut ? Derrière cette ultime porte. Comment rejoindre la liberté ? Toute l'énigme se situe là.
Alors, je rampe comme un serpent. Le sol n'est pas fait pour le confort des habitants, comme la promenade ou les cabines d'habitation. On ne l'a pas recouvert d'une texture agréable au pied ou à la semelle. A la place, j'écope d'une surface rugueuse et ferreuse, pleine d'irrégularité et même de pointes de rouille. J'espère ne pas m'écorcher !
Les tirs crépitent toujours, faciles à entendre malgré les dispositifs silencieux clairement utilisés par les tueurs, et visibles grâce aux éclairs générés. Des hurlements retentissent dans l'autre couloir. Des gens meurent. Des rebelles périssent. Ils vont décimer la LUPORT ! C'est horrible...
Des balles – perdues probablement – frappent encore Marine. Je le perçois au son typique des impacts sur la chair. Ils changent radicalement des frappes sur le mur d'acier. Ils ont des munitions à gâcher, ma parole.
Le corps sans vie et sans tête de Marine tombe près de moi. Je pousse un hurlement d'effroi. Quel cauchemar ! Je suis prêt à donner beaucoup pour retrouver le confinement de ma cellule. Partout ailleurs sauf dans cette salle piégée par des tueurs, où la mort pleut de toute part.
Néanmoins, un détail attire mon attention. A la ceinture du corps de Marine, un poignard repose encore dans un étui adapté. Je me précipite et l'extrait. Il pourrait se révéler particulièrement utile. Dans l'absolu, mes chances de survie augmenteront si je m'équipe d'un moyen d'auto-défense. Puis, je continue à ramper.
Par un miracle que je ne m'explique pas, je parviens à la porte. Je tends ma paume non armée et la pousse. Le battant grince mais s'écarte facilement, jusqu'à dévoiler la haute silhouette d'un individu en combinaison de plongée et fusil d'assaut à la main.
Je sursaute. Encore unennemi ! Je le vois baisser le canon vers ma tête. Je perçois presque auralenti son doigt presser la détente. Mon heure est-elle arrivée ?
A suivre dans le chapitre 20 : ennemi public numéro un.
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Les Confinés
Teen FictionEn cette période de confinement, n'oublions pas que la situation pourrait être pire. Cette histoire visera à nous le rappeler sur le ton de l'humour et de la légèreté, à travers un récit haut en couleurs destiné en premier lieu à un public adolescen...