Chapitre 26 : des malades en observation

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Je décide alors de quitter les Armateurs. Dans l'immédiat, ils n'ont plus d'intérêt pour moi. D'une part, ils ne semblent rien connaître à mon sujet. Je suis pour eux autant une énigme que je le suis pour moi.

D'autre part, si je visais à les prendre en otages afin de les forcer à une quelconque mesure visant à me libérer ou me favoriser, je ne pense pas que la promiscuité du bord joue en ma faveur. Mis à part m'enfermer dans leur tour d'ivoire et menacer leur vie, repousser les patrouilleurs et risquer ma propre existence à chaque instant, je ne vois pas trop comment procéder dans les parages.

Aussi, ces informations concernant le docteur Raoul, cette histoire de virus et de contaminés à l'étude, tout cela m'intéresse. Je vais rendre visite à ce scientifique dans son laboratoire reculé.

Pour m'y rendre, je dois traverser intégralement le navire. La nuit va jouer en ma faveur pour franchir le pont des différents ponts. En plus de cela, je possède désormais une arme. En cas de soucis, je m'en servirai pour faire taire toute menace. Est-ce que je deviens aussi extrême que les Armateurs ? J'en ai peur, mais j'ose espérer que c'est pour une bonne cause. Marine, Christian et Jean-Luc comptent sur moi pour changer les choses.

Je quitte la tour des Armateurs. Je vais continuer à emprunter les toits. Cet itinéraire est favorable à ma progression. Ici, la surveillance est plus faible car une majorité des sommets n'est pas habitable. Bien sûr, je vais éviter les ponts supérieurs aménagés ou la sécurité est renforcée. Rien à voir avec le Solarium, mais d'autres coins du navire présentent pas mal d'avantages.

Après quelques heures de pérégrinations, je parviens à la poupe. Des navires de commerce sont visibles dans le port mais cloués à leur ponton. Personne ne travaille dans cette zone. Les autorités doivent appliquer une forme de quarantaine, conformément aux paroles échangées entre Edouard et Emmanuel.

Je poursuis mon périple et traverse cette zone morte jusqu'à la marina. Autrefois, il devait être bien agréable d'emprunter ici un petit voilier ou un canot à moteur afin de prendre le large ou de partir pêcher. Aujourd'hui, tout est bouclé et l'endroit ne sert plus depuis bien longtemps.

De la lumière brille par les fenêtres de la capitainerie. Ce n'est pas un grand bâtiment mais il a l'air assez vaste pour accueillir un laboratoire scientifique modeste. Je me dirige dans sa direction.

Sur le chemin, j'aperçois des patrouilleurs en faction. Ils montent la garde mais n'assurent pas une surveillance efficace. L'isolement des citoyens fait en sorte que personne ne se risque dans ce secteur délaissé, encore moins la nuit. Ils sont plutôt là pour l'image.

Je parviens à me faufiler efficacement et atteint l'ancienne capitainerie. Je longe les murs puis risque un regard par une fenêtre. Le verre translucide m'empêche pourtant d'observer l'intérieur. Je dois entrer.

Les portes sont verrouillées mais la lumière et le bruit à l'intérieur témoignent d'une activité encore en cours. Quelqu'un travaille derrière ces murs. La recherche scientifique n'a pas d'heure.

Grâce à un amoncellement de caisses, je grimpe sur le toit. De là, je trouve un soupirail. Je le soulève et parviens à me faufiler dans le laboratoire.

J'atterris dans une réserve de matériel médical. Il y a vraiment de tout. C'est un véritable bric-à-brac. Je sors de cette pièce et entame mes investigations. Quelle est la nature exacte de la contamination en cours ? Je ne vais pas tarder à en avoir le cœur net.

Je passe devant des salles d'examen où des hommes et des femmes sont allongés. Un drap est tendu sur leur corps et des sangles leur fixent les bras et les jambes sur le lit. C'est une forme originale de confinement. Un respirateur est fixé sur leur visage. Ils semblent avoir du mal à respirer.

Plus loin, je tombe sur une salle d'opération. Derrière la vitre, un corps est allongé sur une table chirurgicale. Je ne parviens pas à déterminer son sexe pour la simple et bonne raison que son état ne me le permet pas. Le cadavre sanguinolant semble avoir été écorché vif en de multiples endroits. Sa peau suinte et des plaies béantes mutilent sa dépouille. Il est clairement mort.

Cette personne est-elle arrivée ici dans cet état ? J'en doute fortement. Il serait plus logique de penser qu'on lui a fait subir toute une batterie d'expérience pour le bien de la recherche scientifique du docteur Raoul.

En parlant du docteur Raoul, je le repère justement. Un homme en blouse blanche vient de sortir d'un bureau et s'apprête à refermer la porte non sans un petit mot positif pour la nuit de son collègue. Il adresse ses paroles à une personne restée à l'intérieur.

— Bonne nuit docteur Raoul. A demain.

Puis, il claque le battant et s'éclipse loin de moi. Le maître des lieux se trouve dans ce bureau. Je vais lui rendre une petite visite...


A suivre dans le chapitre 27 : Raoul.

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