Chapitre 31 : la solution de fuite

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Avant de sortir cependant, une question de taille se pose : que faire du docteur Raoul ? Je ne peux pas l'exécuter sommairement, je ne suis pas comme ça, je ne tue pas des gens désarmés et assommés. Avant nous une autre solution à portée de main ? Je pose la question à mes protégés.

— Que faisons-nous du docteur Raoul ?

J'entends une réponse.

— On devrait le tuer.

J'écarquille les yeux.

— Nous sommes des meurtriers désormais ? Nous rendons coup pour coup ?

— Non. Alors, on pourrait le faire disparaître.

— Je veux bien, mais je ne vous pas comment.

— On pourrait l'emmener avec nous.

Je grimace.

— Pour entendre ses jérémiades sur le trajet et se faire capturer ? Non merci.

— Alors, on peut l'enfermer dans un coin. Quand on le découvrira, demain ou dans quelques jours, nous serons loin.

Après tout, la visite le lendemain des Armateurs n'est pas censée fouiller son sous-sol prison. Ils peuvent très bien se contenter du rez-de-chaussée puis le réclamer à travers tout le navire.

J'accepte. Ça me semble une bonne idée. Je saisie un docteur encore dans les vapes et le traîne vers une armoire. En ouvrant la porte, je découvre des étagères garnies d'une multitude de bocaux. A l'intérieur des récipients, il conserve des vestiges de ses recherches et de ses expériences. On y trouve tout un tas de fragments de mutants : des branchies découpées, des mains et des pieds sectionnés, des doigts tranchés, des yeux énucléés, même des chevelures scalpées. Ça n'a aucun sens ! C'est un véritable musée des horreurs !

— Quelle atrocité... Ne regardez pas !

Je me dirige vers une autre armoire, en fer et l'ouvre. A l'intérieur cette fois, il entreposait une foule de dossiers. Je vire le tout. Je dégage les feuillets, classeurs et autres pochettes puis arrache les étagères. J'obtiens une planque amusante. Je glisse le barbu à l'intérieur, l'entasse dans le fond puis referme. Comme ça, il fichera la paix à tout le monde.

Nous pouvons désormais décamper d'ici. Le groupe se précipite hors de la capitainerie désaffectée et reconvertie en laboratoire secret. Je ne sais pas si nous reviendront ici. Dans l'immédiat, nous devons quitter les lieux, et par lieux, j'entends le navire REM.

Je dirige le groupe effrayé vers le port tout proche. Ils sont craintifs mais restent discrets et participent avec moi à notre échappement sans bruit. Nous nous faufilons au nez et à la barbe des rares gardes. On ne me cherche pas ici, à l'autre bout du navire par rapport à l'une de mes dernières positions connues.

Un instant, je pense à la LUPOR. La ligue aurait été bien utile pour obtenir de l'aide pour quitter le navire. Malheureusement, je ne sais ni les contacter, ni les trouver. Je pourrais toujours me mettre à la recherche du jeune Christian mais je ne compte pas revenir si loin au cœur du navire. En plus, je ne sais pas s'il est encore libre. Ça serait une terrible perte de temps.

Nous arrivons au port avec la plus grande discrétion possible. La nuit baigne les lieux mais des lampadaires surplombent les quais et éclairent discrètement les navires amarrés. Nous pourrons nous faufiler de zones d'ombre en zones d'ombre, ça ne posera aucun problème. Néanmoins, une autre question se pose.

— Mes amis ? On prend quel navire ?

L'un d'eux avance une idée.

— J'ai été marin avant mes problèmes de santé. Je peux donc piloter un navire de petit tonnage. Il ne faut pas en prendre un trop petit car il faut pouvoir tenir tous à bord, mais pas un trop grand non plus car il faut rester discret. Je propose un navire de pêche à moteur, pas d'engin à voiles. Il faut pouvoir contrôler notre vitesse et notre direction par tous les temps. Un chalutier ferait parfaitement l'affaire.

J'acquiesce. Je n'y connais rien. Apparemment, autrefois, je ne prenais pas la mer. Je vais faire confiance à son expertise.

— Tu en vois un bien ?

Il désigne un chalutier au bout du ponton, à plus de cent mètres de là.

— Celui-là fera parfaitement l'affaire. Idéal pour quitter le confinement du REM.

J'inspire profondément. Ça va nous faire une longue progression à découvert, sur la digue d'amarrage, même si les lampadaires n'éclairent pas toute la zone. On va devoir redoubler de prudence.

— Suivez-moi ettâchons de ne pas attirer l'attention.


A suivre dans le chapitre 32 : prendre la mer.

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