Chapitre 44 : l'AIR-PET-CET

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Avec Camille, je profite d'un temps décontracté jusqu'au moment où P et N signalent l'apparition sur l'horizon d'une construction artificielle. Par ces mots, ils indiquent l'apparition d'une île flottante, un navire de grande taille, l'un des bateaux-nations qui arpentent le monde. Selon notre navigation, nous devons approcher de l'AIR-PET-CET. Nous espérons avoir atteint notre objectif.

Après tout, nous n'avons qu'une confiance limitée dans les données glanées à bord du REM. Même si c'est tiré par les cheveux, il existe une chance infime de nous avoir induits en erreur avec de fausses informations éparpillées à des points stratégiques afin de nous piéger. La probabilité reste faible mais nous devons rester malgré tout sur nos gardes.

L'aviso s'approche du navire énorme. Il ressemble foncièrement au REM. Ils ont dû être construits sur le même modèle de base, à quelques personnalisations près. Tant mieux, ça m'arrange. Nous pourrons ainsi nous infiltrer bien plus aisément.

Nous avons voyagé pendant plusieurs jours, des semaines mêmes, jusqu'à atteindre cette marque de civilisation. Nous voyons enfin son nom sur ses flancs. Il s'agit bien de l'AIR-PET-CET. Nous sommes soulagés. Après tout ce temps passé en mer, en quelques sortes en confinement dans un espace restreint durant près de deux mois, nous apprécions avec un grand plaisir l'approche d'une nouveauté. Nous allons pouvoir progresser dans notre quête.

Durant notre périple, je n'ai pas retrouvé la mémoire. De leur côté, mes amis mutants ont développés des capacités liées à la mer. Ils peuvent percevoir les poissons, les dangers de la mer, les changements climatiques et les éventuels hauts fonds. Ces aptitudes nouvelles sont d'un grand secours en cas de besoin. Nous avons plusieurs fois évité le naufrage grâce à ça.

Nous ralentissons l'allure. Depuis l'aviso, nous voyons l'AIR-PET-CET encore petit à cette distance. De leur côté, les habitants ne doivent même pas nous deviner. Notre taille joue pour nous. Nous décidons encore d'attendre la tombée de la nuit pour approcher et nous infiltrer.

Nous ne connaissons pas les mesures de sécurité de cette île flottante mais je dois bien avouer que celles du REM m'ont fait l'effet d'une douche froide. Point de contrôle, scan des empreintes palmaires ou rétiniennes, déploiement de patrouilleurs et de militants, traque par tous les moyens... Je ne veux pas voir ces éléments se répéter.

Nous profitons du reste de la journée pour nous concerter. J'expose le plan.

— Je pense qu'il ne va pas falloir s'éterniser à bord. Seul, ça serait déjà risqué si les mesures de sécurité sont semblables à celles du REM. Alors, à plusieurs, nous sommes nombreux, nous passerons difficilement inaperçus.

Camille va dans mon sens.

— Je suis d'accord. Tu as une idée de notre cible à bord ?

Je tends la tête vers le navire.

— Oui. Il faut atteindre le Solarium. C'est là que les Armateurs vivent. C'est là que les connaissances secrètes sont conservées. Commençons par interroger leur chef. Ensuite, nous aviserons.

F grogne.

— Nous devrions avoir un meilleur plan. Peut-être faire une reconnaissance à bord avant notre infiltration de la nuit ?

Je secoue la tête.

— Impossible. Si nous approchons de jour, nous serons repérés. Nous devons forcément attendre la nuit et approcher toutes lumières éteintes.

— Alors, reconnaissance cette nuit puis infiltration la suivante.

— Dans ce cas, il faudra s'éloigner durant le jour. Mais ça va augmenter les risques d'être repérés. Cet aviso n'est pas un minuscule navire. S'ils utilisent des instruments perfectionnés ou des guetteurs, ils finiront par nous repérer. Non, je pense vraiment qu'il faut tout faire cette nuit.

F n'est pas d'accord. F campe sur ses positions. Camille me soutient. Les autres semblent partagés. F utilise alors l'argument ultime.

— Nous avons décidés de vivre en démocratie à bord de cet aviso. Dans ce cas, nous devrions organiser un vote. Faisons cela à mains levées, maintenant. La question est la suivante : tout cette nuit ou repérage puis infiltration sur deux nuits ? Votons !

Chacun doit sepositionner.


A suivre dans le chapitrez 45 : le monde de demain.

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