Chapitre 50 : l'île promise

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Je réunis tout le groupe et expose les informations récupérées auprès du docteur Do Nal Treum. Dès lors, un projet s'établit : nous décidons de rejoindre l'île légendaire. De légendaire, elle n'a que le nom. Do Nal Treum a été très clair : je faisais partie de l'équipage d'Alpha, cette personne muté qui avait découvert l'île promise, dernière terre émergée au monde.

Avec la certitude de son existence, ce sera notre objectif. Nous devons nous y rendre et y vivre une vie nouvelle, à l'écart du monde, des humains et de tout agresseur. Là-bas, nous serons enfin libres, déconfinés à tout jamais.

Mes amis sont les seuls à pouvoir localiser cette île promise. Pendant des heures, ils travaillent à écouter leurs sens pour détecter les terres à peine submergées.

Nous testons cette capacité et en quelques jours, ça fonctionne, nous parvenons à atteindre des hauts fonds à coraux. Nous pouvons maintenant nous concentrer sur le cœur du sujet.

Ils se rassemblent en cercle sur le pont de l'aviso et se concentrent, main dans la main. Inexpérimentés, ils utilisent ce stratagème pour mettre leurs efforts en commun. Ils pensent que leur communion facilitera leur talent.

Je ne vais pas les contredire. Je ne connais rien à cette capacité, moi-même elle m'est inaccessible. Dans les domaines de la spiritualité et de la mutation, je n'ai pas la prétention de les conseiller. Je les observe et patiente.

Pour se concentrer, ils entonnent des chants que je ne connais pas. Ils ont dû les partager durant leur détention. J'observe Camille, parmi eux. Bientôt, nous serons totalement libres. Bientôt, nous pourrons construire notre vie commune exactement comme nous l'entendons. Maladroitement, je tente de maîtriser mon impatience. J'avoue que ce n'est pas évident !

Finalement, mes amis pensent avoir localisé l'île promise. J met alors le cap dans cette direction. Même hors de leur communion, leurs sens individuels leur indiquent la position de ce sanctuaire. Maintenant, ils ne peuvent plus l'oublier. Il occupe une bonne place dans leur cœur.

La navigation est longue, des jours, des semaines, mais nous gardons espoir. Mieux, la distance nous rassure. Plus l'île sera lointaine, plus ce sera un gage de son isolement et de sa quiétude.

Enfin, nous approchons de notre objectif. P et N nous avertissent. Des terres sont en vue et nous ne parlons pas d'un sol artificiel ou d'un navire, mais bel et bien d'une surface de terre et de végétation. L'aviso nous en approche rapidement et nous pouvons admirer cette contrée nouvelle.

Elle est magnifique. La végétation y est luxuriante et sauvage. Des oiseaux volent dans le ciel et chantent dans les arbres. Cette vision nous réjouis le cœur. Enfin, nous y sommes. Enfin, nous pouvons souffler.

Alors, nous accostons dans une crique. Nous ne voulons pas faire le tour de l'île afin d'en connaître la taille. Nous voulons d'abord poser le pied à terre et nous imprégner de ce sol solide. Pour moi, à cause de mon amnésie, c'est également la première fois.

Nous nous enfonçons un peu dans les terres. Tout y est admirable, rayonnant, magnifique. La nature foisonne, les animaux s'égayent. C'est un vrai paradis.

Puis, nous rencontrons des gens. Nous ne les connaissons pas mais ils ne sont pas agressifs. En grande majorité, il s'agit de mutants. Les autres sont les équipages d'humains rebelles et venus les soutenir, un peu comme moi avant mon amnésie. On me reconnait d'ailleurs et on m'accueille avec joie, même si je ne me souviens pas d'eux. Je vais devoir réapprendre à les connaître.

Les habitants nous mènent à leur village. Il est simple et construit avec les moyens à disposition sur l'île, mais fonctionnel et convivial. Il y reste de la place pour bâtir de nouvelles maisons.

Ici, toutes les restrictions tombent. Nous retrouvons une situation perdue depuis longtemps. On nous invite à manger aux tables d'un cuisinier de talent : un restaurant. On nous convie à une représentation théâtrale réalisée par des comédiens du cru : une salle de spectacles. On nous présente des airs cultivés de fleurs où il fait bon se balader : des jardins publics.

Tout est accessible, tout est disponible. Cette chance inespérée nous soulage après les difficultés vécues et nous emplie d'une joie immense.

Alors, nous décidons tous de nous y installer. Nous sommes les bienvenues. Nous allons facilement nous intégrer à cette communauté ouverte à la diversité, et profiter des bienfaits d'une vie enfin sans restriction excessive. Les lois y sont raisonnables et ne demandent que le respect des autres. C'est tout naturellement que nous nous y plierons.

L'installe ma maison au bout du village. D'un côté, mes fenêtres s'ouvrent sur la ville et les avantages accessibles de la civilisation. De l'autre, elles offrent un paysage incroyable sur la nature de l'île et l'océan en arrière-plan. Le sentiment de délivrance est désormais omniprésent.

Nous pouvons profiter de la vie.

Nous sommes libérés.


FIN

Les ConfinésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant