Chapitre 17 : la cheffe de la LUPOR

13 0 0
                                    

Nous nous retrouvons face à un mur quelconque et Christian s'arrête. Je ne comprends pas. Je m'attendais plutôt à une porte.

— Christian ?

— Chut...

Il tripote une gaine de câbles et un cliquetis se fait entendre. Aussitôt, la cloison se débloque et s'écarte comme un battant. Mon guide le pousse et m'invite à m'engouffrer à sa suite.

Il fait sombre dans ce tunnel mais des néons s'allument et éclaire le chemin d'une lueur blafarde.

— Nous sommes branchés sur le réseau du navire, mais ils ne nous détectent pas. Notre cheffe a fait un travail prodigieux.

Nous croisons quelques cabines étroites, encombrées de matériel hors d'âge et occupées par des hommes et des femmes en train de travailler. Je ne devine pas l'objectif de leurs activités, mais je ne doute pas que ça servira le mouvement de rébellion.

— Nous ne sommes pas nombreux au sein de la LUPOR mais nous sommes motivés. Ça suffit.

Nous finissons par arriver dans une salle plus large où une grande table en fer trône au centre. Des chaises fatiguées sont disposées au tour. Tout est rouillé, mais peut encore servir.

— Installe-toi où tu veux. Elle va arriver. Elle est prévenue.

Je prends place sur la première chaise venue et je patiente sagement. Christian s'éclipse. Quelques minutes plus tard, une porte grince et une femme fait son entrée.

— Alex ? Bonjour. Je m'appelle Marine.

C'est une femme âgée qui s'installe sur la chaise la plus proche de moi. Ses traits sont tirés par de nombreuses rides et son sourire semble forcé – sans doute la conséquence d'une vie entière passée à bord.

— Bonjour Marine. Vous êtes la cheffe de la LUPOR ?

— Oui, mais tu peux me tutoyer. J'imagine que tu as beaucoup de questions à me poser ?

Elles se bousculent effectivement dans ma tête. Je dois faire un tri et une sélection, rien que pour prioriser les informations à obtenir.

— Oui, beaucoup, je ne sais pas par où commencer !

— Fais comme tu veux, nous aurons le temps nécessaire. Un couvre-feu est instauré à la nuit tombée, personne n'a le droit d'être dehors après la fin du jour, mais nous sommes à l'abri ici.

— On ne peut pas nous retrouver ?

— Non. Nous sommes hors du réseau officiel, hors des plans. A force d'années et de décennies, de travaux et de réaménagement des espaces, il existe tout un tas d'endroits comme celui-ci : absents des plans, oubliés de tous, propice à devenir des planques pour la LUPOR.

— Tu es la cheffe de la LUPOR. Tu l'as fondée ?

Elle acquiesce.

— En effet. Il y a bien des années. Dans ma jeunesse, pour tout te dire.

— La LUPOR œuvre seulement dans ce secteur ?

— Non. Elle est présente sur tout le navire. Je ne suis pas fière de mon passé, mais c'est lui qui a permis ça.

— Comment ça ? Vous avez honte de votre jeunesse ?

Son visage s'assombrit.

— Je connais si bien le navire, les Armateurs, tout, parce que j'ai un temps tenté de faire partie de ce système.

Je comprends mieux. Seul un ancien prétendant aux Armateurs peut si bien connaître le navire.

— Pourquoi avoir envoyé quelqu'un à mon secours ?

— Nous avons des yeux partout et nous repérons les potentiels sympathisants : les opposants, les contestataires, les poursuivis par les patrouilleurs. Tous ceux qui font du bruit contre les Armateurs. Ils sont autant de camarades dans notre lutte.

— Quelle est cette lutte exactement ?

Je ne doute pas que laréponse va me plaire. Elle doit avoir un lien étroit avec le confinement que tous subissent. Elle vasans doute influencer le reste de ma vie, sauf si je retrouve un jour lamémoire.


A suivre dans le chapitre 18 : le drame.

Les ConfinésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant