Chapitre 6

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Je gravis la falaise comme si j'étais poursuivie par quelqu'un qui voulait attenter à ma vie. J'ai beau avoir le souffle coupé, ainsi qu'un point de côté et dans ce cas du mal à avancer, je continue de grimper comme si je ne ressentais pas la douleur. J'escalade cette falaise que j'ai gravie une centaine de fois et dont je connais parfaitement les appuis à prendre. Mes mains tremblent alors que je m'agrippe aux rochers. Mes sandales se posent maladroitement sur les coins des pierres apparentes, alors que mes yeux fixent mon objectif, le sommet. J'y suis presque, encore un petit effort. Mes membres agissent mécaniquement alors qu'un sourire excité et de victoire s'étire. Je suis plus que déterminée à arriver au sommet pour ensuite me jeter à la mer. Me jeter à la mer ?! Je m'arrête net devant la falaise, alors que je m'apprêtais à me laisser tomber dans le vide. Sauter du bord, non mais c'est du suicide !

Je ferme les yeux un instant tout en serrant le médaillon que m'a donné Chrysostom. Je dois me rappeler des consignes de Poséidon.

« – Si jamais tu changes d'avis, ce qui sera très certainement le cas, il te suffira de plonger du haut de la falaise tout en serrant ce collier très fort. »

C'est très exactement ce qu'il m'a dit. J'ouvre les yeux et fais remonter ma main jusqu'à ma poche où j'en sors le collier que m'a donné Poséidon. Dans chacune de mes mains, je serre un médaillon. Ma gauche emprisonne le collier de mon père, alors que ma droite protège celui que m'ont transmis ma mère et Chrysostom.

« – Je suis complètement folle, me dis-je en fermant les yeux. »

Dans un cri, je me laisse tomber du haut de la falaise. Ma respiration est coupée par la vitesse de ma chute, alors que je garde les yeux fermés. Je suis certaine de mourir en ayant plongé de cette hauteur. Soudain un contact froid et léger me parcoure tout le visage alors que je retiens ma respiration. Me voilà à l'eau, et toujours vivante. Si je pouvais respirer je pousserais un long soupir de soulagement, mais au vu des circonstances, je vais m'abstenir. J'ouvre les yeux mais ne vois rien. La mer est profonde, je n'arrive même pas à voir le fond. Que dois-je faire maintenant ?

Soudain un rayon de soleil vient me caresser le visage avec une telle délicatesse qu'on aurait dit une main humaine. La lueur finit par quitter son arrêt et se diriger un peu plus loin. Elle m'indique un ancien temple. Sans prendre le temps de réfléchir je me dirige vers le fond. Lorsque j'arrive au niveau du temple, je suis comme attirée à l'intérieur.

Soudain je sors de l'eau et me retrouve projetée au sol. Retrouvant l'air, je me mets à tousser et à cracher de l'eau. Ma gorge me fait mal, mais malgré cela je lève le regard pour observer les alentours. Je me trouve à l'intérieur du temple et je suis entourée par la mer. Seulement, l'eau ne parvient pas jusqu'à moi. Comment est-ce possible ? Je me relève avec beaucoup de mal, et me balade au sein du temple.

« – Enfin ! J'ai failli attendre.

Une voix grave et moqueuse me parvient un peu plus loin, en face de moi. Là se trouve un homme, assis sur un trône, un trident à la main.

– Je suis heureux que tu aies fini par changer d'avis.

– On ne peut pas dire que c'est grâce à toi. »

Poséidon se met à rire tout en maniant son trident avec ses doigts.

« – Pourquoi cet endroit n'est-il pas immergé ? demandai-je curieuse.

– Tu connais les pouvoirs de mon trident. Et bien grâce à lui je peux faire ça. »

Je dois avouer que c'est très impressionnant. S'il n'y avait pas eu cet endroit, je me serais sans doute noyée.

« – Tu portes le médaillon à ce que je vois, continua Poséidon. C'est bien. Il est très important que tu l'aies sur toi pour réclamer tes droits légitimes.

– Mais de toute façon tu es sûr que je suis ta fille, ça devrait suffire non ?

– En ce qui me concerne oui, mais pour la Loi, c'est un peu plus compliqué. Ce médaillon est la preuve formelle que tu es issue d'une lignée divine.

– Bien. Et du coup je dois faire quoi maintenant ?

– Ferme les yeux ça va piquer.

– Quoi ?! »

Soudain une lumière aveuglante vient me brûler les yeux. Je place mes mains devant mon visage pour me protéger jusqu'à ce que la lueur insupportable s'en aille.

« – Tu aurais pu me prévenir avant ! me plains-je.

– Ça n'aurait pas été aussi drôle, ria Poséidon.

– Ah parce que pour toi me rendre aveugle est amusant ?!

– Ça va tu n'es pas morte et tes yeux vont très bien. Regarde plutôt autour de toi. »

Je me frotte les yeux, puis examine le nouvel endroit où je me trouve. Me voilà devant une gigantesque grille aux barreaux dorés. Derrière, un chemin mène jusqu'à un bâtiment où même les nuages ne peuvent le dépasser. L'endroit le plus haut du monde, la plus grande montagne de la planète, le lieu que tout le monde rêve de visiter.

« – L'Olympe...

– Ta nouvelle maison.

– C'est magnifique...

– On peut dire ça. Mais avec le temps, tu vas t'en lasser. »

Poséidon ouvre la grille en la frappant avec son trident, puis commence à avancer vers le bâtiment. Il finit par se retourner vers moi et me faire signe de le suivre. J'avance rapidement pour le rattraper, alors que la grille se ferme derrière nous. Plus je me rapproche du bâtiment, et plus tout me semble incroyable. Une herbe verdoyante et fraiche, une rivière cristalline qui s'écoule jusqu'à devenir une cascade après avoir dépassé la grille, de grands arbres majestueux dignes des dieux.

Une fois devant le bâtiment, nous gravissons des marches de marbre, et entrons dans un grand hall. Mon cœur bat tel un tambour. Poséidon me devance, et s'arrête devant une immense porte à double battants qui doit faire la taille de la grille et se retourne vers moi.

« – Attends-moi là.

– Mais...

– Hé, ça va aller d'accord ? »

En disant ça, Poséidon a posé sa main sur mon avantbras et a parlé avec une voix tellement réconfortante que j'en oublieraispresque ma rancœur contre lui. D'un signe de tête, j'acquiesce. Poséidonm'adresse un sourire, puis ouvre la grande porte. Je me penche pour voir cequ'il se passe, mais elle se referme instantanément, me laissant seule, dans unendroit que je ne connais pas. Je reste plantée devant la porte, à attendresagement que mon père revienne. Tout se joue là, maintenant, derrière cetteporte. Ce sont les dieux qui vont décider de mon sort, même s'ils le fontdepuis longtemps. 

AKENNA-TOME 1-La Mortelle divineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant