Chapitre 35

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« – Bon, maintenant que la voie est libre, on va pouvoir commencer l'enquête, dit Ectellion en sortant de notre cachette.

Je souris tout en secouant la tête, face au comportement d'Ectellion. Il se balade dans tout le temple, le regard attentif à chaque objet environnant.

– Bon, alors qu'est-ce qu'il t'a dit lorsque tu es allée l'interroger ? me demanda le braconnier.

– Que ce n'était pas lui le meurtrier.

– Dans tous les cas, il est complice de toute façon.

– C'est sûr. Le tout est maintenant de trouver ce qu'Apollon cherchait.

– Et on va le découvrir. »

Il n'y a pas énormément d'objets dans le temple, si ce n'est une table d'offrandes et des tapisseries. Nous cherchons avec Ectellion dans les moindres recoins pendant des heures, sans résultat.

« – Tu es sûre qu'Apollon a caché un objet ici ?

– Ce n'est pas lui qui l'a caché là, puisqu'il le cherchait.

– Ah oui, c'est vrai. Mais peut-être que le complice l'a enlevé.

– Sans doute oui.

Je me tourne vers la statue et observe le visage du dieu qui s'y trouve. Je plisse les yeux en croyant le reconnaître.

– Hélios ?

– Qu'est-ce qu'il y a ? me demanda Ectellion.

– Sur la statue, c'est le visage de mon mari.

– Il est bien beau, ria le braconnier.

– Il y a une chose que je ne comprends pas.

– Laquelle ?

– Pourquoi Apollon est-il venu chercher dans le temple d'Hélios ?

Le rire d'Ectellion s'arrête net. Son expression devient pensive, limite gênée.

– Tu pense que ça peut être lui le soleil obscur ? me demanda Ectellion.

– Quoi ?! Mais non voyons pas du tout. C'est impossible.

– Je n'affirme rien Akenna, je m'interroge c'est tout.

– Ce n'est pas Hélios ! Le meurtrier a dû le cacher là afin de le faire passer pour le coupable.

– Oui, c'est sûr.

– Cet objet est encore là, j'en suis certaine.

– Le corbeau est semblable à la vipère, et l'obscur soleil porte l'aspic sur son bâton tranchant dissimulé sous son pied.

– Cette énigme ne nous aidera pas ici.

– On ne sait jamais. Nous avons cherché partout Akenna, alors je ne sais plus quoi faire à part te rappeler cela. »

Je ferme les yeux un instant, et réfléchis. Je suis la déesse de la réflexion, je peux trouver la solution. « L'obscur soleil porte l'aspic sur son bâton tranchant dissimulé sous son pied. ». L'aspic est un serpent. Un bâton tranchant peut être une arme, comme un couteau, un glaive, une flèche ou...un poignard. L'aspic sur son poignard...Méduse ! L'obscur soleil a donc le poignard, dissimulé sous son pied. Qu'est-ce que cela signifie ?

« – Le bâton tranchant, c'est un poignard, dis-je à Ectellion.

– Le poignard avec la tête de Méduse, comme tu as vu dans ta vision ?

– Exactement.

– Et il est caché sous le pied de l'obscur soleil...

– Comment peut-on dissimuler un poignard sous un pied ?

– C'est peut-être une image, ou alors le pied doit être celui d'un géant, ria Ectellion.

– Un géant...

Je lève mon regard vers la statue. Et soudain je comprends. C'est tellement évident maintenant.

– La statue...elle est gigantesque, dis-je.

– Oui elle est très haute, et alors ?

– Son pied doit aussi l'être.

– Attends...tu crois que c'est possible ?

– On n'a qu'à essayer. »

Avec Ectellion, nous nous plaçons au niveau de chaque pied de la statue d'Hélios. Si je ne me suis pas trompée, il doit exister un passage secret pour accéder au dessous du pied d'Hélios. Je fais le tour de la statue, représentant à la perfection les courbes de mon mari. Ce n'est pas possible qu'il ait fait cela. Jamais mon Hélios n'aurait pu tuer ma mère. L'homme noir essaie de l'accuser à tord, j'en suis certaine. Il cherche encore à me détruire. Mais cette fois-ci je ne me laisserai pas abattre. Je caresse le pied de la statue, espérant qu'un passage s'ouvre, et c'est alors qu'une sorte de mécanisme se déclenche, et qu'une porte dérobée s'ouvre.

« – Ectellion ! Viens voir, j'ai trouvé quelque chose !

Le braconnier me rejoint et observe le passage ouvert.

– Sa majesté est bien plus futée que je ne le pensais.

– On n'a pas le temps pour tes commentaires. Je dois être rentrée avant le coucher du soleil je te rappelle.

– Et bien alors qu'est-ce qu'on attend ? C'est toi la courageuse pas moi. »

Je donne un coup d'épaule à Ectellion, alors qu'un léger sourire m'échappe. Même dans une situation stressante, il arrive à faire ses mauvaises plaisanteries. C'est une chose que j'aime beaucoup chez lui. Il a le don de rassurer les autres. Ectellion me donne une torche, et nous entrons dans une tout petite pièce, où une échelle nous mène dans un sous-sol. Je descends, puis nous tombons dans un nouvel endroit. Il fait noir, froid et c'est tout poussiéreux. Il n'y a rien ici à part un coffre en bois.

Je me rapproche, et l'ouvre. Des larmes commencent à se former, alors que le poignard de mes visions, de mes pires cauchemars se trouve juste sous mes yeux. Des tâches de sang sec se trouvent encore sur la lame abîmée. Je sens la main d'Ectellion se poser sur mon épaule, alors qu'un sanglot m'échappe. Le braconnier me tourne vers lui et me prend dans ses bras. J'ai réussi à retrouver l'arme du crime. C'est un pas de plus vers l'homme noir. Alors pourquoi est-ce que je me sens...détruite et effrayée ? J'y suis presque... Et pourtant j'aimerais remonter le temps pour ne jamais découvrir ce poignard, parce que mon passé revient me hanter, tout comme les pensées des âmes, que ce poignard a retiré de leurs corps. 

AKENNA-TOME 1-La Mortelle divineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant