Chapitre 42

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« – On y est Akenna, m'informa l'homme envoyé par Athéna. »

La mer...enfin je la retrouve. J'aurais préféré que les circonstances soient meilleures, mais malheureusement, ce n'est pas le cas. Je remercie le jeune homme, puis m'avance vers le port. Un seul bateau se trouve le long du ponton en bois, avec deux hommes à bord. Ils se tournent vers moi, et lorsqu'ils me voient arriver, les deux marins se hâtent de me faire monter à bord. Après cela, ils détachent la corde, qui attachait le bateau, et nous partons pour Athènes. Je pousse un soupir de soulagement. Je me sens plus en sécurité, maintenant que j'entre dans le domaine de mon père. J'arrive à sentir sa présence, non loin de moi. Hélios ne cherchera pas à cet endroit. Il doit me croire encore sur la terre ferme, et concentre donc ses forces à cet endroit.

J'arrive à me détendre légèrement, et à me dire que tout ira bien maintenant. Mais à chaque instant, j'ai l'impression qu'il peut débarquer... Je dois me calmer. De toute façon, la nuit tombe, alors il ne pourra plus me voir après cela. Je m'appuis contre la barrière. La voile propulse le bateau à une vitesse phénoménale. On dirait bien que le temps est en ma faveur. Tant mieux, j'arriverai plus rapidement à Athènes. Mes yeux se ferment, alors que le vent vient fouetter mon visage et fait voler mes cheveux. À tout moment, j'ai l'impression qu'Ectellion va revenir, me prendre dans ses bras et me couvrir de baisers. Je n'arrive pas me faire à l'idée qu'il puisse être...mort. J'ai le cœur en miette, tandis que les corbeaux viennent manger les restes. Plus jamais je ne tomberai amoureuse, j'en fais le serment. Si l'amour c'est souffrir sans cesse, alors je n'en veux pas. Qu'on m'en libère...par pitié. Qu'on soigne mon cœur blessé. Je m'effondre de nouveau, alors que les deux marins allument des torches.

Mais une lumière beaucoup plus puissante que toute flamme s'emble éclairer le navire. Quelle importance de savoir la source de cette lumière, puisque la mienne est éteinte.

« – Tu pleures, parce que je te manque ? ricana une voix derrière moi. »

Je me tourne brusquement, et vois Hélios, accompagné par plusieurs de ses gardes, à l'armure dorée. Deux d'entre eux ont leur arc braqué sur les marins, tandis que trois autres sont postés aux côtés du dieu.

« – Cela suffit maintenant Akenna. J'en ai assez de courir partout.

– Alors rentre dans ton palais.

– Pas sans toi.

– Pourtant c'est ce que tu devras faire.

– De grès ou de force, tu viendras avec moi.

– Jamais. »

D'un signe de tête, les deux gardes tuent les marins, qui poussent un dernier hurlement, avant de s'effondrer au sol. Le regard d'Hélios, jusqu'alors resté sur les deux défunts, revient de nouveau sur moi.

« – Tu as peur pour ton enfant Akenna. Si tu reviens avec moi, je te promets de ne lui faire aucun mal. Au contraire, je le considèrerai comme mon fils. C'est ton ultime chance. »

Quel est ce chantage ? Rien d'autre qu'un mensonge odieux. Je lui ai déjà accordé ma confiance de nombreuses fois, et il n'a fait que me décevoir. Alors comment le croire de nouveau ?

« – C'est vrai ? demandai-je.

– Je suis prêt à tout pour toi.

– Alors...c'est d'accord. »

Hélios a le sourire aux lèvres. Il me tend la main, pour que je vienne le rejoindre. Après plusieurs pas hésitants, je me trouve devant Hélios. Celui-ci me regarde, les yeux brulants de désir.

« – Je peux te dire quelque chose ? demandai-je.

– Tout ce que tu veux mon amour.

– C'est Ectellion le père de mon enfant !! »

À ces mots, je le gifle, et lui donne un coup dans l'estomac, comme me l'a appris Ectellion, puis cours vers le bord du bateau. Sans hésiter, je plonge dans la mer, tout en entendant les dernières paroles d'Hélios.

« – Sois maudite !! »

Me voilà à présent sous l'eau. Je nage, sans vraiment savoir où aller, jusqu'à ce que quelque chose attrape mes chevilles. En me retournant, je comprends qu'il s'agit d'Hélios. Lui aussi a plongé pour me récupérer. J'ai beau me débattre, le dieu du soleil ne me lâche pas. Je me crois alors perdue, mais un phénomène se produit. Une dizaine de requins viennent en notre direction. Ils assènent plusieurs morsures à Hélios, que j'entends hurler de douleur. Seulement, ce n'est pas cela qui va le tuer.

Un nouvel animal me rejoint alors. Un magnifique dauphin, portant un pendentif ayant pour motif un trident, vient se poster près de moi. Père... Je caresse sa peau brillante et glissante, alors que son rostre me chatouille le ventre. Je m'accroche aux nageoires de l'animal, qui me fait tout de suite remonter à la surface. Après avoir pris un grand bol d'air, mon père nage vivement pour nous éloigner du bateau, mais surtout d'Hélios. Je serre Poséidon contre moi, tandis que je pleure de nouveau.

« – Je suis désolée d'être partie, sanglotai-je. Mais lorsque j'ai appris que c'était Hélios qui avait tué maman, j'ai paniqué. »

Au fond de moi, je sais que mon père ne m'en veut pas. Je sens qu'il me soutient. Autrement, aurait-il bravé la colère du dieu du soleil en venant me sauver ? Ce n'est que lorsque le soleil se lève, que nous arrivons sur une plage, tout près d'Athènes. D'ailleurs, je me demande bien qui tire le soleil, puisqu'Hélios était occupé sur terre à me retrouver. Peut-être que quelqu'un d'autre a été formé à cette tâche.

Mon père s'arrête à quelques mètres du bord, où je descends de sur son dos. Je me place devant lui, puis colle mon front contre le sien. Il m'a sauvée, et je lui en suis plus que reconnaissante.

« – Je sais que tu veilles sur moi depuis l'Olympe. »

Dans un sifflement, mon père me répond, puis faitdemi-tour, pour retourner dans la mer, tout en m'aspergeant d'eau avec sanageoire caudale. Je le regarde s'en aller, alors que quelques fois, il sautehors de l'eau. Cela ressemble à un au revoir, qui me donne le sourire auxlèvres. Maintenant que je suis arrivée à Athènes, je suis sous la protectiond'Athéna, et tout ira bien. Je me tourne vers cette cité, et observel'acropole. Ce plateau rocheux est l'endroit où je vivrai dorénavant. Espéronsque les jours se feront meilleurs désormais. Mais il me reste une quête àaccomplir. Celle de me présenter aux souverains de cette cité, et leur demanderl'asile. 

AKENNA-TOME 1-La Mortelle divineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant