Chapitre 38

158 12 0
                                    

Je pars en direction de la cité de Larissa. C'est le seul refuge qu'il me reste. Le seul ami en qui je puisse avoir confiance se trouve là-bas. Une personne qui ne me décevra pas, m'accueillera peut-être.

Je m'arrête finalement devant la maison d'Ectellion, puis me mets à hésiter. Et si lui aussi m'avait menti ? Non, ne commençons pas à nous torturer l'esprit. Je me place devant la porte du braconnier, alors que de nouvelles larmes se forment. Le soleil se lève à l'horizon, et je ne veux pas le voir maintenant. Alors je frappe hâtivement et fort sur la porte. Il ne faut que quelques secondes pour avoir une réponse, à mon plus grand soulagement.

La porte s'ouvre sur Ectellion, qui a les cheveux en pagaille. Il se frotte les yeux, comme un enfant et m'accorde enfin son attention. Son regard s'intensifie lorsqu'il me voit.

« – Akenna ? Mais qu'est-ce que tu...

Sans le laisser finir, je me jette dans ses bras et laisse se déverser toutes les larmes de mon corps.

– Je suis désolée, sanglotai-je. Tu avais raison. C'est Hélios qui a...

– Ne te torture pas ainsi. J'ai compris ce que tu veux dire. Viens, entre. »

Je reste contre Ectellion, alors que nous entrons dans la maison. Elle est petite, mais c'est largement suffisant lorsqu'on vit seul. Nous nous asseyons à table, et Ectellion se rapproche pour être plus près de moi. Je me laisse tomber contre son épaule, alors que son bras protecteur m'entoure. Je ne veux pas parler pour le moment, et il le sait. Tout ce que je demande, c'est de pouvoir dormir et penser à autre chose, ne serait-ce qu'un instant.

« – Je suis là Akenna. Personne ne peut te faire de mal ici, dors tranquille, je veille sur toi. »

On dirait qu'il a de l'emprise sur moi, car mes paupières commencent à se fermer sans que je ne puisse les retenir. Soudain je me sens partir, dans un monde rempli de rêves, une échappatoire à la réalité...

..............................................................................................................

J'ouvre lentement les yeux, et découvre avec surprise que je me trouve dans un lit. Je me redresse d'un coup, craignant d'être revenue sur l'Olympe, mais cette chambre m'est totalement inconnue. Suis-je toujours chez Ectellion ? Je me lève et ouvre la porte, menant vers la pièce principale. C'est là que je vois le braconnier, assis sur une chaise, affalé contre la table, en train de dormir paisiblement. À ce moment-là, il n'est plus le guerrier hostile, narcissique et égoïste. Plusieurs mèches de ses cheveux bruns tombent sur son front, ses muscles sont détendus, plongés eux aussi, dans un profond sommeil. Sa respiration est calme, régulière, paisible. Cela en serait presque déstabilisant. Moi qui l'ai connu la plupart du temps désagréable et grossier.

Je souris devant ce spectacle que je ne suis pas prête d'oublier et qui me redonne espoir. Si j'ai pu voir le véritable visage d'Ectellion, peut-être que moi aussi je pourrais devenir une bonne personne un jour.

Les yeux noisette du braconnier apparaissent, et se braquent sur moi, qui suis toujours plantée devant la table, à ne rien faire.

« – Enfin la marmotte est réveillée, ria Ectellion.

– Devrais-je rappeler qui dormait encore il y a quelques secondes ?

– Moi peut-être, mais ce n'est pas toi qui as dormi le reste de la nuit sur une table.

– Je ne t'ai rien demandé.

– Alors pourquoi être venue ici dans ce cas ? »

Un point pour le braconnier. Il est vrai que j'ai volé jusqu'ici pour solliciter son aide, mais à aucun moment je ne lui ai demandé de me laisser dormir dans son lit. Je ris en imaginant Ectellion regretter ma présence, lorsqu'il essayait de s'endormir sur la table.

« – Au lieu de te moquer de moi, tu veux parler un peu ? me demanda Ectellion.

– Je veux bien...

– Viens t'asseoir. De toute façon je connais déjà une bonne partie de l'histoire.

– Voilà pourquoi je n'ai pas peur de te raconter la suite. »

Je lui parle alors du piège que j'ai tendu à Hélios, de l'arrivée d'Apollon, de leur discussion et de tout ce que j'ai découvert. Ectellion n'a en aucun cas jugé mes actions. Au contraire, il m'a simplement écoutée, comme l'aurait fait un ami fidèle, sur qui on peut compter.

« – Je suis désolé pour tout ça Akenna. Tu es bien la dernière personne à mériter une telle chose.

– C'est mon destin, je ne peux rien y faire.

– Et maintenant ? Quel sont tes projets ?

– Je n'en sais rien du tout.

– Reste ici alors.

– Je ne sais pas si c'est une bonne idée...

– Ne joue pas celle qui hésite, ça ne te va pas du tout. Autrement tu ne serais pas venue chez moi. »

Je ne peux m'empêcher de sourire. Évidemment que j'avais pensé à cela. Je savais qu'il allait me proposer de rester.

« – Bon, d'accord, mais pas éternellement.

– Pas éternellement non, mais jusqu'à ce que la mort nous sépare.

– Idiot, dis-je en riant. »

Ectellion éclate de rire, alors que je fais mine d'être énervée contre lui. Finalement, peut-être que mon destin ne sera pas aussi funeste. Je ne crois plus en l'amour, mais je crois encore en l'amitié. Ectellion m'a prouvé qu'il était un ami fidèle, qui m'aidera à remonter la pente. Artémis, Athéna et Hermès l'auraient fait eux aussi... Mais je ne suis plus une déesse. Et par conséquent, il m'est à présent impossible de fréquenter des dieux. Cela ne ferait que m'enfoncer davantage, car mes trois amis me rappellent mon passé, les moments heureux que je vivais avec Hélios, qui ne sont plus que poussière désormais. Et ce n'est pas un coup de balai qui va arranger les choses. Le temps s'en occupera.

Je vivrais une vie humaine, paisible, comme dans monenfance avec Ectellion, jusqu'à ce que je me sente mieux, et prête pour unnouveau départ. Dorénavant je ne me laisserai plus avoir aussi facilement parde beaux yeux. Plus jamais. Je suis prête à oublier Hélios. Car après tout,j'ai réussi à supporter la mort de ma mère, alors je suis sûre de pouvoirvaincre la perte de l'homme, que je pensais être l'amour de ma vie. 

AKENNA-TOME 1-La Mortelle divineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant