Chapitre 27

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Une fois remontée sur l'Olympe, j'ai le sourire aux lèvres, bien heureuse d'avoir réussi à énerver Ectellion. Il fallait bien que je dise la vérité sur le fait qu'il est un voleur et un braconnier.

Lorsque j'entre dans le bâtiment, tout paraît si calme, comme s'il n'y avait personne. Je fais le tour de la propriété, mais aucun dieu ne se présente. Je décide alors d'aller dans le jardin, mais à ma grande surprise, je ne trouve personne. Même pas Artémis qui y vient souvent pour s'entraîner à l'arc sur des cibles. Mais où sont-ils tous ? Ai-je manqué quelque chose ? Je retourne alors dans ma chambre, où je sursaute lorsque je me rends compte que tous les dieux y sont. Leurs regards se tournent vers moi, alors que je reste sur le pas de la porte.

« – Heu...que se passe-t-il ?

– Pourquoi le miroir est-il brisé ? me demanda Zeus.

– C'est...long à expliquer.

– Et bien vas-y j'ai tout mon temps, intervint mon père en s'écartant de la foule.

– Tout le monde n'a pas besoin de savoir père...

– Très bien. Sortez tous. »

Les dieux obéissent et se retirent tout de suite. La main d'Artémis vient prendre la mienne, et Hermès me sourit amicalement, avant de fermer la porte. Me voilà seule face à mon père. Je n'ai aucune envie de lui expliquer, mais après il va s'imaginer qu'Hélios est violent, alors qu'il est loin de l'être. Du moins avec moi...

« – Alors ? Je t'écoute Akenna.

– On s'est disputé avec Hélios hier soir. Mais ce n'est rien de grave ne t'en fais pas.

– Il t'a fait du mal ?

– Non, pas du tout.

– Ah oui ? Alors pourquoi le miroir est-il brisé ?

Je sens de la colère dans la voix de mon père. Il me ferait presque peur. Mais je sais que c'est parce qu'il s'inquiète pour moi, ce qui est tout à fait normal.

– Hélios l'a renversé pour que je ne puisse plus le regarder. Je...j'avais des visions lorsque je le touchais.

– Et que voyais-tu ?

– L'assassin de maman. »

Poséidon baisse le regard un instant tout en serrant les poings. Il pourrait comprendre, puisqu'il ressent la même douleur que moi. Peut-être qu'il accepterait de m'aider à retrouver l'homme noir.

« – Père...

– Tu as vu son visage ?

– Non. Mais je sais qu'il portait une cape noire, et un poignard orné de la tête de Méduse.

– Méduse ?

– Oui. Je peux le retrouver, j'en suis certaine. Il suffit que je me concentre et que je cherche.

– Akenna, moi aussi j'ai essayé, et j'ai échoué. C'est une perte de temps ma fille, crois-moi.

– Tu parles comme Hélios.

– Parce qu'il a raison. »

Je tourne le dos à mon père. Il est hors de question que je lui montre ne serait-ce qu'une seule de mes larmes. Lui aussi pense comme Hélios, alors que je croyais qu'il comprendrait, qu'il me soutiendrait et m'aiderait. Mais visiblement, même lui est aveuglé par la peur de me perdre.

« – Ma chérie, je t'en prie ne m'en veux pas. J'essaie simplement de...

– ...me protéger je le sais, le coupai-je.

– Oui, mais surtout de te faire comprendre que c'est une perte de temps immense. Tu passeras ta vie dans une quête impossible à réussir. Te rends-tu compte que tu pourrais perdre Hélios en t'engageant dans cette course poursuite ?

– Je ne vois pas ce qu'Hélios vient faire là-dedans.

– Il est au cœur de l'histoire, bien plus que tu ne puisses l'imaginer. N'a-t-il pas été présent pour toi ?

– Si.

– Et n'es-tu pas heureuse avec lui ?

– Si.

– Alors ne vous prenez pas la tête pour du passé. Vas de l'avant ma fille, et restes heureuse. Affronter cette histoire encore, c'est comme si tu remontais le temps. Veux-tu vraiment souffrir de nouveau ?

– Non.

– Dans ce cas, laisse tomber ces visions, d'accord ? »

Je hoche la tête, tandis que mon père se poste devant moi et me prend dans ses bras. À ce moment-là je m'en veux tellement, parce que je crée un nouveau mensonge. Et cette fois-ci, c'est mon père qui en est touché. Je ne peux pas laisser l'assassin de ma mère continuer de vivre sa vie tranquillement. Puisque les dieux ne veulent pas me rendre la justice, et bien je me l'offrirai moi-même. Tant pis de ce que les autres pourront bien penser. Pour que mes cauchemars cessent, il faut que je règle cette histoire, une bonne fois pour toute.

Sur le mur de ma chambre, je distingue mon ombre, dans les bras de mon père. On dirait que...le soleil se couche.

« – Déjà ? demandai-je en me retournant vers le balcon.

– C'est étrange, il ne doit être que quinze heures pourtant.

– Hélios a dû descendre.

– Pourquoi ?

– Je n'en sais rien. »

Je sors de ma chambre et pars en direction de la grille. Il doit se passer quelque chose pour qu'Hélios ait libéré le soleil aussi rapidement. Lorsque j'atteins l'entrée de l'Olympe, je vois Hélios pousser vivement la grille et courir pour rentrer. Quand ses yeux se posent sur moi, il s'arrête net. Nous nous regardons, sans rien dire pendant un moment, jusqu'à ce que je voie Hélios éclater en sanglots et se jeter sur moi pour me prendre dans ses bras.

« – Je suis tellement désolé mon amour, pleura-t-il. J'ai été stupide, pardonne-moi.

– Hélios...

– Je suis allé trop loin. Mais j'ai peur, peur qu'il t'arrive quelque chose, peur que tu t'éloignes de moi.

– Chéri, jamais je ne m'éloignerai de toi. »

Je prends le visage de mon mari entre mes mains et caresse ses joues mouillées de larmes. Je vois en lui que ses excuses sont sincères et qu'il s'en veut vraiment.

« – Je t'aime Hélios, murmurai-je avant de l'embrasser. »

Il éclate de nouveau en sanglots, avant de plonger son visage dans mon cou. Oui, je l'aime, c'est la vérité. Je ne peux pas lui promettre d'abandonner mon idée de retrouver le meurtrier de ma mère, mais je peux lui assurer une chose. Je serai prudente et méthodique. J'ai pensé, réfléchi, et fait mon choix. C'est plus fort que moi, je ne peux lutter contre mes pouvoirs. Peut-être que finalement, j'ai trouvé le côté obscur de mon « don ». Il est bon pour les autres, mais nocif en ce qui me concerne. 

AKENNA-TOME 1-La Mortelle divineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant