Chapitre 29

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Je me laisse tomber sur mon lit, plus qu'épuisée de mon entraînement d'aujourd'hui. Les courbatures se font déjà sentir, tout comme les bleus dans mon dos. Je décide d'aller prendre un bain pour me débarrasser de toute la poussière que m'a fait avaler Ectellion. Maintenant, j'ai encore plus de raisons de le détester, même si je lui suis redevable de m'apprendre à me battre.

Chaque seconde mon avis change. Dans un premier temps je regrette de mentir à Hélios, mais dans le second je me dis que ce n'est pas bien grave, et que j'ai besoin de cela. Je vais dans la salle de bain, et demande aux nymphes de me préparer un bain.

Au bout de quelques minutes à peine, me voilà plongeant dans l'eau chaude, dont la vapeur s'échappe. Je pousse un soupir de bien-être, tout en appuyant ma tête contre le rebord de la piscine purifiante. Qu'est-ce que ça fait du bien de se détendre après une journée de violence comme celle que j'ai vécu aujourd'hui. Je plonge complètement sous l'eau, alors que le son s'estompe autour de moi. Je n'entends plus rien, et ça fait un bien fou. Ne plus se préoccuper du monde extérieur, ne plus réfléchir, parfois on a besoin de se vider complètement la tête pour mieux affronter les situations difficiles. Ce n'est que lorsque je ne peux plus tenir, que je décide enfin de remonter à la surface et de prendre une grande bouffée d'air vivifiante.

Soudain, je sens des bras entourer ma taille, et un souffle dans mon cou. Je ne peux me retenir de sourire lorsque je me retourne et vois qu'il s'agit d'Hélios. Il est accroupi au rebord de la piscine et me regarde, de ses yeux toujours aussi beaux. Je me rapproche de lui et l'embrasse avec telle passion que des papillons se forment dans mon ventre.

« – Je t'ai manquée on dirait, chuchota le dieu du soleil près de mon oreille.

– Tu n'imagines à quel point. D'ailleurs je te trouve encore trop loin de moi. »

Je le prends par le col de son chiton et l'entraîne dans la piscine. Je rie aux éclats lorsque mon mari adoré réapparaît à la surface et secoue ses cheveux tout en m'aspergeant de fines gouttes d'eau. Sans que je ne m'y attende, Hélios m'attrape soudainement par les pieds, ce qui me fait perdre l'équilibre et me fait plonger la tête la première dans l'eau. Je m'accroche à son torse, et remonte petit-à-petit jusqu'à la surface et une fois à la hauteur d'Hélios, je lui effleure les lèvres, puis enroule mes jambes à hauteur de son bassin, sans le quitter des yeux. Le sourire séducteur du dieu du soleil fait son apparition, tandis que ses mains descendent le long de mon dos. Ce contact me procure des frissons incontrôlables. Un hoquet de surprise m'échappe lorsqu'Hélios m'entraîne vers l'arrière. Mes cheveux ondulent dans l'eau, telles des algues dans les mers profondes, tandis que mon visage reste immergé. Celui d'Hélios se rapproche dangereusement de mes lèvres et m'embrasse avec fougue.

Nous sommes restés dans la piscine, l'un contre l'autre jusqu'à ce que l'eau en devienne glacée. Ces quelques instants passés avec Hélios m'ont revigorée et donné le courage nécessaire pour interroger le miroir une nouvelle fois. Je suis prête à y retourner et à affronter mes pires craintes. Il faut que je découvre le visage du meurtrier de ma mère. Autrement, je ne pense pas pouvoir vivre dans le présent. C'est comme si j'étais enchaînée à mon passé, et que la seule façon de m'en défaire était d'affronter un monstre aux dents acérées. Et cette créature n'est autre que l'homme noir.

J'attends patiemment qu'Hélios soit endormi pour retirer avec précaution sa main de ma taille et de sortir du lit. J'enfile une tunique d'un bleu très clair en vitesse, et me dirige vers la grande salle. C'est là que je trouverai un long miroir sans risquer de croiser quelqu'un. Tout le monde dort à cette heure-ci, alors profitons de l'instant libre pour agir. Une fois dans la grande salle, je me dirige vers ce géant de verre, réfléchissant mon reflet, qui n'attend plus que moi.

Après avoir pris une profonde inspiration, je tends ma main vers le miroir et ferme les yeux. Lorsque je les ouvre de nouveau, je me trouve dans un temple. Il fait nuit noire à l'extérieur, mais heureusement, quelques torches me permettent d'observer mon ombre. J'en remarque une autre, située contre une colonne, assise au sol.

« – Je t'attendais Akenna.

– Qui es-tu ?

– La réponse à toutes tes questions. »

Je me rapproche de l'homme assez près, pour pouvoir voir son visage que je distingue à peine. C'est un vieil homme, sans doute un devin, possédant une cicatrice sur toute sa partie droite du visage. Elle part du menton et remonte le long de sa joue jusqu'à son front.

« – Si tu es la réponse à mes questions, dis-moi qui a tué ma mère.

– « Dis-moi », voilà l'expression qu'il a employée. Oui, je lui ai dit qu'une jeune fille allait naître. Elle serait de sang-mêlé, et rejoindrait l'Olympe un jour.

– C'est de moi dont il s'agit n'est-ce pas ?

– Le monde est vaste Akenna, tout ne peut pas se ramener à toi.

– Mais alors qui est-ce si ce n'est pas de moi dont il s'agit ?

– Je n'ai jamais dit que ce n'était pas toi.

– Qui est cet homme dont tu m'as parlée ?

– « Qui », n'est pas la question déesse. La véritable énigme que tu dois te poser est « Pourquoi ».

– Je ne comprends pas.

– Tant de mystères dans ce vaste monde impossibles à élucider.

– Moi qui pensais que tu m'aiderais. »

Je me laisse tomber contre la colonne, près du vieil homme. Du coin de l'œil, j'observe le devin se lever et me tourner le dos. Il marche jusqu'à la colonne opposée à celle où je suis assise et une fois dissimulé dans l'ombre, il reprend la parole.

« – Souviens-toi bien de ce que je vais te dire déesse. Le corbeau est semblable à la vipère, et l'obscur soleil porte l'aspic sur son bâton tranchant dissimulé sous son pied.

– Qu'est-ce que cela signifie ?

Soudain, je suis entraînée vers l'arrière, sauf qu'il n'y a personne derrière moi.

– Attends ?! Réponds-moi !! »

Mais je suis comme aspirée par les murs du temple, et je me retrouve dans la grande salle de l'Olympe. Je me répète l'énigme du devin en boucle jusqu'à ce que chaque mot, chaque syllabe, et chaque lettre soient gravés dans mon esprit.

« – Le corbeau est semblable à la vipère, et l'obscur soleil porte l'aspic sur son bâton tranchant dissimulé sous son pied. »

Arriverai-je un jour à affronter ma pire peur ? La résolution de cette énigme sera peut-être la clef pour entrer dans le domaine de l'homme noir, qui hante mes rêves depuis tant de nuits. 

AKENNA-TOME 1-La Mortelle divineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant