« – Akenna ! Lève-toi ! »
Je me réveille en sursaut en entendant une voix m'appeler. Il fait encore nuit et le vent est glacial. L'appel vient de l'extérieur. Si j'avais une pierre sous la main, je l'aurais déjà lancée, espérant entendre un cri de douleur et puis enfin le silence.
« – Akenna, je sais que tu ne dors pas allez viens dépêche-toi ! »
Tout en soupirant, je me lève, enfile mon chiton et rejoins le balcon. En voyant en bas qui m'appelle depuis tout à l'heure, j'ai encore plus envie d'utiliser la méthode de la pierre.
« – Ah enfin tu es là. Tu en mets du temps. Viens descends je vais te montrer quelque chose.
– Non mais tu as vu l'heure Hélios ?!
– Justement on est en retard, alors grouille. »
Poussée par la curiosité (comme d'habitude), je dévale les marches un foulard sur les épaules. Une fois en bas, je ne vois plus Hélios, ce qui m'agace davantage. Je me dirige alors vers la piste, et comme je l'avais prévu, il est bien là, éclairé par une série de torches, son char prêt à partir.
« – Si tu m'as fait venir ici juste pour frimer Hélios, ce n'est pas la peine que je reste.
– À mon avis tu seras la plus frimeuse d'entre nous, ria ce dernier.
– J'ai déjà vu ton char ce n'est pas nouveau pour moi.
– Oui, mais tu ne veux pas faire plus que l'admirer ?
– Qu'est-ce que tu racontes encore ?
– Monte dessus avant que je ne m'en aille.
– Tu me laisses l'essayer ?
– Pourquoi pas, ce n'est pas interdit de juste monter dessus. »
J'avoue que cette idée ne me déplaît pas. Rien que le fait de tenir les rênes me donnerait la sensation de voler au-dessus des cieux. Alors sans me faire prier, je m'exécute et relève ma robe pour monter sur le char. Une fois bien positionnée, je sens le vent dans mes cheveux lâchés. Je me dis que si je volais, je le sentirais deux fois plus, peut-être même trois. Soudain je sens quelqu'un monter en vitesse derrière moi et me prendre les rênes des mains, avant de crier aux chevaux ailés de partir au galop. Je m'accroche à Hélios qui secoue violemment les rênes tout en riant.
« – Laisse-moi descendre tout de suite !! hurlai-je saisie par la peur.
– Tu tomberais dans le vide idiote.
– On est encore sur la piste ! Arrête-toi tout de suite !!
– Trop tard déesse. »
Et il dit vrai. Les chevaux battent des ailes de toutes leurs forces pour nous faire monter encore plus haut que l'Olympe. Terrifiée, je reste accrochée à Hélios, qui lui est tout le contraire de moi, confiant. En même temps il fait ça tous les jours, alors que moi c'est la première fois que je monte aussi haut.
« – Ne ferme pas les yeux Akenna. Regarde plutôt autour de toi. »
J'ouvre les paupières, et me détache d'Hélios lorsque le char se stabilise dans le ciel, filant droit à une vitesse constante. Le ciel est devenu orange, signe qu'on se rapproche du soleil. Une fois assez près de la boule de feu, Hélios attrape une lance sur le sol, accrochée à une chaîne, et me demande de me décaler pour ne pas me blesser. Le dieu prend son élan, le manche de la lance placé dans le creux de sa main. Une fois l'arme positionnée sur son épaule droite, je l'entends prendre une grande inspiration. Mes yeux restent fixés sur ses biceps d'athlète. Enfin, il finit par balancer sa lance vers l'avant. L'arme s'en va vers le soleil, suivie de la chaîne.
« – Attention ça va secouer, me prévint Hélios. »
Soudain une violente secousse me fait basculer vers l'avant. Mais Hélios me rattrape de justesse et me relève. Encore une fois, je me trouve bien trop proche de lui, et cela m'exaspère. Mais je dois avouer que cela me plaît aussi... Je meurs d'envie de l'embrasser encore une fois, de sentir le goût de ses lèvres, de me tenir contre son torse chaud et rassurant. Mais ma raison revient au grand galop, et je retrouve l'usage de mes jambes.
« – Tu sais que c'est interdit.
– De quoi ?
– Je n'ai pas le droit de monter sur ton char. Personne à part toi ne le peut.
– Et bien la preuve que si. Tu es là, vivante.
– Mais Zeus...
– ...ne dira rien du tout d'accord ? Au pire c'est moi qui en assumerai les conséquences. Je dirai que je t'ai enlevée, ça te va ?
– Mais pourquoi ferais-tu ça pour moi ? »
Hélios pousse un soupir et reprend les rênes. Je pose mes mains sur les siennes pour l'empêcher de repartir. Je veux qu'il réponde à ma question. Je vois le corps d'Hélios se crisper, alors que son regard se porte vers mon visage.
« – Réponds-moi, insistai-je. »
Je vois les yeux du dieu descendre jusqu'à mes lèvres. Et sans attendre plus longtemps, il m'embrasse. Cette fois, le baiser dure plus, il est davantage joueur, plus délectable, plus sauvage. Et une fois encore, je n'arrive pas à le repousser, tout simplement parce que je ne le veux pas. Hélios lâche les rênes et place ses mains dans le creux de mes reins pour m'attirer contre son torse, alors que les miennes se baladent à présent dans ses cheveux. Je ne le connais pas, et pourtant je me sens liée à lui comme je ne l'ai jamais été avec personne. Peut-être qu'Éros s'est amusé avec ses flèches pour nous torturer, peut-être que je ressens quelque chose au fond de moi. Une flamme me consume de l'intérieur, et elle est due au soleil qui m'embrasse.
« – La voilà ta réponse, me dit Hélios une fois détaché de mes lèvres. »
Le dieu prend un air neutre, attrape les rênes et fait partir les chevaux, qui entraînent le soleil pour faire le tour de la Grèce. Les chevaux nous font perdre de l'altitude, de sorte que les nuages s'estompent sur notre chemin, et que je puisse voir le magnifique spectacle qui se déroule en-dessous de nous. Je peux voir à présent les champs, les cités, la mer, un ensemble de paysages que j'ai connu durant toute ma vie de mortelle. Fascinée par ce spectacle, je laisse tomber ma joue contre celle d'Hélios, qui était concentré sur son itinéraire. Me déposant un baiser sur la joue, le dieu du soleil entraîne ses deux prisonniers à l'autre bout de la Grèce. Ce soir, il lâchera son premier captif pour laisser place à la nuit, mais mon cœur quant à lui, restera encore enchaîné au char d'or, conduit par les chevaux blancs ailés d'Hélios.
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AKENNA-TOME 1-La Mortelle divine
ParanormalDans la Grèce antique, une jeune femme de sang-mêlé vit une existence simple de mortelle. Heureuse avec sa mère, mais se sentant néanmoins abandonnée par son père, Poséidon, elle pense rester parmi les Hommes toute sa vie. Seulement, la mort de sa...