J'ai l'impression que cela fait une heure que j'attends devant la porte, alors qu'en réalité, seulement deux minutes ont dû s'écouler. Mon pied gauche frappe nerveusement le sol et mes mains sont moites. Pourquoi cet entrevu prend-il autant de temps ? Pourtant Poséidon a dû déjà prévenir Zeus et les autres dieux de mon arrivée non ? Je commence à ressentir de la frustration et cette sensation me fait faire les cent pas dans le vestibule.
Soudain un des battants de la porte s'ouvre doucement, et la tête de mon père apparaît. D'un signe de la main, il m'invite à le rejoindre. Je passe devant lui, alors qu'il tient la porte ouverte. Je pénètre alors dans une salle des plus vastes, des plus riches et des plus blanches que j'ai vues de toute ma vie. Là se dressent quatorze sièges, tous placés de sorte à former un cercle. Le plus grand, le plus majestueux d'entre eux se dresse juste en face de moi. Il est occupé par un homme, vêtu d'une armure en or, aux cheveux bruns mi-longs. Il est barbu et ses yeux bleus ne me lâchent pas un seul instant. Dans sa main droite, il tient un objet long comme un bâton de berger, brillant comme le soleil, et lançant de faibles bruits de tonnerre. C'est un éclair, et pas n'importe lequel. L'homme qui se trouve devant moi est donc Zeus, le roi des dieux et des hommes. Il me gratifie d'un sourire bienveillant qui me rassure. Tout en lui rendant son sourire, je m'avance vers lui et observe les autres dieux.
Je me suis toujours demandée à quoi ils pouvaient ressembler. On les dit très beaux, impressionnants, voire même effrayants pour certains. C'est le cas d'une des déesses qui me jette un regard noir. Ses cheveux d'or sont coiffés d'une tresse qu'elle a ramenée sur le devant, vêtue d'une robe blanche magnifique, dont la taille de la déesse est marquée par une ceinture d'or. Ses yeux d'un vert éclatant intensifient son charme. Je n'ai jamais vu de femme aussi parfaite. Elle ne peut être qu'Aphrodite, la déesse de l'amour. Elle est réputée pour bien entendu sa beauté incomparable, mais aussi pour sa jalousie. Elle ne supporte pas de voir des jeunes femmes qui pourraient lui disputer son titre de « La plus belle femme au monde ». Voilà pourquoi elle est crainte par tous les mortels, et même par certains dieux. La façon dont elle me toise me déstabilise fortement. Cependant, une autre déesse paraît plus chaleureuse, car elle me sourit. Son arc posé contre le dossier de son siège me laisse penser qu'il s'agit d'Artémis, déesse de la chasse.
Une fois devant Zeus, je ne sais pas quoi dire. Je reste tétanisée devant le souverain qui continue de me sourire.
« – Enfin mon frère, tu m'amènes ta protégée, déclara-t-il à mon père.
– Oui, elle est prête.
– Parfait. Alors Akenna, dis-moi un peu qu'elle est la nymphe qui t'a élevée.
– Et bien...ce n'est pas une nymphe qui m'a instruite, mais ma mère. »
J'entends Aphrodite pouffer de rire derrière mon dos. Je prends sur moi pour ne pas réagir, et concentre mon regard sur Zeus qui, lui non plus, ne prend pas en compte les moqueries de la déesse.
« – Donc tu as été élevée comme une mortelle, n'est-ce pas ? me questionna Zeus.
– C'est exact.
– Et elle prétend pouvoir devenir déesse, ricana Aphrodite.
– J'ai peut-être été élevée comme une simple mortelle, mais moi au moins je suis sortie du ventre ma mère, contrairement à toi qu'on compare à un mollusque. »
Toute la salle se met à rire, sauf la principale concernée et Éros, qui est en quelque sorte son bras droit. La déesse, indignée se lève brusquement et quitte la pièce d'un pas lourd et rapide, suivie d'Éros. Alors qu'Aphrodite ouvre la porte pour sortir, un nouveau visage apparaît. Il fronce les sourcils en voyant la déesse sortir en furie.
« – J'ai loupé quelque chose ? demanda-t-il.
– Ah ça oui, ria Hermès. »
Il n'est pas difficile de reconnaître le messager des dieux. Avec ses sandales aillées, son casque posé au sol et son Caducée, on ne peut le confondre avec personne. Je me tourne vers le nouvel arrivant qui s'approche de l'assemblée. Je le reconnais. C'est le jeune homme blond que j'ai vu hier soir devant chez moi. D'ailleurs, celui-ci m'adresse de nouveau son sourire ravageur qui me fait rougir.
« – Hélios ! s'enthousiasma Zeus. Je ne m'attendais pas à te voir sur l'Olympe mon ami !
– Je viens toujours lorsqu'on ne s'y attend pas, ria ce dernier.
– As-tu entendu parler de la fille de Poséidon ? Elle s'appelle...
– ...Akenna, je le sais. C'est pour ça que je suis ici. »
Hélios s'installe sur l'un des sièges et ne me quitte pas des yeux. Je dois avouer que ce dieu m'intimide plus que les autres. Il paraît tellement plus humain, plus intéressé que la plupart de ses semblables.
« – Alors Akenna, je vais te poser une seule question, poursuivit Zeus. Veux-tu nous rejoindre ?
– Oui.
– Moi je vais t'en poser une autre, intervint Héra, la femme de Zeus. Pourquoi ?
– Parce que c'est ma destinée, parce que je pense pouvoir être à la hauteur et puis...c'est ce que ma mère a toujours voulu pour moi.
– L'amour d'une mère dépasse toutes les forces. Il est incomparable. C'est une bonne raison il me semble.
– Oui. Je viens de la perdre et pour lui rendre hommage, je veux respecter sa volonté.
– Nous sommes nombreux ici à avoir perdu notre mère, dit Athéna. »
Je vois très bien ce qu'elle veut dire. Je connais toutes les légendes des dieux. Je sais que sa mère, Léto a été avalée par Zeus, alors qu'elle s'était transformée en goutte d'eau. Ce geste de la part du roi des dieux était dû à une prophétie disant qu'il serait détrôné par le fils que lui donnerait Léto. D'ailleurs, Zeus jette un regard sévère à sa fille, qui quant à elle, reste tout à fait indifférente. Il finit par se tourner vers moi et m'adresser un nouveau sourire, qui paraît cette fois-ci désolé.
« – Et bien dans ces cas-là Akenna, approche.
Sans attendre plus longtemps, je m'exécute et m'avance vers Zeus qui place sa main sur mon front.
– Akenna, fille de Poséidon et de Galena, je fais de toi la déesse de la pensée, de la réflexion et du choix. Tu es à présent une enfant de l'Olympe. Félicitation. »
À ce moment-là, je sens comme une forme d'énergieentrer en moi, qui se propage dans chacune de mes veines, qui m'envahie,jusqu'à ce que je sois remplie de ce pouvoir immense. Je me sens différente,puissante, divine. Alors voilà ce que je deviens. Une personne à présentimmortelle et possédant des pouvoirs puissants, autrement dit, une déesse.
VOUS LISEZ
AKENNA-TOME 1-La Mortelle divine
ParanormalDans la Grèce antique, une jeune femme de sang-mêlé vit une existence simple de mortelle. Heureuse avec sa mère, mais se sentant néanmoins abandonnée par son père, Poséidon, elle pense rester parmi les Hommes toute sa vie. Seulement, la mort de sa...