Nous remontons sur l'Olympe, alors qu'Hélios est toujours énervé d'avoir perdu. Mais comme prix de compensation, je lui ai donné mille baisers, et cela a réussi à le faire sourire. À présent une fête nous attend sur l'Olympe, et nous sommes déjà en retard. Hélios ne lâche toujours pas ma main, alors que nous entrons dans le bâtiment de l'Olympe pour rejoindre le jardin. Tout le monde est déjà là, même Hadès et Perséphone ont fait leur apparition. J'avais déjà vu le roi des Enfers à mon mariage, mais pas sa femme.
« – Ah enfin vous voilà ! hurla Zeus en nous voyant. On n'attendait plus que vous.
– Nous étions occupés.
– Je vois. »
Zeus lance un petit sourire amusé à Hélios, puis un clin d'œil en ma direction. Je rougis en me rendant compte du malentendu qu'il y a eu. Artémis me rejoint et me prend par le bras, m'arrachant de mon mari, qui me regarde partir avec de la mélancolie. Attendrie par sa réaction, je me dégage de mon amie, et lui explique que je veux passer du temps avec Hélios.
« – Oh, bien sûr, je comprends Akenna.
– Nous avons toute la journée pour nous voir Artémis, alors qu'avec Hélios...c'est plus compliqué.
– Seulement ces temps-ci, tu n'es pas souvent là.
– Heu...Hélios m'attend, je vais le rejoindre. »
Je fais demi-tour sans attendre la réponse d'Artémis. Je sais parfaitement qu'elle s'apprêtait à me poser des questions sur mon occupation de ces derniers temps. Seulement...même à ma meilleure amie je ne puis me confier. Car elle aussi craint la colère du dieu du soleil, et ne me soutiendrait pas. Et cela en va de même pour Athéna et Hermès. Je rejoins alors Hélios, qui sourit de toutes ses dents en me voyant revenir près de lui.
« – Je te manque tant que cela mon amour ?
– Il faut croire que je ne peux plus me passer de toi.
– Et tu ne t'en rends compte que maintenant ?
– Non. Seulement j'étais trop réservée pour te l'avouer.
– Menteuse... »
Hélios me prend dans ses bras et m'embrasse avec une passion dévorante. J'aime tellement la façon dont il dépose ses lèvres sur les miennes, la façon dont il me touche. Je ne m'en lasserai jamais.
Nous passons tous à table et savourons un merveilleux festin. Tout y est pour remplir nos estomacs en quête de mets raffinés et appétissants. Les rires, les chants et la musique se mêlent à notre repas. Comme j'aime ces fêtes où tous les dieux sont réunis et heureux.
Une fois sortis de table, nous allons nous installer dans l'herbe du jardin, moi contre le torse d'Hélios, qui ne cesse de me couvrir de baisers envoûtants.
« – Et si on faisait un jeu ? proposa Hermès.
– Quel genre de jeu ? demanda Eros.
– On va faire une course.
– Pour changer, me moquai-je.
Tous les dieux se mettent à rire, alors qu'Hermès me lance un regard noir, avant de se mettre à s'esclaffer lui aussi.
– Par métamorphose, expliqua Hermès. Chaque dieu va s'associer à une déesse, et nous ferons un relai. Les hommes se jetteront du haut de la falaise métamorphosés, ramèneront une pierre du fond de l'océan et la ramèneront en haut. Ce n'est qu'une fois arrivés que les femmes pourront partir.
– Très bonne idée, dit Zeus. Commençons tout de suite. »
Hélios me lance un regard complice, et nous nous plaçons tous devant la falaise. Les hommes se métamorphosent. Hélios en chardonneret, Hermès en moineau, Poséidon en perdrix, Zeus en aigle, Eros en colombe, Hadès en merle et Apollon en...corbeau.
Soudain une vision s'empare de mon esprit et je ne pense plus qu'à une chose, l'énigme du devin. « Le corbeau est semblable à la vipère, et l'obscur soleil porte l'aspic sur son bâton tranchant dissimulé sous son pied. »
« – Oh non, dis-je.
– Akenna ? Tout va bien ? s'inquiéta Artémis.
Tous les dieux se tournent vers moi, même Apollon qui me fixe avec incompréhension. Hélios reprend son apparence normale et vient à ma rencontre, inquiet.
– Chérie ? Quelque chose ne va pas ?
– Je...je ne veux pas jouer. Je suis fatiguée.
– D'accord. Je t'accompagne dans notre chambre et je resterai avec toi.
– Ce n'est pas la peine, je veux être seule.
– Laisse-moi au moins te conduire jusqu'à la chambre, s'il te plaît. »
Je hoche la tête, alors que des vertiges me prennent. Je m'appuis contre le bras d'Hélios, tandis que nous rentrons à l'intérieur.
« – Maintenant dis-moi ce qu'il ne va pas mon amour. Je m'inquiète Akenna tu sais.
– Tout va bien, je t'assure. J'ai juste une question.
– Vas-y je répondrais à tout ce que tu veux.
– Apollon. Il se métamorphose toujours en corbeau ?
– Toujours lorsqu'il s'agit d'être sur la terre ferme ou de voler. C'est son animal fétiche, son symbole à lui.
– Son symbole...
– Pourquoi me demandes-tu cela ? Il t'a fait quelque chose ?
– Quoi ? Non pas du tout. C'est juste que ça m'a étonnée de le voir se transformer ainsi. Je le voyais plus en cygne ou bien un animal distingué et fier. Le corbeau est très...sinistre.
– Tout le monde a un côté sombre tu sais. Mais pourquoi me parles-tu de cela ?
– Pour essayer de penser à autre chose qu'à ma douleur.
– Allonge-toi. »
Hélios m'aide à me coucher dans le lit, puis je fais semblant de m'endormir pour qu'il parte. Après m'avoir déposé un tendre baiser sur le front, Hélios se retire.
Le corbeau... C'est donc Apollon. Voilà donc l'assassin de ma mère. Seulement il y a d'autres indices dans l'énigme du devin.
« – Le corbeau est semblable à la vipère, et l'obscur soleil porte l'aspic sur son bâton tranchant dissimulé sous son pied. »
Je me répète ces mots sans cesse, mais aucune autre idée ne me vient. Qui est la vipère et l'obscur soleil ? L'homme noir est-il trois symboles à la fois ? Est-ce que je me trompe ? Pourtant cela explique le comportement distant et hostile qu'a Apollon à mon égard. Je dois en apprendre plus, trouver des preuves. J'ai l'impression de m'être rapprochée du but, mais aussi de m'en être éloignée. La résolution de l'énigme n'est pas terminée, ce n'est que le commencement.
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AKENNA-TOME 1-La Mortelle divine
ParanormalDans la Grèce antique, une jeune femme de sang-mêlé vit une existence simple de mortelle. Heureuse avec sa mère, mais se sentant néanmoins abandonnée par son père, Poséidon, elle pense rester parmi les Hommes toute sa vie. Seulement, la mort de sa...