Chapitre 31

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Les Jeux Néméens. Une de nos principales fêtes, donnée en l'honneur de Zeus. Elle rassemble tous les grecs à Némée, une petite cité située non loin de Corinthe et de Mycènes. Il n'existe pas vraiment de date fixe pour ces Jeux. On les pratique souvent tous les deux ans, une fois en hiver mais le plus souvent en été, la saison des vendanges où le vin coule à flot. Les fêtes, les danses, les chants, la musique et les jeux, représentent nos principales activités durant ces évènements. Les Jeux Néméens sont un symbole de prospérité, d'unité et de respect pour les dieux. C'est souvent à ce moment-là, que nous descendons de l'Olympe et nous mêlons à la foule pour observer les Jeux.

Je suis Hélios, qui ne me lâche pas la main, alors que les autres dieux sont loin derrière nous. Le dieu du soleil connaît les meilleures places dans l'arène, et il se hâte de m'y conduire pour qu'on puisse s'installer. Nous nous asseyons, alors que la foule entre dans les gradins de l'arène.

« – Par quoi commence-t-on ? demandai-je à Hélios une fois assise.

– La course de chars. C'est mon jeu préféré.

– Je me demande bien pourquoi, dis-je en riant. »

Hélios me dépose un baiser sur la joue, et place son bras autour de mes épaules, tandis que ma tête se pose contre lui. J'aime tellement sentir son corps chaud et réconfortant. Il est très occupé la journée, et nous ne nous voyons que le soir. Mais aujourd'hui c'est un jour différent. Nous serons tous les deux, à regarder la course de char. Après cela, nous remonterons tous sur l'Olympe et festoierons. Alors je profite de ces instants à partager seule avec mon mari que j'aime tant.

« – As-tu déjà assisté à ces Jeux ? me demanda Hélios.

– Non, jamais.

– Tu vas adorer ça Akenna, j'en suis certain.

– Autant que de me faire enlever sur ton char ?

– Hum, pas autant déesse, mais presque. »

Je ris, alors qu'un homme se place au centre de l'arène et lève les bras pour demander à la foule de se taire. Toute l'attention est à présent portée sur ce présentateur, et le silence s'installe.

« – Mes amis ! Nous sommes réunis aujourd'hui pour le lancement des Jeux Néméens !!

Des cris d'exaltation se font entendre dans toute l'arène, même à côté de moi. Hélios a l'air fou de joie d'assister à cet évènement, en particulier lorsqu'il s'agit de la course de char.

– Tant d'épreuves pour nos champions de cette année. Exercices gymniques, luttes, concours de poésie et de musique, les courses à pied, et bien entendu, les courses de char !!

De nouveaux cris se propagent dans toute l'arène. Les acclamations se font de plus en plus puissantes, tandis que le présentateur poursuit son discours.

– Nos champions de la journée sont prêts et n'attendent plus que votre accueil. Profitez bien de cette matinée ! Et que les dieux nous fassent l'honneur de leur présence !

– Ça c'est déjà fait, chuchotai-je à Hélios. »

Celui-ci me sourit tendrement et m'embrasse sur le dos de la main. Dans les coulisses de l'arène, je peux voir les chars et leurs conducteurs préparer leur attelage. Je meurs d'impatience de voir comment les courses se déroulent. Je n'y ai jamais assisté, car ma mère et moi n'avions pas suffisamment d'argent pour voyager jusqu'à Olympie, Corinthe ou encore Delphes. Les conducteurs montent sur leurs chevaux, et se placent sur la ligne de départ.

« – Et si on faisait un petit pari chérie ? me proposa Hélios.

– Dis-moi tout, tu m'intéresses.

– Sur les cinq chars, on essaie de deviner lequel va gagner. Si je gagne, tu seras mon esclave toute la soirée.

Un sourire joueur et pervers flotte sur les lèvres d'Hélios, ce qui me fait plus rire que peur.

– Très bien. Mais si c'est moi qui gagne, tu devras...me faire autant de massages que je veux pendant un mois.

– Un mois ?!

– Parfaitement, dis-je en riant.

– Et moi je n'y aurais pas droit alors...

– Non, seulement moi.

– Très bien. Mais dans ces cas-là tu seras mon esclave pendant un mois aussi si je gagne. Autrement ça ne serait pas juste.

– D'accord, marché conclu.

Hélios me tend la main, non sans faire disparaître son sourire joueur. D'une poigne ferme, notre pari est tenu.

– Alors ? Tu choisis lequel ? me demanda Hélios en me caressant la joue. »

Je lève la tête pour mieux observer les champions qui rentrent dans l'arène. Le premier est costaud, et ses chevaux ont l'air robustes, mais maltraités. Le second champion semble normal, mais son attelage pas très obéissant. Le troisième est très mince, léger, tout comme ses bêtes. Elles paraissent obéissantes, et je ressens le désir de cet homme de gagner. Il m'inspire confiance, contrairement aux quatre autres.

« – Et bien déesse, on a perdu sa langue ? demanda Hélios impatient d'entendre ma réponse.

– Le troisième.

– Tu veux perdre à ce que je vois. Moi le premier. Il est fort, tout comme ses chevaux. Il a déjà gagné plusieurs fois tu sais.

– Moi je pense que la situation va changer aujourd'hui. »

Je lance un regard rempli de défi à Hélios, dont le sourire s'accentue. Mon mari serre ma main, comme s'il avait peur que je m'éloigne, tandis que les champions se placent sur la ligne de départ. Le présentateur sonne le départ dans sa corne, et la foule commence ses acclamations pour leur favori. Le champion d'Hélios est en tête, tandis que le mien est en quatrième place. Je sais qu'il préserve la force de ses chevaux, car il ne secoue pas trop les rênes. Il est facile de le deviner. C'est une bonne tactique, qui pourrait parfaitement porter ses fruits.

Les champions ont déjà effectué la moitié de la course, et le mien a monté de deux places. À coup sûr, il va gagner.

« – Prépare-toi à ne pas dormir de la nuit déesse, déclara Hélios en m'attirant encore plus contre lui.

– Mais mon amour, la course n'est pas encore terminée.

– Je savoure déjà ma victoire. »

Hélios s'apprête à m'embrasser dans le cou, mais je le repousse d'un mouvement de la main. Qu'il attende encore avant de se déclarer vainqueur. D'ailleurs, les champions viennent d'atteindre l'avant-dernier tour, et nos favoris sont côte à côte. Cela a l'air de faire rager Hélios de l'intérieur, puisque je sens la pression de sa main sur la mienne s'intensifier.

Plus qu'un tour... Je me lève d'un bond et me mets à acclamer mon champion.

« – Allez !! Tu peux le faire !!

– Mais ne le laisse pas faire !! s'énerva Hélios en se redressant à son tour. »

Plus que quelques mètres...quelques centimètres...ils sont si proches l'un de l'autre qu'on a du mal à deviner qui a l'avantage. Soudain la ligne d'arrivée est franchie. Je me tourne alors vers Hélios et déclare :

« – J'ai gagné. »

AKENNA-TOME 1-La Mortelle divineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant