Chapitre 13

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Je me réveille en plein milieu de la nuit, en hurlant. Toujours le même cauchemar qui hante mon esprit. Mais cette fois, c'était pire encore. Je me suis souvenue que ma mère avait été assassinée... C'est ce qui me fait éclater en sanglots. La porte de ma chambre s'ouvre avec fracas. Hélios apparaît, vêtu seulement d'un tissu qu'il a entouré autour de sa taille. Quant à moi, je me recroqueville et cache ma tête.

« – Akenna... chuchota une voix inquiète juste à côté de moi. »

Je m'effondre contre le torse d'Hélios qui me prend dans ses bras et me serre fort, comme si nous étions cernés par une armée et qu'il voulait me protéger de leurs glaives. J'avais si froid avant qu'Hélios n'arrive. Mais maintenant que je me trouve contre son torse chaud, la température de mon corps remonte et je me sens tout de suite mieux. La bouche d'Hélios collée contre mon front, le dieu du soleil me berce doucement tout en me gardant dans ses bras.

Au bout de quelques minutes, mes larmes ont séché, mes sanglots ont été ravalés, et mon froid dissipé. C'est à ce moment-là que je décide de me détacher d'Hélios, qui me sourit tendrement.

« – C'était un cauchemar ? me demanda-t-il.

– Oui...j'ai revu l'assassinat de ma mère. Ça fait tellement mal de revoir cette scène. J'ai eu l'impression de la revivre, et ça fait la deuxième fois.

– Hé, dis-toi une chose. Ce n'est qu'un rêve. Cette tragédie ne se reproduit que dans ta tête, mais pas dans la réalité. Ta mère est au Champ d'Asphodèle, et je suis sûr qu'elle est très heureuse là-bas. Tu dois te défaire de ces cauchemars...

– Mais je n'y arrive pas, sanglotai-je.

– Tu es la déesse de la pensée, alors bien sûr que tu le peux. »

La présence et les paroles d'Hélios ont réussi à me rassurer. Mais j'ai peur que les ombres reviennent lorsque la lumière partira. Hélios est ma lumière... Alors qu'il se relève, je m'agrippe à son tissu pour le retenir.

« – Ne me laisse pas je t'en prie !

– Hé, calme-toi Akenna, dit-il en s'agenouillant aux pieds du lit. Je reste avec toi d'accord ? »

J'acquiesce d'un hochement de tête et me décale pour laisser de la place à Hélios. Il écarte son bras pour que je puisse y déposer ma tête, et ainsi rester contre la chaleur qu'il dégage sans cesse. Je laisse mon bras tomber sur son torse, alors qu'Hélios replie le sien pour former comme une barrière. Mes paupières se ferment doucement, alors que j'entends Hélios murmurer près de mon oreille :

« – Je serai toujours là pour toi...toujours. »

Je m'endors sur cette dernière phrase.

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Les rayons du soleil viennent caresser mon visage. Je sens la chaleur de cette boule de feu sur toute ma peau. Cela signifie qu'il fait déjà jour, et qu'Hélios est parti. Je m'étire, puis me lève. Mes pas m'entraînent jusqu'au balcon, où j'admire le paysage. Au loin, le soleil trace son chemin, comme chaque jour, pour donner de sa lumière et de sa chaleur au peuple grec.

Aujourd'hui je refuse de rester sans rien faire. Je m'habille d'une toge bleue, m'attache les cheveux en une tresse, que je ramène sur le côté, puis rejoins la grande salle. Là je me sers du nectar, que je bois d'une traite.

« – Tu m'as l'air bien déterminée aujourd'hui, constata Artémis.

– Tu n'aurais pas une occupation pour moi ?

La déesse sourit. Évidemment qu'elle a une distraction à me proposer, à ma plus grande joie.

– Suis-moi, déclara-t-elle.

– Où vous allez ? demanda Hermès qui entre à peine dans la grande salle. »

Artémis s'approche du nouveau venu et lui murmure quelque chose à l'oreille. Le messager des dieux écarquille les yeux, alors qu'un petit sourire se dessine au coin de ses lèvres.

« – Tu veux déjà lui faire tester ? demanda Hermès à Artémis.

– Pourquoi pas ? Elle s'en tire déjà très bien.

– Mais elle n'est déesse que depuis deux jours !

– Et alors ? Nous depuis notre naissance on sait faire ça alors elle y arrivera.

Hermès lève les yeux au ciel, puis cède à la demande d'Artémis.

– Très bien, mais je viens avec vous, au cas où ça dégénèrerait.

– Génial ! s'enthousiasma Artémis. On y va alors.

– Où est-ce qu'on va ? demandai-je.

– Tu verras, mais je te promets que tu vas adorer. »

Je suis les deux complices jusqu'à l'extérieur du bâtiment. Ils prennent la tête de la marche, alors que moi je reste en retrait, incapable de deviner où m'emmènent les deux dieux. Hermès ouvre la grande grille d'or, puis continue sa marche jusqu'à une falaise. C'est là qu'il s'arrête.

« – Qu'est-ce qu'on fait là ? demandai-je.

– On va t'apprendre à te métamorphoser, expliqua Hermès.

Je m'approche de la falaise et me penche légèrement pour évaluer la hauteur.

– Et vous voulez que je saute de là-haut ?

– Exactement, répondit Artémis.

– Mais je refuse catégoriquement !

– Oh allez ne sois pas trouillarde, me taquina Hermès.

– Moi Trouillarde ? Jamais.

– Alors tu vas le faire ? »

Je pousse un long soupir et m'approche de la falaise. Je ne sais même pas en quoi je dois me métamorphoser et encore moins comment m'y prendre.

« – Ne t'en fais pas, c'est de l'instinct c'est tout, ça vient tout seul.

– Et puis si jamais tu n'y arrives pas, on ne sera pas loin pour te rattraper d'accord ? me rassura Hermès en posant une main sur mon épaule.

Je lui souris timidement, et ferme les yeux quelques instants. Le vent se lève et me pousse dans le vide. Lui aussi veut que je me lance. Je tremble de tous mes membres, et pourtant j'ai déjà sauté du haut d'une falaise. Seulement, il y avait la mer en-dessous et l'altitude n'était pas aussi importante.

Malgré la peur qui me ronge et qui me serre l'estomac, je me laisse tomber dans le vide, les bras écartés et les yeux fermés. Je sens l'air qui me fouette violemment le visage, alors que les sifflements dus aux frottements surviennent. J'imagine déjà le sol sous mes pieds, ou plutôt sous ma tête... Vais-je m'écraser ou bien voler ? Je creuse jusqu'au fond de moi pour trouver cette force qui me permettrait de me métamorphoser. Soudain, je sens quelque chose qui me chatouille le visage. On dirait...des plumes. 

AKENNA-TOME 1-La Mortelle divineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant