Chapitre 43

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Je traverse la cité, et observe les alentours avec émerveillement. C'est si beau, si grand, et le peuple a l'air tellement heureux. Athéna m'avait pourtant déjà décrit sa cité, mais je ne la voyais pas comme cela. Je pensais qu'elle exagérait, qu'elle cherchait à la mettre en valeur, mais elle avait raison. Tout ce que m'a dit la déesse de la sagesse est vrai. Je retrouve les marchés, comme ceux de mon enfance, les ruelles bondées, les chants des vagabonds, tout ce qui me rendait heureuse d'antan. Je monte jusqu'à l'acropole, où le palais se trouve non loin du temple d'Athéna.

L'escalade n'a pas été aussi dure que celle de mon enfance, lorsque je voulais rejoindre la falaise, face à la mer. Mes pensées vont pour mon père à ce moment-là. Tant de beaux souvenirs resurgissent. Il s'est passé tellement de choses cette année. La mort de ma mère, les retrouvailles avec mon père, la rencontre de mes amis, mon mariage, la quête de l'homme noir, l'arrivée d'Ectellion, mon enfant, et maintenant ma nouvelle vie à Athènes.

Une fois arrivée devant le palais, des gardes m'empêchent de passer.

« – Halte ! Tu n'as pas le droit d'entrer ici étrangère.

– Je ne suis pas certaine que votre déesse appréciera votre comportement à mon égard.

– Qui es-tu ?

– Akenna.

Les deux soldats écarquillent les yeux, puis finissent par baisser le regard.

« – Tu peux entrer déesse, mon roi t'attend. Je vais t'escorter.

– Je ne suis plus une déesse, dis-je d'une voix dure en entrant dans le palais. »

Je monte les longs et pénibles escaliers, tandis que le soldat me montre le chemin. Les colonnes se dressent par centaines, et sont aussi majestueuses que celles de l'Olympe. J'entre dans une cour, où des domestiques m'observent avec curiosité. Les couleurs se font plus vivantes, plus joyeuses, et de nombreuses fresques montrant l'histoire de la cité ornent les murs. Je longe ensuite un long couloir, où l'art mural devient de plus en plus beau. Me voilà à présent entrée dans un bâtiment, où le plafond est aussi haut que celui de ma chambre sur l'Olympe. Cela me rappelle tellement mon ancienne maison...

Nous montons de nouveaux escaliers, qui n'en finissent pas, et le soldat ouvre une grande porte en bois. Une fois à l'intérieur, mon regard se porte directement sur deux personnes, situées juste en face de moi. L'une d'elles est une jeune femme, qui doit être à peine plus âgée que moi. Ses longs cheveux bruns ondulés sont légèrement relevés, ses yeux marron me dévisagent avec curiosité, tandis que son sourire inspire la bienveillance. Elle est d'une extrême beauté. Cela ne peut qu'être la reine dont m'a parlé Athéna. À ses côtés, se tient un homme à la carrure imposante, et aux larges épaules. Ses cheveux roux plaqués en arrière lui donnent un charme, de même pour ses yeux marron clairs. Seule une légère cicatrice au-dessus de sa lèvre supérieure, assombrit légèrement son visage. Je m'arrête devant eux, puis m'incline.

« – Une déesse qui s'agenouille devant des simples mortels ? Je n'ai jamais vu cela, ria le roi.

– Ne dis pas de bêtises Agamédès, elle n'est plus déesse et tu le sais très bien.

La jeune reine se lève, et me tend sa main pour m'aider à me relever.

– N'écoute pas mon mari Akenna, il plaisantait. Je suis la reine Khione, et je t'ai vue en rêve.

– En rêve ?

– Oui. Athéna est venue me voir durant la nuit. Elle m'a prévenue de ton arrivée et de ta détresse. Je connais toute ton histoire.

– Alors...vous allez m'aider ?

– Bien sûr. J'admire ton courage d'avoir défié Hélios. C'est affreux ce qu'il a fait.

– Oui...

– N'aie crainte. Tu es en sécurité ici, et ton enfant aussi. Tu seras ma servante, mais surtout mon amie.

– Je vous remercie, grande reine.

– Suis-moi, je vais te montrer tes appartements. Tu as la chance d'avoir une chambre rien qu'à toi. »

La reine Khione me prend par la main, et me tire vers la sortie, tandis que le roi Agamédès lui lance un regard amusé. Nous traversons plusieurs couloirs, jusqu'à arriver enfin à une porte, que la reine ouvre en grand. Nous entrons dans une magnifique chambre, avec un superbe balcon juste en face de moi, une mosaïque sublime, un lit spacieux et une coiffeuse.

« – Votre majesté...

– Allons, ne réagis pas comme cela. Tu as déjà vécu dans une chambre similaire non ?

– Si...mais c'est trop d'honneurs, je ne peux pas accepter cela.

– Et si je te l'ordonne ? sourit la reine.

– Bon, dans ce cas, si c'est un ordre, je dois bien m'y plier.

La reine se met à rire, alors que je me contente de sourire. Arriverai-je à rire comme je le faisais si bien avec Ectellion un jour ?

– Bien. Je te laisse t'installer et te reposer. Tu en as besoin. À demain Akenna.

– Passez une bonne journée votre majesté. »

La reine s'éclipse, dans un dernier sourire. Quant à moi, je me dirige directement vers le balcon, mais me ravise au dernier moment. Il fait jour...et si Hélios pouvait me voir ? Je cherche dans les meubles, et trouve un voile de soie, transparent que je place sur ma tête, pour dissimuler au mieux mon visage. De là où il est, Hélios ne pourra à coup sûr me reconnaître.

Je m'appuis contre le muret, et examine la cité. J'ai tant à découvrir de cet endroit, qui a l'air si fabuleux. Mais je ne vois que l'aspect chaleureux et accueillant de d'Athènes, et j'en oublierais presque qu'un grand danger me menace. Devrais-je rester cachée toute ma vie ? Hélios est immortel, alors il sera encore là quoi que je puisse faire. Ma priorité est de cacher mon enfant, mais tout en continuant de vivre, et de profiter. Tout d'abord, je commencerai par faire mon deuil. Ectellion...tu me manques déjà tellement. Ton sourire, ton caractère que je détestais tant autrefois, mais dont j'ai appris à ne plus pouvoir me passer. La façon dont tu m'as embrassée lors de notre première nuit d'amour, qui m'a parue si courte. J'aurais tellement aimé pouvoir en passer davantage avec toi mon amour. Mais je suis certaine, qu'un jour, nous nous retrouverons dans la mort. Nous passerons l'éternité ensemble, et nous ne nous quitterons plus.

Malgré cela, ma vie continue. L'enfant que je porte en moi en est la preuve. Je te protègerai, au péril de ma vie, je t'en fais déjà la promesse. Hélios aura beau te chercher, il ne te trouvera jamais. J'ai l'impression que le pire est maintenant derrière moi, et que le bonheur pourra peut-être m'être accessible. Seulement...j'ai le sentiment cette histoire est loin d'être terminée...

AKENNA-TOME 1-La Mortelle divineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant