Chapitre 36

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« – Akenna...une seule personne peut connaître l'existence de ce passage. Le propriétaire de ce temple, ou bien l'architecte. Et comme tu l'as dit tout à l'heure, l'homme noir est un dieu.

– Ce n'est pas Hélios...

– Tu dois tout de même y penser, le tester avec ce poignard.

– Je l'aime, et je sais que ce n'est pas lui.

– C'est justement ton amour qui t'aveugle...

– Je te dis que ce n'est pas lui !!

– Tu dois comprendre Akenna...

– Non !

– Il se paye ta tête depuis le début !!

– Non, c'est toi le menteur. Tu fais semblant d'être mon ami, mais en réalité c'est pour me demander encore plus d'argent !

– Ce n'est pas vrai !

– Tu n'es qu'un égoïste Ectellion !!

– Arrête de dire n'importe quoi !

– Tu ne penses qu'à toi ! Depuis le début je n'arrive pas à te supporter ! Alors c'est toi qui te paye ma tête !

– Akenna !

– Tu es juste jaloux !!

– Oui je suis jaloux, mais c'est parce que c'est lui que tu aimes et pas moi ! »

Je reste bouche bée par ce que vient de me dire Ectellion. J'ai dû mal comprendre...oui j'ai dû mal comprendre.

« – Je t'aime Akenna, de toute mon âme, plus que tout au monde. Je ne voulais pas me l'avouer, mais tu me rends fou. Je peux tout faire pour toi. Vendre mon âme à Hadès, calciner dans les flammes des morceaux de mon âme, tout ce que tu me demanderas. Alors oui je suis jaloux, parce que malgré ce que tu viens d'apprendre, tu le soutiens et tu as toujours confiance en lui. J'aimerais que tu sois comme ça avec moi...

– Je dois y aller Ectellion.

– Oui, je le sais...

– J'espère tout de même, que tu trouveras ce que tu cherches. Mais ce n'est sûrement pas moi. »

Je sors du temple et me métamorphose pour remonter sur l'Olympe. La nuit ne va pas tarder à tomber.

Une fois arrivée dans ma chambre, je me laisse tomber sur mon lit, plus qu'épuisée de ma journée. Je me sens complètement perdue. Le froid commence à me submerger, ce qui me rappelle à quel point je suis seule. Je ne sais même plus qui croire... Ectellion m'a appris à me battre, aidée à résoudre l'énigme, et tout à l'heure m'a avouée ses sentiments. Seulement...étaient-ils sincères ? Mais Hélios, je l'aime, tout comme il m'aime. Il m'a appris à m'intégrer sur l'Olympe, aidée à retrouver le goût de la vie.

Alors qui croire maintenant ? Mon ami, ou mon amant ? Je ne sais plus qui je suis, ni ce que je veux. Peut-être qu'Hélios et mon père avaient raison. J'aurais dû me concentrer sur le présent au lieu de ressasser mes peurs et mon passé... Ectellion est peut-être égoïste, mais Hélios s'est énervé contre moi lorsque je lui ai parlé de mes visions. Il prétendait que ce n'étaient que des rêves, tout droit sortis de mon imagination. Mon propre mari ne me croyait pas, et ne me faisait pas confiance. Avait-il quoi que ce soit à se reprocher ? Et si Ectellion avait raison ?

Non, impossible. Hélios m'aime, il ne m'aurait jamais fait ça. Enfin...c'est ce que je me disais il y a à peine quelques minutes, et j'y croyais de toute mon âme. Mais maintenant...je dois être sûre. Je sors le tissu de la poche de ma robe, où était rangé le poignard. Comment réagira Hélios lorsqu'il le verra sur le lit ? Le soleil se couche, signe que mon mari ne va pas tarder à rentrer. D'ailleurs, des pas se font entendre dans le couloir. Je me cache en vitesse derrière la tapisserie, et attends patiemment.

« – Akenna ?

La voix d'Hélios m'appelant résonne à présent dans la chambre, signe qu'il est rentré.

– Akenna, chérie ? Où est-ce que tu...

Hélios s'arrête de parler, et un long silence s'installe.

– Qu'est-ce que c'est que ça ? demanda Hélios au bout d'un moment. »

Son ombre se rapproche du lit, jusqu'à ce qu'il arrive à hauteur du poignard. Le regard d'Hélios a changé tout d'un coup, et cela m'inquiète. Il a l'air terrorisé. Sa mâchoire se crispe, alors que ses poings se serrent.

« –Apollon !! s'écria Hélios.

Le dieu des arts arrive dans la chambre quelques secondes après.

– Viens ici, dicta mon mari.

– Que se passe-t-il ?

– Je peux savoir ce que le poignard fait ici ?

– Hélios je...je n'en sais rien du tout. Je te le jure !

– C'est toi qui l'as amené là ?

– Bien sûr que non enfin ! Je ne t'aurais jamais causé du tord !

– Où est Akenna ?!

– Je ne l'ai pas vue de la journée... Et Artémis non plus. Elle doit être partie quelque part.

– Bon, au moins elle n'a pas vu le poignard... Mais tu imagines si elle l'avait vue ?!

– Oui, je le sais.

– Déjà que j'ai du mal à la gérer avec ses visions, je n'ai pas besoin d'une preuve supplémentaire.

– Elle n'aurait pas compris. Elle ne t'a jamais soupçonné et cette idée ne lui viendra jamais.

– Si elle apprend ce que j'ai fait...elle ne me le pardonnera jamais. Et je n'ai pas fait tout ça pour la perdre c'est clair ?!

– Oui, oui, je le sais. Mais je te jure Hélios que je n'ai rien à voir là-dedans.

– Je l'espère. Parce que sinon tu sais très bien ce qui t'attend. »

Un torrent de larmes dévale mes joues, tandis que mes mains couvrent ma bouche pour ne pas crier. Ce n'est pas possible...je ne peux pas y croire. Hélios n'est pas un assassin. Il n'aurait jamais pu faire une chose pareille. L'homme noir ne peut pas être mon mari adoré. Ce poignard ne peut lui appartenir. Tout comme il ne représente pas le soleil obscur de l'énigme. Je ne sais plus quoi faire. Maintenant j'en suis sûre, je suis complètement perdue. Ectellion avait raison, et je l'ai repoussé... Parce que je n'ai pas voulu voir la réalité en face. Et maintenant que je la vois, je regrette tout.

AKENNA-TOME 1-La Mortelle divineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant