Chapitre 22

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Le lendemain matin, je me réveille alors que les rayons du soleil envahissent la chambre. Hélios doit être parti depuis un bon moment déjà. Je me lève et enfile une robe. Mes pas me conduisent au balcon, où je m'appuie contre le muret, et observe le paysage. Le ciel est toujours aussi bleu, alors qu'un léger vent vient me rafraîchir. Je souris en me remémorant la nuit que j'ai passé avec Hélios. Elle était mémorable.

Pour la première fois depuis quatre mois, je n'ai fait aucun cauchemar. Peut-être parce que je me sentais en sécurité dans les bras d'Hélios. Nous avons tellement parlé. Contrairement aux attentes d'Héra, nous ne ferons pas d'enfants tout de suite. Après tout, ne sommes-nous pas immortels ? Le temps qui passe est loin d'être notre priorité. Hélios a d'autres occupations, et moi un mystère à éclaircir. La vision du miroir remonte dans mon esprit, ce qui me fait replonger dans une certaine mélancolie. Je devrais retourner examiner le miroir afin d'obtenir de nouvelles informations, mais pas pour l'instant. Je préfère profiter de mes moments de bonheur, au lieu de replonger directement dans l'anxiété.

Mon regard se porte vers la terre, alors que j'entends les voix des mortels. Cela fait longtemps que je ne suis pas allée au marché, et j'aimerais retrouver cette ambiance. Je prends un voile, le positionne sur ma tête, et le maintiens avec des barrettes. Je descends ensuite les marches, pour rejoindre la grille et ainsi sortir de l'Olympe. J'aurais pu me métamorphoser et seulement observer les mortels, mais je préfère vivre le moment, pouvoir toucher, sentir et voir de près les produits que vendent les marchands.

J'atterris devant la pancarte indiquant le nom de la cité dans laquelle je me trouve. Larissa. C'est l'endroit le plus proche de l'Olympe où je trouverai un grand marché. J'entre dans la ville, alors que les habitants ne semblent même pas remarquer ma présence. Tant mieux, je préfère passer inaperçue et rester inconnue à leurs yeux. Je m'arrête à un étalage de poissons. Je me souviens du temps où je partais tôt le matin pour aller à la pêche. Cette pensée me fait sourire.

« – J'aurais tellement aimé y assister, dit une femme derrière moi.

– Oui, comme nous tous, répondit une autre.

– À ce qu'on dit la déesse était sublime.

– Un mariage divin, on ne peut pas y assister tous les jours.

– Akenna et Hélios seront un couple modèle, j'en suis certaine.

– Tu étais à la cérémonie du sacrifice hier ?

– Évidemment. Je voulais rendre hommage aux deux dieux. »

Je souris en entendant les deux femmes discuter de mon mariage. Moi qui pensais qu'il allait passer inaperçu, finalement mon hyménée est aussi connu qu'un mariage royal.

« – J'irai prier au temple de la déesse Akenna cet après-midi, reprit la première femme.

– Oui, moi aussi. »

Un temple à mon image ? Ici ? Je me tourne vers les deux femmes et leur demande la direction pour rejoindre le temple. Une fois toutes les informations en main, je suis le chemin indiqué par les femmes et finis par arriver devant un grand bâtiment, aux nombreuses colonnes aussi grandes qu'un Géant. Je gravis les quelques marches et pénètre dans le temple. Je ressens au fond de moi quelque chose de nouveau. Comme si mes pouvoirs venaient de s'intensifier. Voilà la preuve que les temples, tout comme les prières des fidèles sont importants pour nous les dieux. Une gigantesque statue est placée au centre du temple, alors que des restes de sacrifices sont disposés à ses pieds.

Je sors précipitamment du bâtiment, me rappelant que le marché ne va pas tarder à fermer. Si je veux en profiter, je ne dois pas traîner. Soudain je suis bousculée par un coup d'épaule qui me pousse contre un mur. Je grimace de douleur, alors que mon agresseur s'en va sans même s'excuser. Ma colère monte, alors que je poursuis le fugitif parmi la foule. Une fois à sa hauteur, je le prends par le bras et le tourne vers moi.

« – Tu m'as bousculée ! Tu pourrais au moins t'excuser !

– Oh mille pardons à sa majesté, se moqua-t-il.

Lorsque je vois le visage du fugitif, je grimace de nouveau, mais cette fois-ci de dégoût. Je fais immédiatement demi-tour, pour ne pas à devoir supporter le sourire immonde d'Ectellion. Mais alors que je longe une ruelle, une main vient me retenir. En me retournant, je vois que c'est encore Ectellion.

« – Et bien sa majesté ne doit pas partir ainsi. Je te fais peur ?

Le sourire moqueur qu'affiche Ectellion me donne envie de le voir se faire foudroyer, là, sous mes yeux. Mais je prends sur moi pour ne pas invoquer Zeus.

– Moi peur de toi ? Jamais.

– Alors pourquoi t'être enfuie ?

– Je ne me suis pas enfuie ! Je ne voulais juste pas te voir.

– Voilà que mon cœur se brise devant de telles paroles, ria Ectellion en faisant mine d'avoir mal à la poitrine.

– Bien, je vois que je t'amuse, mais j'ai à faire. Adieu.

– Attends. Tu ne m'as toujours pas dit ton nom.

– Mais qu'est-ce que ça peut te faire de savoir comment je m'appelle ?

– Et bien tu connais mon identité, mais moi je ne connais pas la tienne, ce n'est pas très juste.

– Que je sache tu ne t'es même pas excusé de m'avoir bousculée, alors je n'ai aucun compte à te rendre.

– Je te demanderai pardon si tu me donnes ton nom.

– Je me moque de tes excuses.

– Alors pourquoi te plains-tu de ne pas les obtenir ?

Je pousse un long soupir avant de passer mes mains sur mon visage. Ce type va me rendre folle.

– Ton nom, insista Ectellion.

– Galena, voilà tu es content ?

– Je ne connais aucune déesse du nom de Galena. »

Par réflexe j'ai un mouvement de recul. Comment peut-il savoir que je suis une déesse ? Mon apparence est pourtant plus humaine que divine.

« – Le collier que tu essaies de dissimuler est bien trop voyant, poursuivit Ectellion.

Mon regard se porte sur mon pendentif que je recache sous le tissu de ma robe immédiatement.

– Alors, je veux ton véritable nom.

– Je pourrais demander à ce que tu te fasses foudroyer sur-le-champ.

– D'accord. Alors vas-y, fais-le, je n'ai pas peur.

Il ouvre les bras tout en me fixant, un sourire provocateur toujours visible sur ses lèvres. Je vois bien qu'il n'a pas peur de ma menace.

– Akenna, je m'appelle Akenna. »

Sur ces mots, je pars en courant pour remonter sur l'Olympe.

*À très bientôt belle déesse*

Ses pensées font comme un écho dans mon esprit, alors que je me métamorphose en libellule et pars dans les airs, virevoltant parmi les nuages, et surveillée par le soleil. 

AKENNA-TOME 1-La Mortelle divineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant