Cela fait trois mois déjà que je vis à Larissa, toujours dans la maison d'Ectellion. Je me sens transformée, comme si j'étais une autre personne. Mais pas n'importe laquelle, l'enfant que j'étais autrefois. Heureuse, épanouie, comme reconstruite. Je dis bien comme, car en réalité la souffrance est toujours présente. Mais Ectellion est là pour me remonter le moral, me consoler et me rassurer. Sa patience a été des plus exemplaires. Je savais que je pouvais lui faire confiance, et j'en ai eu la preuve des centaines de fois. J'ai pu également apprendre à mieux le connaître, le comprendre, tout savoir sur son passé. Et aujourd'hui, il n'est plus le braconnier égoïste que j'ai connu il y a quelques mois de cela. Et j'en suis heureuse.
J'épluche des pommes de terre, que j'ai pu acheter au marché ce matin. Ectellion va être content, il adore ça. Cela me rappelle le nombre de fois que je suis allée acheter du lait de brebis à ma mère, qui en raffolait. Lorsque j'étais déesse, je ne pouvais pas faire cela. Certes certaines choses me manquent de là-bas. Comme les festins, les chants, les danses, mes amis, mon père... Je n'ai pas eu de nouvelles d'eux depuis trois mois. Mais c'est de ma faute. Je ne veux pas qu'ils me retrouvent, autrement Hélios accèderait aussi au passage qu'auraient ouvert les autres dieux. Je ne veux plus jamais le revoir. Pourtant le soleil se lève chaque matin, mais je n'aime plus l'observer, ni sentir sa chaleur sur ma peau comme avant. Tout est tellement différent maintenant...
« – Qu'est-ce que tu prépares ? me demanda Ectellion que je n'ai pas entendu entrer.
– Des pommes de terre.
– Hum, j'adore. Tu cherches à te faire pardonner de quelque chose ?
– Moi ? Pas du tout voyons. C'est juste que je voulais te récompenser d'avoir enfin abandonné ta profession de braconnier, et d'en avoir trouvé une autre plus...décente.
– Là maintenant, je ne sais plus si je dois être heureux ou dégoûté par tes paroles.
– C'est à toi de voir, dis-je en souriant légèrement.
– Oh, j'ai le choix ? Et bien dans ce cas, considère-moi comme furieux. Donc je te laisse dix secondes pour t'enfuir avant que je ne t'attrape.
– Quoi ?! Ectellion non.
– Dix.
– Je ne rigole pas.
– Mais moi non plus. Neuf.
– Ectellion !
– Huit, sept. »
Je commence à courir vers la sortie, tout en riant. Ectellion me fait souvent ce coup-là. Lorsque je suis triste, il commence par ses petites menaces, souvent des chatouilles, et me laisse ensuite dix secondes pour sortir. S'il finit par me rattraper (ce qui est très souvent le cas), il me torture de chatouilles jusqu'à ce que je ne puisse plus respirer. Mais cette fois-ci, il a choisi de s'amuser, tout simplement. Je me retourne, toujours en courant, poursuivie par Ectellion, qui ne me lâche pas d'une semelle. D'ailleurs, il se rapproche dangereusement de moi.
Le vent fait voler mes cheveux, et le fait de courir m'aide à évacuer la colère, je dirais même plus, ma rage. Soudain je sens qu'on m'attrape par la taille. Me voilà tirée en arrière, et tombée au sol, un autre corps juste à ma gauche. Ectellion rampe jusqu'à mon niveau, et grimpe sur moi. J'essaie de riposter, mais il me bloque les poignets au-dessus de ma tête.
« – Alors Akenna ? Qui est encore et toujours, le plus fort ?
– C'est toi, c'est bon, dis-je en riant. »
Soudain l'expression d'Ectellion change. Son regard se fait plus intense, tout comme ses mains qui agrippent mes poignets avec plus de fermeté. À ce moment-là, mon cœur se met à battre à la chamade. Ce sentiment...je ne l'ai pas ressenti depuis trois mois, et j'espérais ne plus jamais le rencontrer. Et pourtant je le sens naître en moi, mais cette fois-ci tout est plus fort, plus vrai. J'essaie de résister, mais il est bien trop puissant. Alors que le visage d'Ectellion se rapproche du mien, je frémis. Ma conscience me dit de fuir, mais mon cœur me supplie de rester. Les lèvres d'Ectellion rencontrent les miennes, tandis que mes yeux se ferment. J'ai toujours écouté ma conscience, et elle n'a fait que m'attirer des ennuis. Il est tant de changer de stratégie. Mes mains remontent jusqu'au visage d'Ectellion que je caresse. J'ai des papillons dans le ventre. Moi qui croyais qu'ils s'étaient éteints depuis... Ils étaient seulement restés cachés, attendant le bon moment pour refaire leur entrée.
« – Je t'aime Akenna »
Je veux qu'il m'embrasse encore, que ses lèvres restent collées aux miennes jusqu'à ce qu'une tempête nous oblige à rentrer. Ce moment, je viens de le graver dans ma mémoire, et ce à jamais. Les arbres autour de nous, forment comme une barrière protectrice, où rien, ni personne, ne peut nous faire du mal. Ectellion m'embrasse encore, et ce baiser est tellement plus merveilleux que le premier. Finalement, j'ai fini par m'éprendre de lui. Je ressens plus que de l'amour... C'est de la passion que j'éprouve. Maintenant je ne veux plus le quitter, car je sais que j'en mourrais si nous venions à être séparés. J'ai souffert une fois en amour, mais je sais que cela n'arrivera pas une deuxième fois.
« – Reste avec moi Akenna, pour toujours, je t'en prie.
– Tant que tu m'aimeras encore, je resterai.
– M'aimes-tu toi aussi ?
– Plus que tu ne puisses l'imaginer. Je le sais à présent. J'ai pourtant essayé de lutter...mais je ne peux plus te résister désormais.
– Akenna. Je te donnerai le bonheur que tu mérites tant.
– Mais je suis déjà heureuse Ectellion. Je veux seulement que tu me promettre une chose.
– Tout ce que tu veux mon cœur.
– Jure-moi de ne jamais me mentir.
– J'en fais le serment devant les dieux. Jamais de ma vie je ne te tromperai. Aucun secret entre nous désormais. »
Ectellion m'embrasse une nouvelle fois, avec une passion dévorante. Moi qui pensais ne plus jamais pouvoir retrouver le bonheur, finalement, on dirait bien que je me suis trompée. Car il est bien là maintenant, face à moi, en train de me démontrer son amour...tandis que les bretelles de ma robe quittent mon épaule...pour descendre quelque part plus bas...
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AKENNA-TOME 1-La Mortelle divine
ParanormalDans la Grèce antique, une jeune femme de sang-mêlé vit une existence simple de mortelle. Heureuse avec sa mère, mais se sentant néanmoins abandonnée par son père, Poséidon, elle pense rester parmi les Hommes toute sa vie. Seulement, la mort de sa...