Une fois habillée, coiffée et parfumée, je peux enfin sortir de ma chambre pour rejoindre mon père qui m'attend dans le vestibule. On m'avait fait préparer une robe en or, une couronne de feuilles de la même matière que ma tenue, ainsi que des petits bracelets et un collier doré. Quant à ma coiffure, les nymphes m'attachent seulement quelques mèches de devant pour dégager mon visage.
« – Qui a fait préparer cette tenue ?
– Nous n'avons pas le droit de te le dire déesse, répondit l'une des nymphes. »
Cela ne peut être que Poséidon. Qui d'autre aurait pu prendre une telle décision ?
Avec une nouvelle question en tête, je quitte ma chambre et marche jusqu'au vestibule où m'attend mon père. Lorsqu'il me voit, il écarquille les yeux de surprise, avant de laisser place à un grand sourire.
« – Tu cherches à plaire à quelqu'un en particulier ?
– Quoi ?! Mais non enfin. Et puis c'est toi qui as fait préparer cette robe.
– Pas du tout, je t'assure. Je pensais que c'était toi qui avais décidé de t'habiller comme ça.
– Les nymphes m'ont dit que c'était quelqu'un qui leur a donné des consignes. Et elles n'avaient pas le droit de dévoiler son identité.
– Étrange... En tout cas, tu es superbe.
– Merci. »
Poséidon plie son bras, et nous marchons bras-dessus bras-dessous jusqu'à la grande salle. Les portes sont déjà grandes ouvertes. On entend des rires, des chants et différentes sortes de discussions. Lorsque mon père et moi apparaissons dans la salle, les paroles cessent, les rires se taisent et les regards se braquent directement sur nous. Toutes les autres déesses portent une robe blanche, simple, mais sont tout de même bien maquillées. Seule Aphrodite porte une robe d'or, tout comme moi. Ses paupières sont maquillées de feuilles d'or qui la rendent encore plus magnifique qu'elle ne l'est déjà.
Artémis m'adresse un sourire et me fait signe de la main. Je me sépare alors de mon père et rejoins ma nouvelle amie. Nous discutons pendant longtemps des coutumes des dieux et de notre passé respectif. Je m'entends très bien avec elle. C'est une personne qui a énormément de caractère, mais qui sait aussi faire preuve d'une bonté exemplaire.
Prise dans ma discussion avec la déesse de la chasse, je n'ai même pas vue entrer Hélios. C'est Artémis qui me donne un petit coup d'épaule et me montre la direction où porter mon regard. Je reste subjuguée par la beauté de ce dieu, qui n'est semblable à aucun autre. Il a sa propre personnalité, son propre charme destructeur et son regard bien à lui.
« – Il te plaît, avoue-le.
– Artémis !
– Quoi ? Tu t'es vue en train de le dévorer des yeux ?
– De fixer qui ? »
Je sursaute en entendant une nouvelle voix se mêler à notre conversation. Hélios se tient juste devant moi, les bras croisés, son sourire aux lèvres, plus majestueux que jamais dans son chiton blanc et sa couronne dorée.
« – Heu...bredouillai-je, le gâteau au chocolat.
– Oh, répondit Hélios, visiblement déçu de ma réponse.
– Mais elle se retient de te regarder, ajouta Artémis. Vraiment elle prend beaucoup sur elle...
Je plaque ma main sur sa bouche tout en lui lançant un regard des plus noirs.
– Tais-toi, murmurai-je entre mes dents. »
Mais Artémis ne fait qu'éclater de rire sous ma main. Finalement, elle réussit à se dégager et à s'éclipser avant que je ne puisse la rattraper. Je ne veux pas qu'elle me laisse seule avec Hélios. Rien qu'à cette pensée je rougis déjà de malaise. Le dieu du soleil s'approche davantage de moi, alors que je recule contre le mur. Mon père nous regarde tout en fronçant les sourcils, visiblement prêt à intervenir au moindre signe de ma part.
« – Pourquoi recules-tu ?
– Je...
– Aurais-tu peur de moi ?
– Non.
– Tant mieux, parce que sache que je suis incapable de te faire le moindre mal.
– Pourquoi es-tu comme ça avec moi ?
– Préfères-tu que je m'éloigne ?
– Arrête de détourner la question et réponds-moi !
– Comme je t'ai dit la dernière fois, je te connais.
– Comment ?
– Zeus ne fait que t'observer.
– Quoi ? »
Je ne comprends aucune de ses paroles. Mais lorsque je regarde dans la direction de Zeus, je le vois assis sur son trône, en train de me dévorer des yeux. Comment Hélios a-t-il pu le voir sans même s'être retourné ?
« – Il t'intéresse ? demanda Hélios dont la voix s'est faite plus hostile.
– Bien sûr que non enfin ! C'est mon oncle.
– Et alors il a bien épousé sa sœur ce n'est pas une excuse. Alors est-ce qu'il te plaît ?
– Non mais c'est quoi cette question ?! Je n'ai pas de comptes à te rendre Hélios !! »
Sur ce, je le bouscule et me dirige vers le jardin, les poings serrés. Non mais pour qui il se prend ? Tout d'abord, Zeus ne m'intéresse guère et puis je n'ai pas à répondre à sa crise de jalousie inexcusable. On n'est pas mariés, ni même amants, alors je n'ai aucun compte à lui rendre. Ce dieu est peut-être magnifique à regarder, mais il se prend trop pour la merveille du monde où personne ne peut lui résister.
Je marche sur l'herbe humide, la rage aux joues. Quel prétentieux ! Soudain une poigne ferme me retient l'avant-bras. Lorsque je me retourne, je vois Hélios qui paraît frustré.
« – Je suis désolé Akenna, dit-il doucement.
– C'est oublié, je m'en moque de toute façon. Mais pour l'instant je ne veux pas te voir, alors laisse-moi.
– Non.
– Pourquoi ?!
– Parce que je ne veux pas.
– Respecte un peu mes volontés au lieu de jouer l'égoïste !
– Je sais très bien que tu ne veux pas que je m'en aille.
– Arrête de prendre tes désirs pour la réalité. C'est moi la déesse de la pensée pas toi. Tu ne peux pas lire en moi.
– Ce ne sont pas mes pouvoirs qui trahissent tes émotions, mais tes yeux. Je vois tout.
– Pour la dernière fois, laisse-moi Hélios !!
– Jamais. »
Je le sens tirer sur mon avant-bras et me plaquer contre son torse. Il est encore plus musclé que je ne le pensais. Ses mains me piégeant contre lui, mon visage à seulement quelques centimètres du sien, je suis prisonnière. Mais je ne sais pourquoi, je n'arrive pas à détester la cellule qu'on m'a attribuée. Alors qu'Hélios se rapproche de mes lèvres, mes yeux se ferment. Pourtant je veux les laisser ouverts, mais c'est plus fort que moi. Ce que je ressens alors, est bien plus puissant et plus délicieux que tout ce que j'ai pu connaître avant. Même le nectar et l'ambroisie ne peuvent égaler le goût sucré des lèvres du dieu du soleil...
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AKENNA-TOME 1-La Mortelle divine
ParanormalDans la Grèce antique, une jeune femme de sang-mêlé vit une existence simple de mortelle. Heureuse avec sa mère, mais se sentant néanmoins abandonnée par son père, Poséidon, elle pense rester parmi les Hommes toute sa vie. Seulement, la mort de sa...