Chapitre 18

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La nuit est à présent tombée, alors que je suis toujours sur le balcon, encerclée par les bras d'Hélios. Je sens son souffle chaud et puissant dans mon cou. La nuit est peut-être fraîche, mais le dieu du soleil me donne la chaleur nécessaire pour ne pas la sentir.

« – Je suis allée voir mon père cet après-midi, dis-je.

– Tu lui as parlé ?

– Oui, je lui ai dit pour le mariage.

– Et...il a répondu quoi ? »

Je le sens se crisper. Il a peur, alors qu'il paraissait tellement confiant ce matin. Le fait qu'il réagisse comme ça me montre à quel point le mariage compte pour lui, tout comme il est important pour moi. Je me tourne vers lui, alors que ses bras continuent de m'entourer.

« – Il a dit oui, et avait l'air vraiment heureux pour nous. »

Hélios pousse un long soupir de soulagement et rit nerveusement. Il m'attire encore plus contre lui et m'embrasse.

« – Je suis tellement heureux mon amour, chuchota Hélios près de mon oreille. Tu décores mon cœur, tu l'emplis de ton sourire, de ta joie, de ta beauté, de tout. Et je n'en deviens que plus amoureux.

– Je le sais. C'est grâce à ton amour que je n'ai pas sombré après la mort de ma mère.

– Elle...elle te manque ?

– Bien sûr.

– Mais...je suis là moi, je ne te laisserai jamais. Tu le sais ça ?

– Oui, je le sais. »

Je l'embrasse de nouveau, alors que les mains d'Hélios descendent jusqu'à ma taille. Ce que j'ai dit est vrai. S'il n'avait pas été là pour me réconforter, pour me faire rire, je ne serais pas la même qu'aujourd'hui.

« – Et je suis aussi très heureuse de me dire que dans très peu de temps je serai ta femme.

– Tu ne le regretteras pas ?

– Pourquoi dis-tu ça ?

– Le mariage est irréversible. Une fois prononcé il ne peut pas être effacé. Est-ce que tu m'aimeras toujours ?

– J'ai parfaitement conscience de ça. Hélios je t'aime et je t'aimerais toujours, quoi que tu puisses faire. »

Le sourire que j'aime tant voir se dessine sur le visage angélique d'Hélios. Des mèches blondes viennent se déposer sur ses yeux, alors que sa main se lève vers ma joue, qu'il caresse du bout des doigts. Nous nous tournons vers le précipice. Juste en-dessous de nous, s'arrête le mont Olympe. Des nuages nous cachent du monde des mortels, mais moi je peux distinguer les lumières des torches.

La main d'Hélios serre la mienne, alors que nos regards sont dirigés vers la même direction. Nous sommes tous les deux fascinés par les traditions des mortels, que j'ai connu toute mon enfance, et que lui voit tous les jours sur son char. Je me demande bien ce qu'ils peuvent faire.

Soudain je me sens tirée en arrière. Hélios m'entraîne hors de la chambre pour m'emmener je ne sais où.

« – Mais où est-ce qu'on va ? demandai-je.

– Je veux te montrer quelque chose. »

Nous voilà à l'extérieur, dans le jardin. Hélios prépare son char en vitesse, alors que je reste passive. Une fois les cheveux attelés, le dieu du soleil m'invite à montrer en me tendant sa main.

« – Viens, m'ordonna-t-il.

– Dis-moi d'abord où est-ce qu'on va à une heure pareille ?

– Oh ne me dis pas que tu as peur du noir, ria Hélios.

– Ce n'est pas l'obscurité qui m'effraie, mais toi.

– Alors tu n'as plus confiance en moi ?

– À mon plus grand malheur si. »

Je prends sa main, et me fais de nouveau tirer pour cette fois-ci me retrouver au devant du char du dieu du soleil. D'un coup de rênes, les chevaux partent au grand galop, et nous quittons la piste en quelques secondes.

« – C'est la deuxième fois que tu me kidnappes comme ça.

– Je te rappelle que tu m'as volé mon cœur, alors j'ai le droit de te kidnapper toute entière. Et puis la première fois as-tu été déçue par ce que je t'ai montrée ?

– Non...

– Bon, alors laisse-moi faire déesse. »

Il me dépose un baiser sur la joue et se concentre sur sa trajectoire. Hélios fait monter le char encore plus haut dans le ciel, comme si nous allions chercher le soleil. Pourtant il doit rester quelques heures avant que la boule de feu ne se lève.

« – Tu veux aller chercher le soleil ? demandai-je.

– Bien sûr que non, il est bien trop tôt.

– Alors où est-ce que tu m'emmènes ?

– Tu vas voir.

– Pourquoi tu souris ? demandai-je en me tournant vers lui.

– Tu vas voir.

– Hélios ?!

– Tu vas voir je te dis.

– Qu'est-ce que tu prépares encore ?!

– Tu vas voir, dit le dieu du soleil en riant. »

Je pose ma main sur son front, pour deviner ses pensées. S'il ne veut pas me le dire, et bien je le découvrirai moi-même. »

*On va descendre en pic dans quelques secondes*

« – Non, je t'interdis de faire ça, dis-je à Hélios.

Le dieu ne fait que sourire et rire de plus belle. Oh non, il va vraiment le faire.

– Accroche-toi ! »

Je me mets à crier et à m'agripper au buste d'Hélios tout en plongeant mon visage dans son cou. Je sens l'air frais me fouetter les joues, alors que ma respiration se coupe. Hélios me prend la main et la porte à son front.

*Ne ferme pas les yeux mon amour*

Je lui obéis et ouvre les paupières. À quelques mètres sous nos pieds, le sol est éclairé par des torches, qui délimitent comme une sorte de chemin. Je suis la ligne de flammes du regard, jusqu'à un bâtiment. Un temple.

« – Où est-ce qu'on est ? demandai-je.

– À Pylos.

– Ils ont construit un nouveau temple. Je ne l'ai jamais vu avant.

– Oui, mais pour qui à ton avis ?

– Je n'en sais rien. On ne vénérait pas de dieu en particulier.

– Et bien maintenant cette ville est placée sous ta protection.

– Tu veux dire que...

– Oui, c'est toi qu'ils vénèrent. Ce temple t'est dédié. »

Je reste bouche bée. Je ne pensais pas qu'un jour on me dédierait un temple. C'est sûrement grâce à Chrysostom. Je lui dois tellement pour tout ce qu'il a fait et tout ce qu'il fait encore. Un sourire s'étire, alors qu'Hélios colle ses lèvres contre ma joue et murmure :

« – Tu vois mon amour, un avenir glorieux nous attend. Plus jamais tu ne connaîtras le malheur. »

Je ferme les yeux, alors qu'Hélios reste tout près de moi. Et c'est ce que je veux, qu'il ne parte plus jamais. Je préfère mourir plutôt que de devoir me séparer de lui. À présent j'ai un nouvel objectif, protéger Pylos, qui est maintenant placée sous ma protection. Les habitants m'ont choisi moi, et je ferai tout pour ne pas les décevoir. 

AKENNA-TOME 1-La Mortelle divineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant