Chapitre 11

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« – Pourquoi as-tu fait ça ? demandai-je ressentant déjà le manque de ce goût céleste.

– Et toi pourquoi ne m'as-tu pas repoussé ? »

Je reste silencieuse face à cette question, parce que je ne trouve aucune réponse. Il y a à peine une minute, je le détestais, mais à présent je veux rester dans ses bras toute ma vie. Nos regards sont ancrés l'un à l'autre. Je ne le connais que depuis seulement un jour, et pourtant j'ai l'impression de l'avoir côtoyé toute ma vie. Quelle est cette sensation étrange ?

« – Que nous as-tu fait Éros... murmura Hélios sans me quitter des yeux.

– Je...je dois rejoindre mon père. »

Je me libère des bras d'Hélios et me précipite à l'intérieur, là où le dieu ne fera plus aucune tentative pour m'approcher.

Une fois dans la grande salle, j'ai l'impression que personne n'a remarqué notre absence, pas même mon père qui boit du nectar en riant avec Zeus.

« – Quelque chose ne va pas mon enfant ? demanda une voix à la fois douce et sévère. »

Héra se tient dans toute sa splendeur. Ses cheveux châtains clairs sont relevés dans une coiffure parfaite, sa robe blanche, ceinturée d'or lui va à ravir tout comme son imposante couronne.

« – Tout va très bien Héra, affirmai-je tout en souriant d'un air forcé.

– J'en suis heureuse dans ce cas. Viens marcher un peu avec moi. »

Il faut savoir qu'Héra est la déesse la plus crainte de toutes les divinités. Elle peut être juste et généreuse, mais aussi cruelle et vengeresse. Son bras autour du mien, nous traversons la salle, alors qu'un peu plus loin, j'observe Hélios revenir. M'adressant un dernier regard qui contrairement à d'habitude semble triste, il se dirige vers Apollon.

« – Alors dis-moi, tu te plais ici ? me demanda finalement Héra.

– Je ne suis ici que depuis un jour tu sais, je ne peux pas encore avoir de jugements.

– Je suis parfaitement d'accord. Ne jamais juger ce que l'on voit trop hâtivement. Il en est de même pour les personnes.

– Bien sûr...

– Je t'apprécie beaucoup tu sais. Voilà pourquoi je vais te donner un conseil.

– Lequel ?

– Ton pouvoir va accroître de jours en jours. Mais pour gagner en puissance, il faudrait que tu t'unisses.

– Que je quoi ?

– Te marier.

– Mais avec qui ?

– Et bien, dans ton cas je pensais à Hélios. Il a gagné sa place à l'Olympe et mon mari l'apprécie beaucoup. Crois-moi, ton pouvoir se fera encore plus grand, tout comme ta renommée.

– Mais je ne cherche pas cela.

– Je le sais. Moi non plus au début je ne le voulais pas. Mon vœu était de rester vierge tout comme ma sœur Hestia, mais mon destin en a décidé autrement. Et me voilà, reine de l'Olympe, encore plus forte que jadis.

– Ma position me suffit...

– Pour le moment. Mais un jour il faudra bien que tu songes à une progéniture.

– Pardon ?

– C'est le rôle de toutes les femmes. Être fidèle à leur mari et donner naissance à des enfants.

– Curieuse façon de voir les choses.

– Ce n'est que la vérité Akenna.

– La tienne, mais pas la mienne. Je ne veux pas me marier pour accroître mon pouvoir et faire des enfants, parce que je le dois.

– Ne fais pas de mauvais choix comme ton père.

– Mon père est très heureux de ce qu'il a fait et nous avons la même opinion. À présent, je te demande de bien vouloir m'excuser. »

Après avoir prononcé ces derniers mots, je me sépare du bras d'Héra et quitte une nouvelle fois la grande salle pour cette fois-ci rejoindre ma chambre. J'ai peut-être offensé la reine déesse en la quittant ainsi, mais je n'en ai que faire. Ce n'est pas parce qu'elle est impressionnante que je dois me plier à ses moindres volontés. Je ne veux pas me marier, du moins pas encore et surtout pas avec n'importe qui.

Je m'écroule sur mon lit, comme si on m'y avait violemment poussée. Dans un long soupir, je ferme les yeux, fatiguée de cette journée. J'ai besoin d'un peu de tranquillité. Loin des dieux, des fêtes, et d'Hélios. Je finis par ouvrir les yeux et me placer devant le miroir. J'ai besoin d'apprendre à maîtriser mes pouvoirs, avant qu'ils ne deviennent trop puissants et incontrôlables. Je pose ma main sur le verre glacé et là, il commence à se troubler, à onduler comme s'il se transformait en eau.

Soudain quelque chose apparaît et plusieurs sons se font entendre. Je vois un vieil homme, qui doit être un oracle. Quelqu'un d'autre entre, mais je n'arrive pas à savoir qui.

« – Alors tu as réfléchi à ma question ? demanda une voix grave.

– Tu m'en as laissé largement le temps, grand seigneur.

– Bien. Dans ce cas quelle est ta réponse ?

– Une jeune fille va naître. Elle sera de sang-mêlé, mais rejoindra l'Olympe un jour.

– Quand ça ?

– Lorsqu'elle sera prête.

– Ce n'est pas une réponse.

– Ne te fâche pas grand seigneur. Je te dis ce que tes pères me transmettent, je ne puis t'en dire plus sur elle.

– Décidément tu ne sers à rien ! »

À ses mots, l'individu dégaine son glaive et égorge l'oracle. Qui peut-être cet homme si cruel ? Et cette fille qu'il cherchait...qui est-elle ? Quand cet évènement s'est-il déroulé ? De nouvelles questions chamboulent mon esprit. Je ne pensais pas pouvoir voir ce genre de choses. Je voulais simplement tester, pour voir ce qu'il se passait. Décidément mes pouvoirs son encore plus grands que je ne l'imaginais.

Dehors, la nuit est tombée et les étoiles se sont levées. Je décide alors d'aller dormir, espérant m'alléger l'esprit. Tant de mystères se sont présentés depuis mon arrivée. Comment Hélios prétend-il me connaître alors que moi pas ? Pourquoi Apollon est-il si distant avec moi ? A-t-il quoi que ce soit à se reprocher ? De quoi suis-je capable avec mes nombreux pouvoirs ? Serai-je à la hauteur des attentes de ma mère ?

Sur cette dernière pensée, le faible vent me berce, et je m'endors en me demandant ce que demain pourrait bien me réserver.

AKENNA-TOME 1-La Mortelle divineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant