AKENNA-TOME 1-La Mortelle divine

Chapitre 9

L'après-midi, je décide de sortir pour visiter un peu le domaine. C'est en quittant le bâtiment, que je tombe directement sur un jardin magnifique. Décidément, tout est parfait ici. Les arbres sont aussi grands que des géants, donnant un coin d'ombre contre leur tronc, une magnifique fontaine déversant de l'eau fraiche, une herbe douce, verdoyante et bien taillée, et des fleurs de toutes les couleurs. Je m'assois près de la fontaine et remarque un peu plus loin, une sorte de piste de terre. À quoi sert-elle ?

« – Salut. »

Je sursaute en voyant Artémis se poster juste devant moi. Son sourire angélique la rend encore plus belle qu'elle ne l'est déjà. Ses longs cheveux châtains et ondulés, sa peau pâle, sa bouche rouge et ses yeux noisette font d'elle une vraie déesse. À la fois belle, intelligente et impressionnante par son arc qu'elle porte sur son épaule, on ne peut l'égaler.

« – Je ne voulais pas te faire peur, ria-t-elle.

– Non, c'est moi. J'étais pensive.

– Je peux m'asseoir ?

– Bien sûr.

Elle s'installe près de moi sur le rebord de la fontaine, et nous regardons toutes les deux le sol durant quelques secondes jusqu'à ce qu'Artémis reprenne la parole.

– À peine arrivée et tu te fais détester par Aphrodite, ricana-t-elle.

– Elle l'a cherchée aussi.

– Ça je veux bien le croire.

– Et puis, ce n'est que la vérité non ?

Artémis se met à rire bruyamment. Elle secoue la tête puis me regarde droit dans les yeux.

– Tu as un sale caractère toi hein ?

– On peut dire ça oui.

– Je sens qu'on va bien s'entendre sur un certain nombre de choses toi et moi. »

Une nouvelle personne apparaît. Il arrivait tout souriant, mais lorsqu'il nous a vues, il a tout de suite fait demi- tour pour rentrer.

« – Qui est-ce ? demandai-je.

– Mon frère, Apollon.

– Pourquoi est-il rentré si précipitamment ?

– Je n'en sais rien. Peut-être qu'il a oublié quelque chose. »

C'est sans doute ça, enfin j'imagine, je ne le connais pas encore. Je l'ai seulement aperçu dans la grande salle où il est resté muet telle une tombe. Étrange.

« – À quoi sert cette piste là-bas ? questionnai-je.

– C'est Zeus qui l'a faite construire pour le char d'Hélios. Il espérait que son « grand ami » viendrait plus souvent lui apporter ses conseils.

– Il l'aime beaucoup alors.

– Ça oui. Il le considère comme son fils depuis toujours.

– Mais pourtant, Hélios était là avant Zeus non ?

– C'est vrai. Seulement, le dieu du soleil paraît en apparence plus jeune que Zeus. Et puis, l'âge ne compte pas chez nous. C'est plutôt notre physique qui distingue notre âge en quelque sorte.

– Je vois. J'ai beaucoup de choses à apprendre.

– Ne t'en fais pas. Tu m'as l'air très intelligente alors tu assimileras vite nos leçons. »

Soudain, plusieurs hennissements se font entendre. Le vent se lève alors qu'un char en or s'approche de la piste. Là, il se pose au sol avec une telle maîtrise qu'on dirait que le conducteur a fait ça toute sa vie. Hélios débarque de son attelage, et en me voyant, son visage rayonne d'un sourire satisfait.

« – Tiens, on dirait que le célèbre dieu du soleil n'est pas insensible à ton charme. Je vous laisse dans ce cas, ria Artémis en s'éclipsant. »

Je me lève pour rejoindre Hélios, alors que celui-ci caresse le front d'un de ses quatre chevaux blancs ailés. Lorsque j'arrive à sa hauteur, je porte ma main entre les deux oreilles d'un autre cheval qui colle son museau contre ma poitrine.

« – Il t'aime bien on dirait. C'est rare...

– Ils comprennent que je ne leur veux aucun mal.

– Beaucoup de personnes veulent seulement les caresser, mais dès qu'ils s'approchent les chevaux baissent leurs oreilles et se mettent prêts à attaquer.

– Ils ont peur de ceux qu'ils ne connaissent pas.

– Mais pas de toi.

– Comment ça se fait ?

– Tu communiques avec eux par la pensée, je suppose. N'oublie pas que c'est un de tes pouvoirs.

– Ah oui, c'est vrai. J'avais oublié ce détail. Mais je ne sais pas vraiment comment l'utiliser à vrai dire.

– Mets ta main sur mon front, je vais te montrer.

– Mais, je croyais que les dieux ne devaient pas utiliser leurs pouvoirs entre eux.

– Oublie ces stupides règles inutiles. Et puis je suis d'accord pour que tu le fasses, ce n'est pas comme si c'était une agression.

– Bon, alors d'accord. »

Je m'avance vers Hélios jusqu'à être assez proche pour pouvoir déposer ma main sur son front. Il est brûlant. Mais en même temps c'est le dieu du soleil, alors il est normal qu'il soit aussi chaud. Je ferme les yeux pour mieux me concentrer. Et c'est là que j'entends, comme une petite voix qui murmure à l'intérieur de moi. Elle émet des échos, comme si on se trouvait enfermés dans une vaste grotte. Cette voix ressemble à celle d'Hélios, et pourtant je sais bien que ce n'est pas lui qui parle.

*Si tu peux m'entendre, sache que je te trouve plus magnifique qu'Aphrodite elle-même.*

Je retire ma main, surprise de ce que je viens d'entendre.

« – Elle ne peut pas entendre n'est-ce pas ? demandai-je inquiète.

– Heureusement non, autrement j'aurais déjà été transformé en escargot.

Je ris aux éclats alors qu'Hélios passe une main dans ses cheveux d'or.

– Hélios, tu pensais vraiment ce que tu disais ?

– Ah mais je n'ai rien dit, ria ce dernier.

– Tu vois très bien de quoi je parle.

– Et bien si tu veux savoir, ce que je pense n'est que la stricte vérité. »

Je me sens une nouvelle fois rougir, comme si on plaçait une torche juste sous mes yeux et que la chaleur faisait cuire ma peau. En même temps, c'est la première fois qu'on me fait des avances. Et ce n'est pas n'importe quel homme, c'est un dieu. Son visage reflète la chaleur et l'éclat du soleil. Ses yeux ensorceleurs sont aussi bleus que le ciel. Même dans son physique, on y retrouve une partie de son environnement. Le soleil et le ciel.

« – On se voit au festin de ce soir, me dit Hélios alors qu'il commence déjà à s'élancer à l'intérieur. »

Je n'ai même pas le temps de répondre que le dieu du soleil a déjà disparu. Quant à moi, je reste encore quelques minutes avec les chevaux, avant de rentrer à mon tour pour me préparer. Ce soir, ça sera ma première soirée de festin. À ce qu'on dit, les dieux se nourrissent essentiellement de nectar et d'ambroisie. C'est ce qui assure leur immortalité. Je saurais enfin si toutes ces légendes et rumeurs sont vraies. Maintenant que j'ai rejoint l'Olympe, il y a tellement de mystères que je serai capable d'éclaircir avec le temps et l'expérience.