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Lily

Nuit dimanche à lundi

Le bruit de ma porte qui grince me réveille, mais je sais que je ne dois pas bouger d'un centimètre. Si je fais semblant de dormir, il s'en ira peut-être? Je sais qu'espérer est vain, pourtant, je ne peux m'empêcher de me dire qu'un jour, il arrêtera. Son poids sur le lit me fait bouger, mais je ne cille pas, même lorsqu'il glisse sous les couvertures. Même lorsque ses mains trouvent mon ventre. Même lorsque.. Je ferme les yeux aussi fort que possible, suppliant qui puisse m'entendre pour m'envoyer de l'aide, mais personne ne vient me sauver. Je finis par ne plus tenir, je me débats, hurle, frappe, mais rien n'y fait, toutes tentatives ne lui donne que plus envie de me faire du mal. Il finit par m'attraper par les cheveux et par me trainer sur le sol où il frappe mon petit corps de ses poings. Je ne peux m'empêcher de pleurer, et ça l'énerve encore plus. Il me rue de coups, frappe sur d'anciennes ecchymoses, martèle de ses poings en me hurlant de la fermer. Ma respiration est coupée, rythmée par ses coups, mon sang pulse dans mes tempes, je vois trouble. Et puis, comme je finis par n'être qu'un petit corps suppliant, il m'attrape dans ses bras et m'emmène dans son bureau. J'entends les quatre bips, et la lourde porte blindée qui se déverrouille, je sais qu'il va m'enfermer, mais je n'ai plus de force. Finalement, après m'avoir posée sur le petit lit, bordé, et chanté une berceuse, il m'enferme. Il allume la musique classique, et part dans sa chambre. J'essaye de me lever, mais c'est peine perdue, mes jambes sont trop tétanisées pour supporter mon poids. Les sanglots m'étouffent et l'air me manque.

Je me relève soudainement, je suis dans ma chambre, et pourtant, l'air me semble compact, mes poumons semblent manquer à l'appel, les murs se rapprochent, encore, encore. Il faut que je sorte, il faut que je respire l'air frais, il faut que je respire tout court. Je me lève et marche dans la pièce qui tangue, j'ouvre la porte, la lumière du couloir s'allume, je fais quelques pas, cherchant désespérément de l'air. Ma vue se brouille, non seulement de larmes, mais aussi de points noirs. Je me retrouve au sol, ma tête cogne le parquet, je vois une porte s'ouvrir, une silhouette, puis, plus rien.

Je me réveille en sursaut en m'asseyant. L'air emplit mes poumons et un gant tombe sur le drap qui me recouvre. Je mets quelques secondes à remettre les événements en place. Lorsque je tourne la tête, mon regard croise celui de Graam. Il est assis au sol et joue avec son briquet, l'allume, l'éteins, le fait rouler entre ses doigts. Instinctivement, je me recouvre le corps, et vérifie que je suis bien habillée.

-T'en fais pas, si je t'avais baisée, je serais allongé avec toi sur le lit.

Je ne relève pas, mais je ne peux m'empêcher de rougir légèrement. Ses cheveux noirs lui tombent dans les yeux, et ses muscles se bandent en faisant bouger ses tatouages lorsqu'il se lève pour s'asseoir au bord du lit. Cette fois, j'aperçois nettement les cicatrices sur sa peau. Certaines sont couvertes par de l'encre, d'autres déchirent des tatouages, il y en a de toutes tailles, et je suis à deux doigts d'en toucher une quand je réalise qu'il me fixe intensément.

-Pourquoi tu fais ça? Demande-t-il en désignant d'un coup de menton mes avants-bras enfouis sous le drap.

Je n'ai pas envie de lui répondre, comment peut-il poser une question si indiscrète de la sorte?

-Ce ne sont pas tes affaires.

—Oh mais elle parle !

Je ne réponds pas et me lève brusquement. Il m'imite et s'approche dangereusement de moi.

-Pourquoi tu fuis toujours? Pourquoi tu me fuis?

Je soutiens son regard et ignore sa question. Ca semble évident non? Il est tellement.. Tellement.. Je ne trouve même pas d'adjectif.

Cygnes, dans l'ombre, la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant