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Edward

Lundi

Ce matin, après les cours, je me dirige vers le gymnase. Connaissant Ruby elle est sûrement à la boxe ou à la lutte. Je me presse dans les couloirs, je croise des anciens qui me serrent la main ou me saluent de loin. Je ne m'occupe pas vraiment d'eux. Je n'ai pas le temps.

Je cours presque pour atteindre la salle d'entraînement. J'arrive dans l'enceinte du gymnase, monte à l'étage. La porte est entrouverte, on entend des bruit de lutte, des respirations puissantes, des cris d'encouragement. J'entre et m'appuie contre le mur. Et là, comme un fauve en pleine lutte, je la vois. Je la vois torturer un grand black assez costaud.

Le combat est violent, mais elle ne lâche rien. Elle reste concentrée sur son combat, bondissant. Elle finit allongée sur le black, et je ressens une pointe de jalousie : elle n'a jamais été aussi proche de moi.

Elle le met KO. Comme d'hab. C'est bien la Ruby que je connais, elle n'a pas changé. Elle a toujours la rage de vaincre. Elle est là, en train de laminer quelqu'un, je la retrouve comme si je n'étais jamais parti ! Elle est plus forte et plus féroce qu'avant, la miss.

Elle triomphe, mâtant l'assemblée comme autant d'adversaires potentiels. Et puis elle m'aperçoit. Je la regarde, lui sourit, et lui fais un clin d'oeil. Et je quitte la salle, espérant qu'elle va me suivre.

Elle me rejoint dans les toilettes. Elle entre, transpirante encore de son combat. Elle a un coquard, mais ses yeux bleus perçants sont rieurs et un sourire flotte sur ses lèvres teintées de rouge sombre.

-Salut miss, je dis doucement.

Ma voix tremble légèrement, laissant paraître plus d'émotion que je ne l'aurais souhaité. Je la vois, je la contemple, je la bouffe du regard. Elle est toujours aussi belle, son sourire n'a pas changé. Ses cheveux sont retenus en chignons, mais les pointes sont toujours bleu ciel. Elle est plus maquillée, plus féminine que quand je suis parti. Sa tenue dévoile son ventre, mais je n'ose pas regarder. Je sais que cela m'enflammerait, et je ne veux pas l'effrayer. Putain c'est deux ans passés loin l'un de l'autre était affreux. Que je suis heureux de la revoir ! Elle me regarde quelques secondes avant de s'approcher précautionneusement. Elle paraît plus sûre d'elle, plus confiante. J'ouvre mes bras, et elle vient contre moi. Je la serre, je voudrais qu'elle reste là, éternellement.

-Ca fait du bien de te voir miss, je murmure à son oreille.

Si elle savait combien je suis heureux de la retrouver, combien je suis ému de la tenir contre moi. Je la ferais bien tournoyer dans les airs, je l'embrasserais bien, là, tout de suite, mais je me reprends et reste calme.

-Toujours en train de t'en prendre aux plus faibles? Je la taquine.

-T'a gueule, abruti, dit-elle en souriant

Comme un con, je la prends à nouveau dans mes bras. Elle est chaude, elle sent bon. Elle est si fine malgré sa musculature... Je ne l'avais jamais tenu si proche de moi. Seigneur que cette étreinte me fait plaisir !

-Retourne combattre miss, je ne voudrais pas déranger « la tigresse » , dis-je en ricanant.

-T'es vraiment con, Edward. Attends-moi à la sortie du gymnase.

Et la voilà repartie en un saut. Je frissonne de plaisir : elle ne m'en veut pas. Elle est heureuse de me retrouver. Malgré cette joie qui m'envahit, je ne peux m'empêcher de ressentir de la culpabilité. Quel connard j'ai été, de l'avoir laissée seule. J'espère qu'on pourra en parler sincèrement. Je dois m'excuser, je ne veux pas la perdre de nouveau.

Je sors de l'enceinte du gymnase et allume une cigarette. Un sourire niais couvre mes lèvres. Je me pose et l'attends. Mille et une question trottent dans ma tête. Est-ce que je lui ai manqué autant qu'elle m'a manqué ? Faut-il que je lui dise que je l'aime plus que tout ? Non. Savourons d'abord ces retrouvailles tant attendues.

Elle ne tarde pas à me rejoindre, vêtue d'une robe assez courte qui dévoile ses jambes métisses. Elle porte des talons. J'ai toujours aimé quand elle en met. Elle est si belle putain ! Elle a le sourire aux lèvres.

-Qui as-tu démonté cette fois ? Je demande calmement. Ton oeil a pris une belle couleur brune.

-Oh ! Juste un petit con qui m'avait mal parlé. Il a pris plus cher que moi, crois moi.

Nous rions ensemble, comme avant. Et ça fait du bien.

Rio

On est dans la salle de perm avec Isac et Marley. Comme Marley est collée à son carnet de dessin, Isac et moi, on parle de notre jeu vidéo préféré. Nous échangeons diverses astuces. Puis, voyant que Ruby n'arrive pas, Isac propose d'aller au foyer. J'interromps Marley dans son dessin.

-On va au foyer Marley. Tu acceptes de me défier au baby-foot?

-Ouais...ouais ok, tu vas voir je vais te laminer, dit-elle d'une voix préoccupée.

Avant de sortir, Isac aperçoit Lily-Jane et lui propose de venir jouer avec nous. Je renchéris :

-C'est vrai, on a besoin d'être quatre pour faire une vraie partie !

Elle prend du temps pour répondre. Je la regarde intensément, attendant une réponse. Après ce qui me parait une éternité, elle hoche finalement la tête et se lève doucement. On se dirige tous les quatre vers le foyer. On croise les deux filles d'hier, qui ricanent en voyant Lily.

-Vous avez un problème ? Demande Marley sur la défensive.

-Euh, excuse-moi, mais tu es qui dans ce centre? Lui répond l'une des filles de façon super hautaine.

-Celle qui va te faire redescendre de ton piédestal en carton. Laissez-la tranquille, ordonne Marley.

-C'est à moi que tu parles comme ça ? Pauvre fille, retourne d'où tu viens !

Je ne suis que spectateur de la scène, mais je perçois la colère dans les yeux de Marley. Je décide de mettre fin à ce bordel.

-Marley, ne perds pas ton temps avec ces deux vipères , je dis simplement.

Je lui prends le bras avant qu'elle saute sur les deux pétasses pour leur arracher les cheveux.

-Calme toi Marley, elles n'en valent pas la peine, reprend Isac.

Elle se calme légèrement et nous entrons dans le foyer. Isac va chercher une balle et nous nous plaçons autour du baby-foot : Marley / Lily contre Isac et moi. On joue pendant une bonne heure, on rigole bruyamment, sauf Lily, qui lâche des petits rires discrets. Elle est vraiment mystérieuse, mais d'un autre coté elle est adorable. Elle a l'air si fragile...

Finalement, nous gagnons. Marley affiche une petite mine boudeuse (elle est mauvaise perdante, assurément ) mais quand je me tourne vers Lily-Jane, je ne vois qu'un regarde vide, sans expression.

-Marley arrêter de bouder, je ricane

-Non mais vous inquiétez pas les gars, c'est la chance du débutant ! On verra la prochaine fois, dit-elle fièrement.

Je lance un regarde amuser à Isac, comme si elle allait nous battre ! On se place à une table puis Marley retourne à son dessin et Lily s'assoit à ses côtés sans un mot.

-Un contre un ? Me balance Isac

-Et comment !

Et nous revoilà lancés dans une partie endiablée. Le match est serré. Isac est un bon joueur, mais je ne me laisse pas faire. Nous sommes à quelques secondes de la fin du match, lorsqu'on entend un rire, franc et féminin. Isac s'arrête et je marque le point décisif.

"-Yes ! Je crie, heureux de ma victoire."

Mais quand je vois mon coéquipier le regard enraciner vers la porte, je me retourne intriguer.

Cygnes, dans l'ombre, la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant