Cygnes, dans l'ombre, la lumière

42•

Christopher

Vendredi

Je me lève, et remarque que je suis encore dans cet endroit de malheur. Bordel, j'en ai marre de cet endroit, j'ai un putain de rendez-vous en plus ce matin pour parler de « mes excès de colère et de violences » et évidemment de la drogue, sinon c'est pas drôle, vraiment naze. Je préférais largement rester enfermé dans cette chambre toute la sainte journée.

Mais connaissant ces surveillants de merde, ils seraient capables de venir me chercher par la peau du cul pour ce putain de rendez-vous. Je souffle, j'ai réellement envie de me tirer d'ici.

Je me lève a contre-coeur et part jusqu'aux douches. Je rentre rapidement dans une cabine libre et me douche, laissant l'eau coule sur ma peau le plus longtemps possible, sûrement pour repousser l'échéance de ce rendez-vous merdique.

-Oh bouge ton cul t'es pas tout seul ! Lâche une grosse voix de l'autre côté.

Je souffle, ils vont tous me faire chier ce matin? J'éteins l'eau à contre-coeur, je mets ma serviette autour de ma taille et sors de la cabine, le visage fermé.

-T'es pas chez ta mère ici, balance un grand gars, assez baraqué.

Ses mots résonnent en boucle dans mon esprit et il m'énerve tellement que je lui fous mon poing dans la gueule. Malgré ses gros muscles, il recule de quelques pas surpris par le choc. Son nez saigne, tant mieux.

-T'as fait quoi là ? Il balance, son visage devenant rouge de colère.

Je lui chope le col de son teeshirt et lui offre mon plus beau regard noir.

-Parle encore une fois de ma mère et tu ne saigneras pas juste du nez.

Je le pousse de toutes mes forces et quitte les douches, le visage encore fermé, la haine se propage de plus en plus dans mon corps, j'aurais dû lui donner une vraie raclée, j'ai été trop gentil avec mon coup de poing. Pour qui se prend-il à parler de ma mère ? Personne n'a le droit de parler d'elle. Personne.

-Monsieur Daniels, lâche une voix sèche.

Je relève ma tête vers la voix, putain la dirlo, fait chier.

-Ouais ? Je lâche.

-Vous avez votre rendez-vous chez le psychologue, je vous prie de vous dépêcher de rejoindre son bureau, nous parlerons de votre excès de violence, plus tard, si vous voulez bien, elle lâche d'un ton hautain que je déteste, une vraie connasse.

-D'accord, je dis simplement, ne lui accordant pas plus d'importance que ça.

Elle part et je rentre dans ma chambre, je me change rapidement et descends, à contre-coeur, encore une fois, jusqu'au bureau du psychologue. Quelle poisse, s'il pense que je vais parler il se fourre bien le doigt dans l'œil. J'ai rien à dire, à personne. Je veux juste me barrer d'ici, au plus vite.

Ma mère revient dans mon esprit, le rêve que j'ai fait d'elle et soudainement, je me souviens pourquoi je suis ici, pour elle. Pour que même de la haut elle soit fière de moi. Je souffle un grand coup et me dis que tout compte fait, si je parle, ils me lâcheront la grappe.

-Christopher Daniels, lance la voix du psychologue.

Je relève ma tête vers lui et m'avance, c'est parti pour l'enfer.