16•

12 1 0
                                    

Christopher

Soirée de samedi à dimanche

Une semaine d'écouler depuis mon arrivée et franchement ça n'a jamais été aussi long de toute ma petite vie. Mon dieu ! Ce que je ne donnerais pas pour avoir ne serait-ce qu'une taffe d'un bon splif à l'ancienne ! Et là, je ne vous parle même pas d'un petit rail de coke... ARRGGGGH JE VAIS PETER UN PLOMB SI JE RESTE ENFERMER DANS CETTE PIAULE ! Aller hop je sors dehors un peu, ça va me changer les idées. M'aérer l'esprit ne me fera pas de mal. Si ça peux m'aider à penser à autre chose.

Je me suis retenu de ne pas aller en quémander à Graam ou à un des autres tarés de ce centre. Seulement, c'est cette putain de conscience qui m'en empêche et je sais trop bien pourquoi elle est là, sans arrêt, à me dicter comme un con de perroquet : « t'es pas rentré de toi-même dans ce centre pour rien Chris. » Sans oublier bien sûr que je le fais pour une seule personne : ma mère. Si ce n'était pas pour elle, je ne serais pas dans ce château à me préparer pour une fête d'intégration à la con. Qui a envie de s'intégrer dans un endroit pareil?

19h34 : L'heure approche. Je passe derrière le château en espérant croiser personne. Cool, rien à l'horizon le champ est libre.

Je me faufile dans une petite cabane que j'avais remarquée hier pendant la dernière heure de sport. Évidemment, je déteste ça courir et mes poumons ne suivent pas alors fuck.

J'ai attendu que Mr. Blanquet tourne le dos pour m'échapper en douce vers une autre direction que celle du groupe de classe et c'est donc là, en contournant deux trois arbres que mes yeux se sont posés sur ce qui allait être mon petit coin de paradis. Ce genre de satisfaction haha !

J'entre dans la cabane et m'affale sur un vieux sofa tout défoncé, mais agréable soit-il. J'étends mes jambes sur la chaise d'en face et me laisse bercé par les bruits du vent et des piaffes. Aaaah... Me voilà presque tranquille. « Presque » oui. J'ai toujours envie de m'envoyer un joint, mais bon au moins là, je me retrouve seul éloigné de tous pendant un petit moment...Un bon moment loin de ce centre de merde.

Je commençais à pioncer lorsqu'un bruit sourd me réveille d'un coup.

-Putain..putain de putain de merde, je ne peux pas être tranquille une seconde ici ! Je gueule.

Je me lève d'un bond énervé me dirigeant vers ce qui a pu me couper dans mon petit somme. En sortant de la cabane, furieux, je ne vois rien. Personne. Super ! Encore plus relou !

-T'aurais au moins pu porter tes couilles hein ! Je ne les mordrais pas, qui que tu sois ! Je lâche ça avec un dédain sans nom.

Toujours rien. À peine eu le temps de soupirer que mon regard tombe sur une feuille de papier orange soigneusement pliée en deux. Je le saisi par curiosité, car il me semble ne pas l'avoir vu en arrivant, bizarre... En ouvrant le papier, je lis :

« Merci »

Un seul mot? OK. C'est de la merde. C'était déjà là avant, je pense. Ou alors quelqu'un me l'a déposé, ce qui expliquerait le bruit de fdp qui m'a réveillé. Bref, il se fait quelle heure avec tout ça?Je regarde l'heure sur ma montre qui m'indique 20h07. Putain merde la soirée ! Graam doit venir me chercher dans ma piaule à 30. Il m'a dit qu'on devait y être un peu avant les autres pour préparer le « rite de passage ». Il m'en a pas dit plus. Je souffle d'exaspération, faut que je me grouille de rentrer.

En route vers le château, je me demande dans quelle merde, je me suis fourré, j'espère ne pas être tombé dans une secte chelou ou un truc dans le genre, je ne suis pas venu là pour ça, ils ont craqués ou quoi... Rite de passage ! Pff ! On se croirait dans un de ces films d'ado avec leur bizutage à deux balles.

J'arrive dans ma chambre, j'ouvre mon armoire. Je met juste une chemise blanche et mes chaussures puis j'entends toquer à ma porte. Timing parfait, on dirait. C'est Graam, évidemment. Il ne prend pas la peine d'être poli, juste un petit sourire en coin en voyant ma dégaine. Lui aussi ne s'est pas vraiment donné du mal pour se vêtir : t-shirt noir et jean baskets.

On arrive dans la salle de réception. Il me guide vers une autre petite salle sombre. Ah ok, j'ai capté. Le rite de passage, c'est des tatouages en fait. Je m'attendais pas à ça, mais bon tant mieux si ce n'est que ça. Au moins c'est pas une secte.

Graam m'explique deux trois trucs sur le CYGNE avant de m'annoncer que le premier à être tatoué sera moi. Ce n'est pas le premier tatouage qu'on me fait alors ça va, je suis rodé...

Avant de commencer, il me tend un shot que je refuse. La douleur me fera oublier mon manque. Pour une fois qu'elle peut faire son taffe celle-là.

21h00 : La salle commence à se remplir. Les gens ont tous fait l'effort de s'habiller en conséquence. Bouffons. En les regardant de loin, on croirait bien qu'ils sont tous normaux, mais qui sait ce qu'il se cache derrière toutes ces âmes meurtries ? Bref, trêve de philosopher, je dois me concentrer sur la marque du tatouage, car l'année prochaine, ce sera sûrement moi le tatoueur. Ils changent chaque année apparemment...

Je dois attendre que tous les "nouveaux" aient le tatouage avant de sortir, encore un truc qui me fait bien chier, je me serais bien barré.

C'est marrant de voir la réaction de certains, face au tatouage. Pour dire, le troisième s'est évanoui rien qu'en entendant le bruit ! Les filles tiennent mieux que les gars en général, ces gros faibles... Au moins un avantage a devoir attendre que tout le monde soit passé sous l'aiguille, je peux me moquer sans gêne.

Heureusement que la vodka est là, sinon il y aurait des hurlements qui alerteraient les hommes de sécurité à l'entrée. Ils ne savent pas que la petite salle est utilisée pour les tatouages. Eux doivent uniquement surveiller les entrées et sorties, pas d'intrus.

Mes chances de m'enfuir son presque impossible. En arrivant, j'ai bien remarqué les deux ours qui gardent les portes.

Une fois que tout le monde a été tatoué, on peut enfin sortir de cette salle, je ne perds pas une seconde pour me faufiler vers le bar, j'ai aucunement envie de danser, nan, mais sérieux ? On est où là.

Je prends un verre au hasard et bois une gorgée. Graam arrive près de moi, je lui sert aussi un verre. Il reste à mes côtés, sans dire un mot. Ça m'arrange, j'ai aucunement envie de parler avec quelqu'un. J'observe la foule qui se déchaîne sur les musiques qui passent. Ridicule. Tout ce bazar, c'est ridicule, tous les gens ici s'inventent des rôles, ne laissant rien paraître de leurs putain de problème mentaux.

Ça m'exaspère, j'ai aucunement envie de me mélanger avec ces gens-là. Alors je reste à l'écart, Graam toujours à mes côtés, comme si lui aussi trouvais tout ce bordel ridicule. Mes yeux se baladent aux quatre coins de la pièce, je me moque de tous ses cons qui dansent comme si ça allait les aider. Puis mes yeux se posent sur l'autre snob qui vient d'entrer, qu'est-ce qu'elle fou ici celle-là ?

Faut que je boive, pour ne pas voir sa gueule.

Cygnes, dans l'ombre, la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant