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Lily

Soirée et nuit de Samedi à Dimanche

Alors que je viens tout juste de m'allonger sur mon lit, on toque à ma porte. Je sens la panique me serrer la gorge : qui pourrait venir me voir à vingt et une heure ? Je me lève et entrouvre ma porte. La petite tête de Rio apparaît et mon coeur fait un bond. Il a troqué ses habits décontractés pour un costume, ses cheveux sont coiffés et un grand sourire est peint sur son visage.

Depuis lundi, nous passons nos journées ensemble, et je sens qu'un lien se tisse entre nous. Avec lui, mon armure tombe, mon contrôle est moins fort, et ça me plaît. Lorsque son regard se pose sur mon pyjama, il ricane et je lui donne une tape sur l'épaule. Oui, Rio est la seule personne avec laquelle le contact ne me gêne pas.

-Apparemment, t'es pas au courant qu'il y a un bal.

Mes yeux s'écarquillent et j'ouvre la bouche. Un bal? Je ne savais pas. Je le fais entrer et il s'assied par terre, comme un enfant.

-Tu voudrais bien y venir avec moi? Demande-t-il doucement.

Mon estomac se tord, j'en ai envie, très envie, mais qui dit bal, dit foule de gens, et contact. Je réalise soudain que Rio sera là, et à défaut de refuser, je hoche la tête en souriant. Rio est mon ancre, si je suis avec lui, je suis presque sûre que ça ira. Je fouille dans mes affaires à la recherche d'une robe. J'en ai beaucoup, mais je ne les mets jamais, j'ai du mal à être coquette. Lorsque je finis par en sortir une, les yeux de mon brun préféré s'écarquillent.

-Tu.. Tu vas mettre ça? Demande-t-il en manquant de s'étrangler.

-Tu n'aimes pas?

Pour toute réponse, il m'offre son sourire spécial Rio. Je m'échappe quelques secondes pour aller me changer dans les douches et lorsque je retourne dans la chambre, sa bouche s'entrouvre. Il y a quelque chose dans son regard qui me laisse sans voix, des papillons s'envolent dans mon ventre et je réalise que Rio me donne confiance en moi.

Sa manière de me regarder me rend vivante. J'adore cette robe, mais je ne me suis jamais senti le courage de la porter, bien qu'elle couvre mes bras et mes cuisses. Elle me semble trop étriquée, trop féminine pour moi, et pourtant ce garçon dont je ne savais rien a changé ma manière de voir les choses et de me voir.

J'attrape un petit miroir et me maquille rapidement, les pupilles de Rio se dilatent lorsque j'applique du rouge à lèvre violacé sur ma bouche et je réprime un sourire. Sa tête est vraiment trop mignonne. Finalement, je me retourne vers lui et il se lève.

-Prête? Dit-il en soutenant mon regard.

-Tant que tu es là.

Il tend sa main et je l'attrape sans hésitation. Nous descendons, puis, nous passons les lourdes portes battantes du self, à l'intérieur, la musique résonne et une foule est agglutinée devant une estrade, je presse plus fort la main de Rio, et respire un bon coup. Rio nous conduit dans une salle que je n'avais jamais remarquée, avec les autres nouveaux. Comme nous sommes les derniers, tous les autres sont déjà en train de nous attendre.

Je ne comprends pas bien pourquoi nous nous retrouvons ici, mais ma lanterne s'éclaire lorsque je me décale pour trouver la source du bruit inconfortable qui couvre la musique. Graam est assis et penché sur le poignet de Marley qui grimace légèrement : il la tatoue.

Soudain, j'ai l'impression que l'air se raréfie dans la pièce et je m'accroche au bras de Rio. Rien qu'à l'idée que quelqu'un d'autre que lui me touche, je sens ma tête tourner. Ce n'est pas la douleur qui m'effraie, j'ai reçu tellement de coups que ça ne me fait pas peur. Mais c'est le contact qui me terrifie. Un type adossé à la porte me tend une bouteille de vodka pleine, et je la prends sans hésiter. Il ne me laissera pas y échapper, alors peut être que boire un coup me fera oublier cette nouvelle épreuve. Je porte le goulot à mes lèvres et bois une longue goulée. Je n'ai jamais goûté d'alcool, alors le liquide me surprends et je le sens descendre tout au long de mon estomac. Je m'étrangle un peu et Rio se moque. J'ignore s'il se doute de mon souci avec le contact. Après tout, avec lui, je suis plus normale qu'avec n'importe qui d'autre.

Cygnes, dans l'ombre, la lumièreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant