Chapitre 34

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Il y a quelque chose de rassurant dans l'échec. Un sentiment de réconfort particulier comme un retour à la maison. On a essayé, on a échoué. Maintenant, tout peut redevenir comme avant.

Une émotion douce-amère.

Un échec atteint toujours sa cible, même si on a revêtu notre gilet pare-balles. Il y a toujours des dégâts. Un trou au fond de soi qu'on essaye de combler. On se dit que ce n'est pas si grave, que ça ne change rien. Mais pourtant, l'échec transforme sa cible, la rendant plus vulnérable, plus faible. Il fait des ravages.

Le sentiment d'échec est comme un combat qu'on a perdu contre soi-même. Il est toujours accompagné lorsqu'il s'infiltre dans notre esprit et notre cœur. La déception, le dégout, la frustration, les regrets...

Mais tout va bien.

On se relève toujours.

*

Une lueur au fond de mes yeux me dérange. Une lueur bien trop vive pour que ce soit le soleil qui illumine la pièce. Je cligne des yeux et la lumière s'éteint. Le noir si familier m'envahit à nouveau. Des voix étouffées me parviennent. J'essaye de me lever dans le lit sur lequel je suis apparemment couchée.

Une main me retient.

On me place un linge froid sur le front.

On me chuchote de me rendormir.

J'obéis.

*

J'ouvre mes yeux, bien trop secs sur le regard inquiet d'Ingwé. Je cligne plusieurs fois des yeux pour me rendre compte que je ne suis plus dans l'Institut Qorîndor. C'est seulement à ce moment que je réalise que j'ai échoué. Que Daerôn ne retrouvera jamais plus sa liberté.

Ingwé se penche sur moi, me murmure des paroles, mais aucun son ne me parvient. Comme si j'étais hantée par un seul et même bruit à tout jamais. Il résonne dans ma tête.

Bip Bip Bip Bip.... Tic Tic Tic Tic Tic Tic Tic Tic ----- Tac Tac Tac Tac Tac Tac Tac Tac...Bip Bip ----Tic Tic Tic...

On me claque la joue avec force. Je me réveille complètement.

- Elwing. Que s'est-il passé ?

Je fronce les sourcils pour mieux le comprendre. Je ne sais pas où je me trouve. Les murs sont dans un brun chaud apaisant, et il y a de grandes fenêtres sur les murs. Les volets en sont fermés. Peut-être pour plus de discrétion. Est-on encore sur Dell ? Dans le Comté des Plaines ?

- Elwing ? Répète Ingwé patiemment.

Je prends le temps de prendre une profonde inspiration en tentant de me rappeler sa question. Ma gorge est atrocement sèche.

- De l'eau...

Je ne reconnaît même plus ma voix. Elle est si rauque. Si faible... Mike, situé aux côtés d'Ingwé s'empresse de me tendre un verre. Ils attendent que je boive entièrement. Je redoute leurs reproches, leurs yeux plein de colère parce que j'ai lâchement échoué. Mais je n'aperçois que leurs regards inquiets et leurs mines soucieuses. Je dois être dans un état lamentable.

- Le bruit dans mon casque.

- Quel bruit ? Demande aussitôt Mike.

Je déglutis péniblement en redoutant le discours que je vais devoir prononcer pour expliquer la situation.

- La veille du Test, la Huitième Maison m'a fait subir un bizutage dans le but de me désorienter lors des épreuves. Je n'ai pas dormi de la nuit, ou très peu. Le Test était très complexe. J'étais épuisée. Il y avait un bruit insupportable dans mon casque. Ça a dû me provoquer une migraine.

Les Conquérants du Cercle T2 - La princesse Oubliée. (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant