Les Conquérants du Cercle T2 - La princesse Oubliée. (Terminé)

Chapitre 12

Une vive lumière vient me transpercer les yeux. Il y a une chaleur apaisante dans sa caresse contre ma peau. Je me sens pleine d'énergie, renouvelée. Revigorée. Il fait pourtant sombre dans ce cocon si douillet. Je sens l'obscurité autour de moi. Je peux la percevoir, la palper du doigt. C'est étrange. Quand j'ouvre les yeux pour de bon, mon corps est luisant. Je suis nue. J'ai chaud, mais mes membres sont froids. Devant moi, des lumières dansent, formant à nouveau le visage de ma véritable mère. Je me concentre pour gérer toutes ces émotions nouvelles. Il y a un trop-plein de pensées qui tourbillonne dans mon crâne. Comme si je pouvais percevoir tous les sentiments du monde.

Les parois du cocon feuillus vibre sous mes doigts lorsque je les frôle. Elles se fanent pour laisser apparaître la lumière du jour. Les lianes qui m'avaient encerclées auparavant, se nouent à mon corps et forment une sorte de vêtement. Je sors un bras, timidement, suivi de mon buste. Je sors une jambe puis l'autre. Les lianes me ramènent sur le sol duveteux de l'herbe verte.

Maintenant que tout me revient en mémoire. Mes origines, ma planète, mes parents, tout me semble naître sous mes yeux. Je détaille le paysage sous un jour nouveau, sous un nouveau point de vue. Je sais qui je suis. Ce que je dois faire. Le rôle que j'ai à jouer. Et même si j'ignore encore beaucoup de choses sur ce monde si particulier, je me servirai de ma nouvelle Mémoire pour le découvrir. J'attendrai que chaque sensation se manifeste.

Une profonde sérénité m'envahit à nouveau. Je respire calmement. Le sentiment de paix qui m'habite à présent va bientôt disparaître. Je dois en profiter au maximum. Parce que lorsque je relèverai la tête, je devrai faire face à cette réalité. Et même si j'ai encore du mal à y croire, à l'accepter, je vais devoir m'y résoudre. Je ne suis pas née pour sauver mon peuple, mais pour sauver Le Cercle. Je savoure ces derniers instants de calme et je finis par lever les yeux.

Ardalôn, Austin et Orest se trouvent devant moi. Un air ébahi collé sur le visage, ils ne bougent pas,n'osent pas m'approcher. Alors je décide de faire un premier pas vers eux. A peine ai-je le temps de m'avancer, qu'ils s'agenouillent de concert, la main posée sur le cœur. Surprise par leurs gestes, je recule à nouveau.

Ils me regardent une seconde fois, dans les yeux. Ardalôn est le premier à m'adresser la parole.

- Princesse Eris. Bienvenue parmi nous.

J'éclate soudain de rire. Et me retenant de m'esclaffer une nouvelle fois, je pince les lèvres.

- Ce n'est pas la peine d'être aussi solennel. Ce n'est que moi. Elwing.

- Pardon de vous couper, votre Majesté, mais votre véritable nom est Eris. Répond Austin d'une voix douce.

- Ecoutez. Appelez-moi comme bon vous semble, mais par pitié, ne me vouvoyez pas ! Je m'exclamme en les approchant complètement.

- Enfin une sage décision ! Réplique Orest en bougonnant.

Il a beau jouer les grognons, je sais qu'il est impressionné. J'ai certainement une allure moins cadavérique et peut-être plus de prestance. Peut-être que je me tiens plus droite ? Suis-je réellement différente ?

Mon regard passe d'Orest qui défi ouvertement mon regard, à Austin qui l'évite soigneusement, et enfin à Ardalôn qui me sourit chaleureusement.

- Quels sont vos ordres, Princesse ?

- Que tu arrêtes de m'appeler comme ça. Dis-je exaspérée.

- Comme tu veux, chérie. Dit-il d'un demi-sourire.

- Je suis sérieuse ! Je ne sens aucune différence. Mais je sais...

Ils hochent tous les trois de la tête. Comme pour approuver ce que je viens de dire. Ils paraissent soulager que je sache maintenant. Je comprends, à présent, le poids qui pesait sur les épaules d'Ardalôn. Il ne devait rien me dire. Il avait raison. Je ne l'aurai pas cru. Je ne le crois pas maintenant.