Chapitre 41

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Je sens les parois rugueuses de la pierre défiler sous moi et me râper la peau du dos. Le sang chaud dégouline et coule sur mes vêtements et jusque dans mes cheveux. Je me fais ballotter en zigzag par la créature. A force de battre aussi fort, mon cœur va finir par sortir par ma bouche. Je vais me faire dévorer par une bête mystérieuse. Et silencieuse aussi... Il n'y a aucun bruit, juste mes gémissements de douleur. J'essaye de me tortiller pour me délivrer du membre visqueux qui m'emprisonne, mais la bestiole resserre sa prise. Je commence sérieusement à paniquer. J'ai tellement mal au dos, je sens mes blessures frotter contre la roche. Ca me brûle toute entière.

Les larmes montent à mes yeux, mais je refuse de les faire couler. Je ne peux pas mourir comme ça. Pas avant d'avoir accompli mon devoir. Cherchant dans les forces qu'il me reste et avec un cri de rage, je parviens à me redresser. J'empoigne le lien de l'animal contre mes chevilles et griffe sa peau de toutes mes forces. La créature hurle de douleur. Mais elle n'abandonne pas... Elle redouble d'efforts...

Je retente l'expérience une seconde fois, mais mon geste est coupé lorsque nous entrons dans une large galerie aux allures d'immense cavité. Un air froid vient glisser le long de mes blessures ouvertes me faisant me crisper. Ma respiration s'accélère. Je crois que je viens de rentrer dans l'antre de mon kidnappeur.

Je pose mes mains contre le sol et tente de faire reculer la créature en gesticulant de toutes mes forces me servant de l'énergie dans mes avants-bras. Et soudain, elle me jette dans une sorte de creux rempli de brindilles ou de paille. Je suis mouillée. Le liquide poisseux qui se trouve au sol des galeries, rempli désormais le trou dans lequel je me trouve. J'essaye de me relever, mais je glisse à nouveau jusqu'à ce qu'une main ferme me rattrape. Je suis prête à envoyer mon poing dans le visage de celui qui vient de m'attraper lorsque je reconnais l'odeur de pins d'Ardalôn.

Je me retourne vivement. Il me sourit et essaye de faire de l'humour.

- Alors Elwi, toi aussi tu as trouvé les Silkuts ?

Sa voix à l'intonation d'un sourire, mais je sais que ce n'est qu'une façade. Depuis combien de temps avons-nous perdu sa trace ? Est-ce qu'Ingwé va se rendre compte qu'il nous a perdu en cours de route ?

- Ce sont plutôt, eux qui m'ont trouvé. Dis-je d'une voix que je veux ferme. Tu es là depuis longtemps ? Tu as encore ton oreillette ?

- Une quinzaine de minutes... J'étais tellement surpris que je n'ai pas eu le temps de crier pour vous appeler. J'ai dû perdre le gadget lorsque cet animal m'a traîné par terre. Dit-il d'un ton penaud.

Je hoche la tête. Moi non plus, je n'ai pas pu signaler ce qu'il se passait. Tout est allé très vite.

- On a plus qu'a attendre Ingwé. Répond-il.

- Pourquoi ? Tu ne penses quand même pas que...

Je n'ose même pas finir ma phrase par crainte de sceller notre destin : Etre dévoré par les Silkut dans un endroit dans lequel personne ne viendra nous chercher.

- Oh, ne t'en fais pas. Les Silkuts sont malins. Ils bavent déjà à l'idée de leur prochain repas. Ils attendent d'avoir un supplément.

- Tu veux dire que le liquide là... C'est, c'est leur...

- Leur salive, oui.

Une violente nausée vient s'abattre contre les bords de ma bouche. Je suis à la limite du vomissement. Je presse une main contre mes lèvres. Ardalôn ne semble pas effrayé ou alors il le cache bien. La peur me fait hoqueter. Je dois m'enfuir. Je dois quitter ce lieu dégoutant. Trouver Ingwé avant qu'il ne se fasse piéger par ces créatures sournoises et voraces. Mon voisin m'agrippe par les épaules et m'oblige à le regarder.

Les Conquérants du Cercle T2 - La princesse Oubliée. (Terminé) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant