Les Conquérants du Cercle T2 - La princesse Oubliée. (Terminé)

Chapitre 29

J'ai passé le restant de la journée ainsi que les trois autres jours long et ennuyants à assister Tanaka dans ses visites auprès des patients. Souvent, il s'agit de militaires Dellien qui ont été touchés par les attaques d'Aegnor lors de leurs bombardements. Des soldats qui s'occupaient de garder des points stratégiques afin de protéger des villages de campagnes. La plupart viennent du Comté des Lacs et du Comté des Mers, les zones les moins habitées de Dell. Plus je vois ces victimes, plus ma haine contre Aegnor grandit. Et j'ai hâte d'en finir, de lui faire face et de mettre un terme à sa tyrannie.

J'essaye de me rappeler les remèdes de Miriel pour soulager leurs douleurs. Ce n'est pas toujours facile, car des souvenirs me reviennent en mémoire et je suis prise de nostalgie. Ma véritable mère est morte digne d'une reine qui sauve son peuple, mais ma mère de substitution a vraiment bien joué le rôle qu'on lui avait confié et elle me manque de plus en plus. 

Les patients sont comme on les appelle : patients. Ils savent que les étudiants font leur maximum pour les aider et ils semblent si désespérés qu'ils n'attendent plus aucun miracle. J'aimerais leur dire qu'il existe un espoir, que l'Ordre est là pour mettre un terme a tout ça, mais si je le faisais, cet espoir disparaîtrait. Et je me trahirais.

Je ne croise que des Infirmiers ou des Médecins ce qui me permet de mettre en pratique le Code de l'Institut. Mais ils sont toujours trop préoccupés par l'état des patients pour y faire trop attention. Je les respecte pour cela, ils ne semblent pas être à cheval sur les convenances, mais savent ce qu'est réellement leur priorité. 

J'ai pu faire le tour de l'hôpital plusieurs fois, si bien que je le connais presque par cœur. Au rez de chaussée, se trouve les cabinets de médecins, la salle de pause, les différentes salles d'attente, l'accueil, la salle de réception pour les familles et les chambres des patients dont l'état est le plus critique. Le premier étage est divisé en plusieurs sections. La section Cardiaque et Chirurgie sont les plus grandes et prennent facilement deux tiers de l'espace. Le dernier tiers est occupé par différentes salles opératoire. Le deuxième est plus petit et se compose d'une mezzanine. On y trouve les services administratifs avec nos bureaux respectifs. C'est un petit hôpital. Je me rends compte qu'il ne sert qu'à l'école et à l'armée. Il doit y avoir un hôpital réservé à la population dans une autre partie de la ville.

Je sors de mon bureau où on m'a demandé de trier plusieurs dossiers. Je dois assister à la Cérémonie de bienvenue aujourd'hui. Elle se déroule dans l'école. L'endroit où les armes sont cachées. Mon cœur commence à s'emballer sans raison apparente. Suis-je si stressée à l'idée de mettre un pied dans un environnement que je considère comme hostile où je devrais respecter tout un protocole absurde ? Le bruit de mes palpitations ne me laisse aucun doute. Je suis agacée envers moi-même. Je ne dois pas avoir peur, ça ne fera que me ralentir dans ma mission. Je n'ai pas le temps pour ces sentiments nocifs. J'arpente les couloirs d'un blanc immaculé de l'aile administratif, en essayant de ne pas sentir l'odeur atroce d'antiseptique. Je descends les étages à toutes vitesses et percute quelqu'un. Je me retourne avant que celui-ci ne m'agrippe. Reed.

Je croise les bras sur ma poitrine en guise de salut, plus qu'énervée qu'autre chose de le faire pour lui.

- Je vois que tu as bien appris ta leçon. Tu peux décroiser.

Je m'exécute presque à regret, juste pour le contrarier.

- Où vas-tu comme ça ? Demande-t-il en croisant les bras d'un air méfiant.

- Je ne vois pas en quoi ça te concerne. Dis-je d'un ton acerbe que je regrette déjà.

Il me sourit en soupirant, d'un air surpris. Ses cheveux noir de jais coiffés en arrière reflètent la lumière blafarde du couloir. Je le contourne aisément pour continuer ma route, même si, je suis perdue. Soudain, j'entends qu'on s'éclaircit la gorge, et sa voix profonde me lance :