Les Conquérants du Cercle T2 - La princesse Oubliée. (Terminé)

Chapitre 18

Quelque chose me chiffonne. Mais je ne sais pas ce que c'est. Le Conseil a lieu dans moins de 24h et je suis tendue. Qu'est-ce qu'Ardalôn va apprendre à mon sujet ? Comment Aegnor compte-t-il me retrouver ? Je ne supporterais pas l'idée qu'il fasse payer à Hauméa le fait de m'avoir caché.

Si j'ai bien compris le plan d'Ardalôn, il doit trouver quelqu'un qui lui permettra d'aller sur Dell afin de trouver quelque chose ou quelqu'un pour délivrer Daerôn. Ce plan repose sur le bon vouloir de personnes extérieures et je crois que c'est cet aspect-là qui me dérange. Je n'ai plus envie de faire confiance à des gens dont je ne connais rien. Je l'ai trop facilement accordée et voilà ou cela m'a mené.

Je suis une fugitive, je dois me cacher et surtout, je n'arrive pas à fermer l'oeil. Ardalôn m'a cédé le lit de la chambre comme à son habitude et lui dort profondément dans le canapé.

Le temps ralenti la nuit. Soumis à nos propres pensées, les secondes deviennent des heures. Lindorie s'inquiète t-elle vraiment à mon sujet ou est-elle angoissée de l'avenir de sa planète ? Ardalôn semble connaître une personne de confiance ici, mais qui est-elle ? Pourquoi exactement dois-je retourner sur Dell ? Je n'en ai aucune envie. Parce que marcher sur les traces que j'ai laissées là-bas, serait comme relire un mensonge. Je ne veux pas regretter la vie que j'ai eue.

J'aimais Dell, ma routine, ma mère. C'était le temps de l'insouciance, pas des responsabilités liées à mon titre ou à mon identité. Je n'ai pas envie de perdre tout ça en y retournant. Je n'ai pas envie de revoir Miriel en imaginant des guillemet autour de ce qu'elle était censée être pour moi : « ma mère ». Elle a eu ce rôle, et elle l'a magnifiquement bien joué. Mais ce n'était pas réel. Toute ma vie n'était pas réelle. C'était un mensonge, une cachotterie jouée par le Cercle lui-même.

Pourquoi personne ne se souvient de ma véritable planète ? Pourquoi certains sont-ils au courant de son existence et de sa destruction alors que la majorité ignore son existence ?

J'entends Ardalôn se retourner en grognant puis se lever en se frottant les yeux. C'est la première fois que je le vois à demi-réveillé. Il se dirige vers le lit et s'y jette de tout son poids. Je sursautte.

- Est ce que ça va ? Je chuchotte.

- La technologie ne fait pas le confort, Elwing. Retiens-le bien.

- On change de place si tu veux ? Je demande en me levant à mon tour.

- Non ! Dit-il en m'obligeant à me recoucher. Ce serait déloyal de ma part.

- Tu n'as pas besoin de mettre loyal, Ardalôn. Tu ne me dois rien.

- Tu es l'héritière la plus puissante. Je ne peux pas me permettre de te laisser le canapé.

- Tu racontes n'importe quoi. Dis-je en riant et en me levant malgré son bras autour de ma taille.

Mon geste est suspendu lorsque nous entendons un coup frappé à la porte. Nous nous regardons en silence. Je décide de me rendre invisible pour la millième fois depuis ce matin et je laisse Ardalôn se diriger vers l'entrée. Un second coup, plus fort, vient résonner contre la paroi de la porte. Ardalôn frappe deux fois à son tour et on lui répond par un unique coup. Finalement, Ardalôn ouvre la porte et un individu rentre rapidement dans la pièce. Ardalôn allume les lumières et je peux enfin voir de qui il s'agit. Nathaniel.

- Où est-elle ? Demande-t-il. Est-elle en sécurité ?

Il regarde partout dans la pièce comme s'il pouvait me trouver dans des endroits improbables comme sous le lit ou derrière la porte. Ardalôn croise les bras et le regarde d'un air mauvais.