Jour 1

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J'émerge lentement de mes rêves, les paupières lourdes et la bouche pâteuse. Quand je regarde mon réveil, je m'aperçois qu'il est 6 heures 45, cela fait longtemps que je n'avais pas autant dormi. Je m'étire et enfouie ma tête sous l'oreiller en grognant, prête à me replonger dans le pays des rêves. Des coups secs à ma porte me font sursauter.

- Maëlle, debout, il est presque 7 heures ! Ne me dis pas que tu n'es pas réveillée !

La voix autoritaire de ma mère me fait soupirer, et je sors ma tête des couvertures. Le ventilateur à côté de mon lit que j'avais allumé la veille au soir marche toujours, et je m'empresse de l'éteindre, pour ne pas éveiller les soupçons. Ensuite, j'ouvre légérement la porte en laissant passer un rayon de lumière. Ma mère se tient au milieu du couloir, droite et sévère, déjà habillée, les poings sur les hanches et la bouche tordue dans une étrange grimace. C'est une belle femme, il n'y a pas à dire, avec ses longs cheveux blonds et ses grands yeux marrons dont j'ai hérité, mais depuis deux ans, on remarque plus son mauvais caractère que sa beauté.

- Maman ? demandé-je d'une petite voix.

J'ouvre en grand la cloison et essaie de me faire la plus petite possible. La tête de ma mère se tourne lentement vers moi et elle grimace encore plus.

- Va t'habiller Maëlle. C'est quoi ce mini short ? Et tes lunettes sont vraiment sales.

Inconsciemment le pose une main sur mes verres.

- Tu vas encore plus les salir idiote ! Dépêche toi, ton père t'attend pour t'emmener au lycée.

Elle tourne les talons avant que je puisse articuler quoique ce soit et je fais mine de me frapper la tête contre le cadran mais m'arrête à la dernière seconde. Je referme doucement ma porte et prend mes habits pour aller me doucher dans la salle de bain que je partage avec mon frère. Sauf qu'il l'utilise et qu'elle est fermée.

- Mathias ! hurlé-je en frappant le mur. Dépêche toi ! J'ai pas toute la journée moi !

Il ne répond pas, ce qui a le don de m'exaspèrer encore plus. Il est à la fac, et sèche la moitié de ses cours, ce qui fait qu'il n'est jamais pressé le matin et se lève uniquement pour satisfaire Maman.

- Mathias je te jure que si tu ne sors pas de cette pièce dans moins de trois minutes je t'explose ta face c'est clair ?

Les gonds de la porte grincent quand elle s'ouvre enfin, laissant place à mon frère, habillé. Exaspérée, je le pousse à l'extérieur et pars me doucher.

Quelques minutes plus tard, je descends quatre à quatre les marches de l'escalier en bois, mes cheveux encore humides coulant sur mon tee-shirt blanc. J'enfile mes basket à la vitesse de l'éclair, attache mes mèches en une queue-de-cheval faite à la va-vite, puis m'apprête à prendre une tartine avant de partir.

- Maëlle, qu'est ce que tu crois faire là ? m'arrête ma chère Maman en se levant au milieu de mon chemin. Ton père t'attend, il est pressé. En plus, ça ne te fera pas de mal de ne pas manger pour une fois.

Estomaqué, je la dévisage, cherchant le moment où elle va exploser de rire et me coller une crêpe avec trois fois trop de confiture dessus, comme lorsque j'étais petite. Sauf que ce moment ne vient pas. Alors je baisse la tête, fait demi-tour en lui marmonnant un aurevoir. Mon père m'attend dans l'entrée, sa mallette sous le bras. Sans un mot, j'attrape mon sac et le suis jusqu'au garage.

- Maëlle, c'est toi qui a bu un chocolat cette nuit ? finit-il par me demander une fois dans la voiture.

Sans répondre, je dévisage les façades des magasins qui défilent à ma fenêtre. J'entends les doigts de Papa tapoter sur le volant, tandis qu'il prend son mal en patience. Il sait que je vais répondre un jour ou l'autre. Une fois qu'on a tourné dans la grande rue, je me tourne vers lui et l'observe, toujours en silence.
C'était un bel homme lui aussi, aux cheveux poivrés sel toujours sur le crâne, aux doux yeux marrons et à la grande stature. Son physique quoique légèrement impressionnant, m'a toujours mise à l'aise.

Lueurs solitairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant