Jour 8

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Le regard victorieux de maman me donne envie de vomir. Elle l'avait déjà hier, quand elle m'a vue rentrer avec Aimée. Mais aujourd'hui elle ne va pas se priver d'en parler, pour mon plus grand malheur. Elle avale une gorgée de son café, et repose la tasse un peu trop brutalement sur la table, me faisant sursauter.

- Alors Maëlle, ton week end avec ton père, c'était comment ?

J'avale moi aussi une gorgée de ma boisson pour me donner le temps de réfléchir à ce que je vais dire. À côté de moi, Mathias s'est tendu automatiquement. Il sait que cela va finir par une nouvelle dispute, et je comprends qu'il n'ai pas envie de voir ça encore une fois.

- Ça allait. On a mangé dans un bon restaurant puis je suis restée dormir avec lui à l'hôtel, le lendemain on a fait quelques tours dans des appartements à vendre mais rien d'incroyable, puis je suis allée retrouver Aimée... Pourquoi ?

J'ai lâché la réponse sur un ton monocorde, que moi seule je devine complètement faux. Maman perd son sourire, Mathias se lève et débarrasse son petit déjeuner, et je décide de faire de même, il faut que je parte au lycée.

Une fois dans ma chambre, j'enfile une paire de basket et jette un coup d'œil à mon reflet dans le miroir. J'ai l'impression que les premiers effets de mon régime apparaisse. Mes hanches ne sont plus aussi épaisses, de même que mes cuisses. Je me préfère comme ça. Mais ce n'est pas non plus révolutionnaire.

En soupirant j'attrape mon sac de cours et dévale l'escalier à la quatrième vitesse, Mathias sur mes talons.

- On y va Maman, bisous ! hurle-t-il tandis que la porte se referme dans un claquement derrière nous.

Dans le couloir de l'immeuble, je m'arrête et me retourne vers lui. J'hausse un sourcil et croise les bras sur mon torse.

- Tu vas où au juste ?

Il me regarde, les yeux écarquillés.

- Bah, à la fac... Logique.

Mes sourcils décollent jusqu'en haut de mon front, et ma bouche se tord dans un rictus moqueur. Comme si il allait me faire avaler ça.

- Mathias, tu n'y vas jamais je ne sais même comment tu comptes réussir tes examens, arrête de me faire croire que tu y vas un lundi matin à huit heures !

Il essaie de passer mais je me plante au milieu du couloir, les bras et les jambes écartés.

- Tu vas rater ton bus. fait-il remarquer.

- Y'en a d'autre. Et en plus c'est aussi le tien aux dernières nouvelles.

Mon aplomb le fait gentiment sourire. Pas moi. J'en ai marre que tout ceux qui m'entoure fichent leur vie en l'air, et lui avec. Je veux qu'il réussisse ses examens, je veux qu'il puisse faire ce qu'il veut dans la vie, je veux qu'il puisse sortir du joug de Maman. Aujourd'hui, c'est décidé, je le reprends en main parce qu'il en est visiblement incapable tout seul.

- Écoute Mathias, je commence en le pointant du doigt, je suis ta sœur. Et en tant que sœur, je t'ordonne d'aller à l'université et de réussir ta foutue vie ! S'il le faut je peux trouver quelqu'un qui te surveille d'accord ! Mais j'en ai marre de te voir passivement rater ta vie. Il faut agir parfois ! Alors maintenant tu viens avec moi dans ce bus et s'il le faut je te traîne par l'oreille !

A bout de souffle, je m'avance, prête à mettre mes menaces à exécution. Il se recule en levant les bras, un air étonné sur le visage.

- Bien, bien Maé, j'y vais calme-toi, laisse moi juste annuler mes plans avec Chloé !

Lueurs solitairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant