Jour 4

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- Maëlle !

Le hurlement de ma mère se répercute dans mon crâne à l'infini. J'entrouvre douloureusement les paupières avant d'immédiatement les refermer. J'essaie de faire abstraction des coups sourds sur ma porte.

- Maëlle lève-toi tout de suite sinon je viens te chercher !

Cette fois, mes yeux s'ouvrent immédiatement. Je rejette ma couette et jaillis de mon lit aussi rapidement que possible.

- J'arrive ! je hurle à travers la cloison.

J'attrape des vêtements propres et ouvre la porte. Ma mère se tient droite et figée au milieu du couloir, un air supérieur imprimé sur le visage. Elle me dévisage.

- Tu as trop mangé hier. Dépêche toi ton père t'attend ! Enfin pourquoi es-tu encore figée petite idiote ?

Je suis figée car, malgré moi, j'avais une once d'espoir qu'elle ne redeviendrait pas elle-même sitôt hier terminé. Mais si. Douloureusement, ses paroles se frayent un chemin dans mon esprit ralenti par la fatigue. Les larmes me montent aux yeux, mais je secoue la tête et dépasse ma génitrice pour atteindre la salle de bain.

L'eau chaude coule le long de ma peau, la met à vif mais achève de me réveiller complétement. Les brumes qui obstruaient mon esprit se sont enfin envolées, ma journée peut vraiment commencer.

Une fois que ma serviette est enroulée autour de mon corps, je m'examine  longuement dans la glace. Mes cheveux rassemblés en un chignon haut pour éviter d'être mouillés, ma peau blanche, mes yeux marrons, ma silhouette empâtée, tout y est. Et pourtant, il manque quelque chose. Cette chose invisible, qui fait la différence de chaque être humain. Ses émotions, son sourire, sa façon de rire de penser de parler... Il me manque ce qui me définit aux yeux du monde. La spontanéité de mes émotions.

- Maëlle ! Dépêche-toi! Tu te crois en vacance ? Tu as cours je te rappelle !

Je sursaute, ne m'attendant pas à l'intervention de ma mère, puis m'habille rapidement avant d'ouvrir la porte, sautant la case maquillage. Elle est déjà redescendue. Ce n'est pas plus mal.

Ayant parfaitement conscience que la cuisine m'est désormais interdite le matin, je vais directement dans l'entrée, mon sac à la main et y attend mon père, adossée au mur.

***

Une boule commence à se former dans mon ventre, tandis que je reste, indécise, devant le portail du lycée. J'ai peur d'y entrer. Qui sait l'humeur de mes camarades vis à vis de ma petite personne ? Qui sait ce que Aimée a bien pu leur raconter ? Et si elle avait brisé ma confiance et révéler mon secret... Qui est désormais le sien également ?

Je regarde les élèves rentrer à l'intérieur, le sourire aux lèvres. Ils sont heureux de revoir leurs amis, de rire à nouveau avec eux, pour au moins quelques heures... Ils devraient en profiter. Ils ne savent pas à quel point c'est important.

Je finis par avancer d'un pas, mais m'arrête immédiatement quand je vois mon ancienne meilleure amie arriver au pas de course vers moi. Cela dit, ça m'étonnerai qu'elle souhaite me parler. Je trouve soudain un intérêt fou pour mes baskets usées, et évite à tout prix son regard.

- Maëlle !

Silencieusement, je pèse le pour et le contre à relever la tête et à lui parler. Pour : je verrai sa tête que j'aime tant, ses doux cheveux se balancer au vent, peut être qu'elle a changé d'avis, qu'elle veut à nouveau me parler... Contre : je risque de retomber encore plus bas que je ne le suis déjà, elle veut sûrement se moquer de moi, et il faut que je tire un trait sur elle et tout ce qu'elle représente.

Lueurs solitairesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant