- Votre attention s'il plaît. Le TGV va bientôt entrer en gare...
La fin de la phrase du contrôleur se noit dans le brouhaha ambiant. Judith me secoue par l'épaule, croyant que je dors. J'ouvre un œil et rencontre ses iris bleus.
- Maëlle on est arrivées dépêche toi.
J'acquiesce posément, me redresse, et commence à ranger mes affaires. À côté, de moi, la blonde se dépêche de tout rassembler avant de les mettre en vrac dans son sac. Pourquoi pas. Depuis une semaine elle me parle sans arrêt de cette semaine qu'on va passer toutes les deux avec Mathias et Lucy dans le sud, et son excitation semble n'avoir qu'augmenté au fur et à mesure du voyage.
- Depeche toi ! C'est pas croyable ce que tu es lente !
Je ris doucement, et me lève de ma place alors que le quai n'est pas encore en vue. Judith s'affaire à descendre nos énormes valises du compartiment à bagage et elle manque d'en recevoir une sur la tête. Je me précipite pour l'aider, ne voulant pas commencer mes vacances par un séjour à l'hôpital.
- Mathias ne pouvait pas venir nous aider ? grommelle-t-elle.
Un sourire vient éclairer mon visage.
- Si on oublie le fait qu'il n'est pas dans le train, en effet il aurait pu venir.
- Dans ce cas il ne pouvait pas réserver dans ce train là ?
- Ju, il est en voiture. Il a fait le trajet jusqu'à Lyon puis jusqu'ici avec Lucy.
Elle semble chercher une autre manière de se plaindre puis laisse tomber. Je lève les yeux au ciel et sors du wagon en poussant ma valise noire. Ça commence bien.
La porte s'ouvre sur un quai de gare ensoleillée. Je plisse les yeux pour tenter de voir quelque chose, mais c'est peine perdue. Je manque de trébucher dans l'intervalle entre le marchepied et le quai. Pas étonnant que la SNCF nous rappelle à chaque fois de faire attention.
- Tu les vois ? hurle Judith dans mon oreille.
Je grimace et m'apprête par la négative mais une voix familière m'arrête.
- On est là Juju, pas la peine de hurler à tort et à travers.
Mon frère se tient debout devant nous, une paire de lunettes de soleil posées sur son nez. Tricheur. Anticipant la réaction de la blonde, je me bouche les oreilles alors qu'elle pousse un cri aigu, lâche sa valise qu'on a traîné avec beaucoup de peine jusqu'ici et saute au cou de mon grand frère. Déprimant. Les gens autour de nous sourit en voyant la scène alors qu'ils s'embrassent. Je grimace. On ne devrait jamais laisser une petite sœur voir ça.
- On m'a dit qu'une fille nommée Maëlle cherchait de la compagnie, vous la connaissez ?
Je souris et me retourne sur une Lucy bronzée et heureuse.
- Désolée je ne suis pas sûre de savoir de qui vous voulez parler. Je ne m'appelle pas Maëlle mais Gaelle...
Avant même que je puisse finir ma phrase, mon frère nous interrompt.
- Maëlle, Lucy!
Je prend un air coupable.
- Je suis démasquée.
Elle s'approche de moi et attrape mes hanches.
- Un peu oui.
J'ai une envie terrible de l'embrasser. Mais je ne le ferai pas. Parce que les voyageurs ont peut être trouver la demonstration d'affection de mon frère et Judith adorable, mais pas sûre qu'ils pensent la même chose de la notre. Lucy le sent et s'écarte, respectant mon choix. Je la remercie silencieusement. C'est dur pour moi d'être démonstrative en publique, et encore plus avec une fille.
Parce que la société pense encore que nous sommes contre-nature. Parce qu'ils ne comprennent qu'on s'aime comme eux. Parce qu'on est des boucs émissaires, au même titre que les autres minorités. Alors que ça n'a pas lieu d'être.
- Bon les deux chamallows là, vous venez ?
Je regarde les joues roses de ma copine et devine que j'ai exactement les mêmes, d'où le surnom. Elle attrape ma valise et me fait signe de passer devant.
- Vous êtes arrivés quand ? demandé-je sur le chemin jusqu'à la voiture.
- Hier soir. La maison que nous a dégoté Mathias est incroyable, tu verras. Vous avez fait bon voyage ?
- Plutôt oui. Mais on a failli rater le train, Delphine et Thibault sont arrivés tard et je ne voulais pas laisser Nov toute seule.
J'ai récupéré November depuis un an. Elle habite désormais avec moi. J'ai jugé qu'elle était assez grande, et j'en avais marre de faire sans cesse des trajet chez mon oncle et ma tante. Dans un an j'ai fini mes études, bientôt je pourrai m'acheter, enfin j'espère, un appartement plus grand et avoir un environnement stable pour Nov.
- Tu m'étonnes que tu ne veuilles pas la laisser toute seule, même pour dix minutes !
La voix de l'anglaise me ramène à la réalité. J'acquiesce, tourne la tête vers la gare et rentre dans Judith qui attend debout près de la voiture que mon frère trouve ses clés.
- Maëlle, ton aîné est un idiot. On voit vite qui a hérité de l'intelligence dans cette famille.
Le châtain tourne vivement la tête vers elle.
- Mais c'est moi qui est récupéré tout le charme.
La blonde fait mine de réfléchir.
- Ju, avec qui tu es en couple, rappelle moi !
Je ris devant son impatience.
- Prend les clés de ta voiture plutôt que de te battre pour rien, idiot ! m'exclamé-je.
Il tire la langue et sort enfin le saint Graal de sa poche.
- Les voilà !
- C'est pas trop tôt. rétorque sa copine et prenant la place du passager.
Je me glisse à l'arrière, Lucy à ma suite, et une fois attachée pose ma tête sur son épaule.
- Tu m'avais manqué. chuchoté-je à son intention.
Elle sourit et m'embrasse délicatement.
- Toi aussi.
Devant, mon frère et Judith entame un énième débat. Ils se sont remis ensemble il y a dix mois, et cela semble bien marcher entre eux. Mieux que durant le premier essai en tout cas.
- Prête pour les vacances les filles ? demande Mathias en augmentant le volume de la musique.
Le soleil vient caresser mon visage, alors que les doigts de Lucy s'entrelace au mien. Je ne peux réprimer le sourire de bien être qui s'étend sur mon visage. Oui, je suis prête. Plus que jamais.
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Lueurs solitaires
Teen FictionMaëlle ne dort pas, elle en est incapable. Insomniaque depuis sa tendre enfance, elle montait régulièrement sur le toit, avant d'arrêter brutalement. Mais la vie est faite de rebondissement... Deux ans plus tard, cerclé par ses démons, elle ne tient...