Je ferme doucement la porte de l'appartement derrière moi. Je me suis levée incroyablement tôt ce matin, pour éviter à la fois Maman et ces questions et à la fois Mathias et ses remarques débordantes de joie. Ils ne sont pas encore levés, mais j'ai laissé un mot en expliquant qu'Aimée et moi avions décidé d'aller à la piscine tôt le matin. Ils ne connaissent ni la dispute, ni le fait qu'elle déteste la piscine.
Je franchis la porte coupe feu en soupirant. Je n'ai pas envie d'avoir la conversation qui va suivre, même si je sais que c'est inevitable. Je n'ai pas envie de me battre. Le jour n'est pas encore levé, ce qui est plutôt normal pour un mois de novembre, mais la ville commence à s'agiter sous mes pieds. Les voitures sont nombreuses, certains magasins sont déjà ouverts, les supermarché notamment, et les bus circulent.
Les bruits remontent étouffés jusqu'à mes oreilles et, étonnamment, me bercent. L'envie de retourner au fond de mon lit me prend. Si il n'arrive pas dans cinq minutes, je retourne me coucher. Je m'assois à même le sol et pose mon sac de cours à côté de moi. Mes cheveux volent au vent, et je frissonne malgré ma doudoune. On a perdu en quelques jours seulement au moins cinq degrés, voir plus.
La nuit est encore noire, et les lampadaires de la rue éclairent à grand peine le toit, mais fournissent quand même une lueur suffisante pour y voir. Je jette un coup d'œil à mon portable. J'ai envie de rentrer. La discussion peut attendre. Décidée, je me relève et m'appraitre à partir, quand des pas dans l'escalier me font retomber pas terre. Je me compose un masque détendu, mais à l'intérieur l'angoisse forme une boule dans mon ventre. Je rapproche mes genoux, les enserre avec mes bras et pose ma tête dessus.
- Salut Maëlle.
Jules se laisse tomber à côté de moi et me sourit gentiment. Je tâche de faire de même, mais ça ressemble plus à une grimace. Il ne semble pas s'en formaliser. Le silence s'éternise. Il renferme tellement de non dit, que l'on sait bien évidemment qu'on va le briser pour aborder des sujets que l'on préférerait éviter.
- Maëlle...
Je me tourne vers lui et surprends ses deux yeux me fixer avec douceur. Je hausse les sourcils en attendant qu'il continue sa phrase.
- Je suis désolé. finit-il par dire.
- Désolé pour quoi ?
Mon incompréhension doit s'entendre dans ma voix car il rit légèrement avant de s'arrêter soudainement. La boule dans mon ventre se resserre. Je sais ce qu'il va dire. Je le sens au fond de moi. Je sais qu'il va falloir faire face à ces mots. Je n'ai qu'une envie, c'est me lever et fuir, fuir le plus loin possible. Je sais aussi que je n'en suis pas capable. La peur me bloque sur place.
Jules, sans répondre, s'approche de moi et passe un bras derrière mes épaules. Je ne le repousse pas, je ne suis plus à ça près. Involontairement je l'ai laissé s'approcher de moi comme je n'ai laissé s'approcher qu'une seule autre personne. Aimée. Je sais que je devrais le repousser, ériger de nouvelles barrières, être en colère contre lui après ce qu'il a fait, mais je n'en ai plus la force. C'est devenu un pilier, je l'ai très bien remarqué hier soir. L'éloigner de moi ne ferait que précipiter ma chute.
- Je n'aurai pas du vouloir rencontrer ta famille contre ton grès. Je n'aurai pas du...
Je l'empêche de finir sa phrase et mettant un doigt sur ses lèvres.
- C'est moi qui t'ai invité à la maison. Je connaissais les risques. Pour ce qui est de la fausse relation, même si je ne comprends pas tes raisons, ce n'est pas grave non plus. Je ne suis plus à un mensonge près.
Il enlève mon doigt de sa bouche et me regarde longuement avant de parler.
- Je ne te comprends pas Maëlle Galien. Tu fais tout pour repousser les autres, comme si tu avais peur qu'ils te connaissent. Puis d'un coup, tu lâches les armes, et tu les fais entrer dans ta vie. Où ils découvrent des secrets encore pires que ceux qu'ils connaissaient déjà. Mais j'ai du mal à croire que tu vas à nouveau m'éloigner. Tu sais comme moi que c'est trop tard. Alors pourquoi est-ce que tu refuses quand même de me faire confiance ?
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Lueurs solitaires
Teen FictionMaëlle ne dort pas, elle en est incapable. Insomniaque depuis sa tendre enfance, elle montait régulièrement sur le toit, avant d'arrêter brutalement. Mais la vie est faite de rebondissement... Deux ans plus tard, cerclé par ses démons, elle ne tient...